Hollande : les douze mots-clefs de sa com'

François Hollande dans le quartier des Grésilles, à Dijon (Côte-d'Or), le 11 mars 2013. (PHILIPPE WOJAZER / AFP)

Le nouveau François Hollande est arrivé ! Comme tous les présidents de la Ve République au creux de la vague des sondages de popularité, Hollande "innove" en se rendant sur le terrain. Une façon de renouer avec l'atmosphère de la campagne électorale.

Les Français aiment bien voir leurs présidents de près et ces derniers ne sont jamais aussi bons que lorsqu'ils se remettent dans la peau d'un candidat. Exercer le pouvoir éloigne, battre la campagne rapproche. Les communicants ont des raisonnements assez binaires.

Depuis lundi 11 mars, le chef de l'État se ressource donc au cœur de l'opinion : il effectue son premier voyage domestique à Dijon, chez son ami François Rebsamen, maire et sénateur PS qui est aussi le chef de file des opposants au non-cumul des mandats.

Nouvelle communication de proximité

Dix mois après son entrée à l'Élysée, Hollande inaugure une nouvelle séquence de communication de proximité pour montrer à l'opinion qu'il a un cap. Qu'il est proche de ses préoccupations et de ses attentes. Qu'il comprend ses inquiétudes et qu'il est là pour la rassurer.

Il est vrai que depuis plusieurs semaines, cette opinion a quelques raisons de douter de tout cela : le cap n'est pas clair, les annonces multiples et contradictoires du gouvernement sont anxiogènes, le premier ministre ne donne pas l'impression de "tenir la boutique".

Avant d'arriver dans la capitale de la moutarde - Dijon -, le chef de l'État a accordé un entretien, par écrit faute de temps, au journal "Le Bien Public" dans lequel on peut déceler l'emploi d'une douzaine de mots-clefs qui feront sans doute l'armature de sa nouvelle "com' proxi". Les voici.

Chômage

Parler du chômage pour le pouvoir en place n'est jamais très agréable surtout quand il ne cesse d'augmenter. Cela permet, cependant, d'inciter l'opinion à penser que le président regarde les problèmes en face, même s'il rappelle d'abord que "de 2007 à 2012, le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté d’un million". Mais pour Hollande, "il ne peut être question d’attendre la reprise économique. Il faut anticiper".

Compromis

 Hollande assure que pour relever les défis du chômage, de la compétitivité des entreprises et du financement des retraites, il faut notamment privilégier "le compromis social plutôt que le conflit". L'accent mis sur ce terme intervient après la signature entre les partenaires sociaux, le 11 janvier, de l'accord sur la sécurisation qui doit trouver un prolongement législatif.

Confiance

Avec le développement de la culture du compromis, Hollande souhaite restaurer "la confiance des Français dans leur avenir"... au moment où eux, justement, semblent singulièrement manquer de confiance en lui. Il ne serait pas étonnant que, dans son esprit, ce mot soit à double entrée.

Constance

C'est l'un des trois mots que le chef de l'État voudrait voir utiliser pour décrire le début de son quinquennat. "L’essentiel est d’avoir un cap et de s’y tenir", dit-il pour signifier que son action est marquée par la constance. Une qualité que ne semble pas lui reconnaître l'opposition qui, justement, ne voit pas de cap.

Croissance

A plusieurs reprises dans l'entretien publié par "Le Bien public", le président met l'accent sur la nécessité de "retrouver la croissance". Sarkozy voulait aller la chercher "avec les dents"; Hollande préfère dire qu'on ne ne peut se contenter de l'attendre... les bras croisés. Et d'expliquer que nombre de mesures sont prises pour l'anticiper.

Endurance

Second terme apprécié par Hollande pour qualifier ses début à l'Élysée. "La résistance aux humeurs, aux modes, aux pressions, aux intérêts est la meilleure façon de garder le rythme de la marche", assure-t-il pour montrer qu'aucun aléa conjoncturel - même pas de mauvais sondages, probablement - ne pourra le faire dévier de son cap : il s'inscrit dans la durée.

Engagement

Hollande rappelle régulièrement qu'il a pris des "engagements" devant les Français. Ici, il concerne celui sur le non-cumul des mandats qui, précise-t-il, "sera tenu dans le quinquennat". Le danger du rappel en boucle des engagements est d'attirer l'attention sur ceux qui traînent ou qui sont en passe d'être réaménagés.

Espérance

Ce terme, qui a une connotation plus mystique que la confiance, est aussi utilisé par le chef de l'État. "La France est une grande nation qui dispose de nombreux atouts, dit-il. Elle a déjà prouvé sa capacité à surmonter les épreuves par un sursaut collectif. Il en sera de même avec la crise que nous traversons."

Maire

A un an des élections municipales, Hollande n'ignore pas que ce premier test électoral pour la gauche peut être difficile à passer. Aussi rend-il un hommage appuyé aux maires et aux collectivités territoriales. "Je salue tous les efforts des villes françaises pour rénover les quartiers, aménager les transports publics, réhabiliter les logements", souligne-t-il dans "Le Bien Public".

Mobilisation

Le président de la République indique qu'il lance "un appel à la mobilisation des forces vives de notre pays". Dans le collimateur de cette mobilisation, Hollande place la croissance, les comptes publics et le chômage qui constituent le triptyque de son action.

Responsabilités

En marge de son appel à la mobilisation générale, le président se fend aussi d'un appel aux responsabilités. L'avantage d'une telle démarche est qu'elle ratisse large. Elle peut aussi bien s'adresser aux acteurs économiques et sociaux qu'aux acteurs politiques. Ceux de l'opposition aussi bien que les récalcitrants de son propre camps.

Solidarité

Au final, Hollande ramasse cette déclinaison de termes autour de la "solidarité". Comme s'il voulait signifier que cette solidarité pourrait constituer, aujourd'hui, un complément justifié de la devise nationale : "Liberté, Égalité, Fraternité".

Publié par Olivier Biffaud / Catégories : Actu