La crise à l’UMP est terminée ! Jean-François Copé l’affirme. L’accord de fin de conflit autour de la présidence du mouvement signé avec François Fillon en est la preuve. Copé ne veut plus en parler. Et en entendre parler. Président du premier parti d’opposition, il a tourné la page : son unique vocation, à présent, est de s’opposer… à la politique jugée désastreuse du gouvernement.
Pour les deux rivaux, la prochaine échéance est fixée à l’automne 2013, avant la prochaine rentrée parlementaire, puisque la présidence de l’UMP sera alors remise en jeu. D’ici là, le chef Copé va « cheffer », comme il se plaît à le dire en citant Chirac, et le député Fillon va légiférer, selon le mandat que lui ont confié des électeurs parisiens.
Il est peu probable, cependant, que l’ancien Premier ministre se contente longtemps de son seul rôle de député. Représentant de la nation, et non des seuls électeurs d’une circonscription de Paris sans risque pour la droite, il a d’ores et déjà signifié qu’il entend s’adresser directement aux Français, au-delà même de sa « famille » politique.
Références, discours et rhétorique
Depuis le début de la course à la présidence de l’UMP, et tout au long de la controverse ravageuse avec Copé, Fillon conserve la même stratégie, même si, ici ou là, il a donné quelques coups de barre à droite pour amadouer les militants purs et durs. Il ne vise pas tant la tête du parti qu’un positionnement en vue du coup suivant : la primaire pour l’élection présidentielle de 2017.
Tout dans ses références permanentes - les valeurs -, tout dans son discours - le rassemblement au-delà de l’UMP -, tout dans sa rhétorique pour la prochaine consultation interne de 2013 – pas de précipitation dans une annonce de nouvelle candidature ou de non-candidature à la présidence du parti alors même que Copé ne peut pas renoncer au défi -, tout, donc, montre que son horizon est autre.
Les enquêtes d’opinion qui, avant et après le 18 novembre, date de ce scrutin calamiteux et, de toute évidence, vicié, le donnaient largement plus populaire que Copé parmi les sympathisants de l’UMP ne peuvent que le conforter dans sa stratégie élyséenne. Il va pouvoir s’installer dans une posture gaullienne, genre au-dessus des partis.
D’autant qu’après le passage de la tornade post-électorale au milieu de l’opinion, les sondages font porter l’essentiel de la responsabilité du désastre politique sur les épaules de Copé. Il est tenu pour le fauteur de troubles alors que Fillon apparaît épargné et plutôt légitime dans sa démarche de « Monsieur propre ».
L'accord qu'il a passé avec le président actuel de l'UMP, après d'interminables tractations, témoigne de cette volonté de préparer le terrain et d'organiser au mieux cette primaire décisive pour l'avenir des deux hommes. Ceci explique peut-être cela. A croire que ce compromis avait d'abord pour objet d'en baliser le terrain.
Le retour du gaullisme social mis de côté
Fils spirituel de Philippe Séguin, dont la disparition l’avait beaucoup affecté quand il était à Matignon, et continuateur d’un gaullisme social dont il se réclame - sans en avoir montré les contours quand il était Premier ministre de Sarkozy -, Fillon va inévitablement accentuer le développement d’un discours différent de celui de Copé dans l’année qui va s’ouvrir. On le verra peut-être dès le 13 janvier avec la manifestation contre le mariage homosexuel à laquelle Copé appelle à nouveau, avec insistance.
Au fond, Fillon a peut-être tiré cet enseignement de la primaire socialiste de 2011 : il n’est pas nécessaire d’être le patron du parti pour être investi à la présidentielle par les militants… et les sympathisants. François Hollande en a fait la démonstration face à Martine Aubry.
En poussant le raisonnement jusqu’à son terme, on peut donc imaginer, sans trop se tromper, la décision que prendra finalement l’ancien chef du gouvernement dans la prochaine course à la présidence de l’UMP. L’important est de laisser planer le (faux) suspense d’ici là. Celui qui fait ce pari à une chance sur deux d’avoir raison. Ou de se tromper !