C'est dit, Borloo ne se lancera pas dans la course pour la mairie de Paris. Une fois de plus, le président du Parti radical dit "valoisien" va décevoir ses partisans. Comme il l'avait fait lors de la présidentielle de 2012, le patron du plus vieux parti de France renonce à représenter le courant centriste dans une élection emblématique... après avoir laissé entendre ou laissé dire par son entourage qu'il pourrait se jeter dans la bataille.
C'est dit aussi, Nathalie Kosciusko-Morizet se lance, elle, dans cette course. Hasard, concours de circonstances ou choix politique délibéré du moment, NKM profite de l'effacement de Borloo pour annoncer, le même jour, sa candidature dans un entretien au Parisien. "Je serai candidate dans un arrondissement de reconquête, où il y aura un enjeu", précise la maire (UMP) de Longjumeau (Essonne).
Si Borloo n'est pas candidat "à titre personnel" dans la capitale aux municipales de 2014, comme l'indique l'UDI (Union des démocrates et indépendants) dans un communiqué du jeudi 14 février, est-ce à dire qu'un-e autre représentant-e de la mouvance radicale tentera sa chance à sa place ?
Dans cette hypothèse, Chantal Jouanno, sénatrice de Paris et ancienne ministre de Sarkozy, sera-t-elle ce joker ? L'UMP s'attache, d'ores et déjà, à étouffer cette possibilité en glissant aimablement que l'intéressée a pris langue avec Nathalie Kosciusko-Morizet. Le premier parti de la droite n'a pas pardonné à Jouanno de ne pas avoir abandonné son siège au Palais du Luxembourg après son ralliement à Borloo.
Fillon n'a même pas eu à annoncer sa non-participation à la joute parisienne - sans doute avant la fin du mois -, pour que NKM ait le champs libre afin de s'inscrire dans le processus de primaire que l'UMP de la capitale veut organiser entre la mi-avril et la mi-mai. Et elle trouvera sur son chemin, une autre ancienne ministre de Sarkozy, Rachida Dati, maire (UMP) du VIIe arrondissement et députée européenne.
La présence de toutes ses femmes pour la conquête de Paris est la caractéristique principale de la consultation qui se déroulera dans 13 mois. Déjà en 2008, le challenger malheureux, à droite, du maire (PS) sortant, Delanoë, était une femme : Françoise de Panafieu. Mais après Chirac, parti de l'Hotel de ville à son entrée à l'Elysée en 1995, la droite n'a jamais plus retrouvé de leader dans la capitale.
C'est à croire que les principaux acteurs se sont donnés le mot pour faire des municipales à Paris, une bataille de dames. Il est vrai que les différentes oppositions auront fort à faire face à Anne Hidalgo, première adjointe (PS) pressentie par le maire sortant pour lui succéder. Après deux mandats, Delanoë n'en briguera pas un troisième.
Dans cette compétition électorale, Hidalgo fait figure de favorite face à NKM, selon un sondage Ifop pour la JDD, il y a environ un mois (54% contre 46%). Mis à part Jean-Marie Le Guen, sa candidature n'est pas vraiment contestée dans les rangs socialistes. Mais à plus d'un an du scrutin, les rapports de forces ont bien le temps d'évoluer. D'autant qu'une troisième femme (ou une quatrième si Jouanno se lance) pourrait peut-être venir troubler le jeu.
En effet, s'il est acquis - sauf détérioration irrémédiable des relations - que socialistes et communistes iront au combat bras dessus bras dessous, il n'en ira pas de même avec les écologistes. A chaque élection municipale, les écolos ont fait des listes autonomes, au premier tour, à Paris, quitte à fusionner avec les listes PS-PC au second quand le résultat du premier round le permettait.
Les dernières municipales de 2008 n'ayant pas été un modèle de concorde - Delanoë a fait payer à Baupin (EELV) ses velléités d'indépendance, voire de mise en cause des choix politiques du maire de la capitale -, il n'y a guère de raison que les écologistes modifient leur ligne stratégique d'indépendance. Mais qui sera leur chef de file ?
Cécile Duflot (EELV) n'a pas fait connaître ses intentions mais l'Express croyait pouvoir affirmer, en novembre 2012, que son idylle avec Paris était terminée. Pourtant, on avait frôlé le psychodrame avec Delanoë quand, au moment des législatives d'après-présidentielle, Duflot avait été parachutée dans une circonscription parisienne détenue par le PS - Danielle Hoffman-Rispal - à la suite d'un accord au sommet entre appareils.
Finalement, Duflot était entrée au gouvernement et Hoffman-Rispal, qui avait finalement accepté d'être sa suppléante aux législatives, l'avait remplacée au Palais bourbon. Ce petit tour de chauffe électoral a-t-il donné un appétit municipal à la dirigeante écologiste ? Si c'est le cas, elle serait ainsi l'ultime carte du carré de dames.
Quoi qu'il en soit, toutes ces candidates devraient composer, en cas de succès, avec le cumul des mandats - réforme qui devrait venir sur le tapis au cours de l'année 2013. Toutes devraient choisir entre leurs différentes fonctions de ministre, de députée ou de sénatrice et celle de maire de Paris. Toutes... sauf Hidalgo qui est seulement conseillère régionale d'Ile-de-France.