François Hollande commence la première année complète de son quinquennat. Pour le président de la République, 2013 sera une année périlleuse, l’année de tous les dangers. D’elle dépend l’avenir de son bail élyséen.
Coincée entre un semestre chaotique de rodage et une année lourde sur le plan électoral avec les municipales, les européennes et les sénatoriales - les conseillers généraux et régionaux qui devaient être remplacés par des conseillers territoriaux en 2014 seront finalement élus, séparément comme par le passé, en 2015 -, cette nouvelle année va planter le décor économique, social et politique du « hollandisme ».
Côté croissance, les prévisions des organismes internationaux et nationaux, des instituts privés ou des économistes ne sont guère brillantes. Elles ne laissent pas beaucoup d’espoirs de reprise et elles se tiennent à distance de l’optimisme - modéré - du gouvernement qui table encore sur une hausse du PIB de 0,8% en 2013, soit moitié moins que la prévision de juillet 2012 (1,7%).
Hollande, qui dit être né sous une bonne étoile, est secrètement persuadé que les signes annonciateurs d’une reprise perceptibles depuis mois aux Etats-Unis finiront bien par éclore sur le vieux continent. Dans un délai de 12 à 18 mois. Celle-ci pourrait se combiner fort à propos avec le recul - au moins médiatique - de la crise de la dette en Europe.
Sur le front de l’emploi, les perspectives ne sont pas beaucoup plus enthousiasmantes. Celles-ci dépendent largement des prévisions précédentes. Les deux mesures phare du gouvernement - les emplois d’avenir réservés aux jeunes sans qualification et les contrats de génération permettant l’embauche d’un jeune et le maintien dans l’emploi d’un senior - ralentiront sans doute la hausse inexorable du chômage, sans pour autant inverser la courbe… faute d’une croissance suffisante.
Cumul des mandats : un sujet rêvé de référendum
Dans ce contexte économique et social sans réelle éclaircie, Hollande et Ayrault vont affronter une situation politique dominée par l’opposition conjuguée de la droite et d’une partie de la gauche. Sur des sujets différents ou parfois communs.
La plus grande partie de la droite et la totalité de l’extrême droite sont vent debout contre les réformes sociétales - manifestation contre l’ouverture du mariage homosexuel dès le 13 janvier, puis débat par voie d’amendement de la gauche sur la procréation médicalement assistée. Cette opposition pourrait se prolonger si un nouveau texte sur la fin de vie était proposé aux parlementaires.
De l’autre côté de l’échiquier, le PS doit faire face à une opposition interne contre certaines réformes institutionnelles dont la plus emblématique est celle concernant le cumul des mandats. Populaire dans l’opinion, la fin du cumul l’est beaucoup moins chez les intéressés, les sénateurs socialistes n’étant pas les derniers à s’y opposer. S’agit-il, dans un paquet constitutionnel plus large, d’un sujet rêvé de référendum pour un président en mal de popularité ? La question se pose peut-être à l’Elysée.
Ce triptyque politico-économique et social va être d’autant plus difficile à gérer et à « vendre » à l’opinion publique que la communication gouvernementale est toujours aussi défaillante. Si la communication institutionnelle est pratiquement illisible, elle est quasiment inexistante sur les réseaux sociaux alors que d’autres grandes démocraties ont investi le terrain depuis longtemps. La timidité des pouvoirs publics dans ce domaine ne laisse pas de surprendre.
Privés de résultats tangibles et sans communication efficace, l’Elysée et Matignon risquent alors d’aborder l’année 2014, celle des élections multiples, dans une fâcheuse position. Majoritaire au Sénat et dans les grandes villes, la gauche a beaucoup perdre dans ces deux scrutins. Quant aux élections européennes, scrutin sans enjeu dans l’esprit des Français, elles sont d’ordinaire favorables au Front national. Elles pourraient l’être aussi au Front de gauche qui s’est lancé dans une opposition sans concession au PS.
A cette aune, 2013 apparaît bien comme l’année de tous les dangers pour le pouvoir, comme l’année charnière qui peut faire basculer le quinquennat. D’un côté… ou de l’autre.