Désastreux ! Une semaine après l’élection ratée du président de l’UMP et ses dégâts collatéraux, Jean-François Copé et François Fillon peuvent mesurer l’effet produit. Dans les rangs de leur parti et, au-delà, dans l’opinion publique toute entière. Cette séquence politique est une véritable bombe à fragmentation.
C’est à l’aune des enseignements apportés par un sondage BVA réalisé pour i-télé, les 22 et 23 novembre, auprès de 973 personnes, que les deux protagonistes peuvent choisir leur position de combat ou de pacification pour la deuxième semaine du feuilleton.
En à peine 15 jours, la popularité des deux hommes s’effondre de façon équivalente chez les sympathisants UMP : - 15 points pour le « secrétaire général-président » qui passe de 79% à 64%, et - 13 pour l’ancien premier ministre qui se retrouve à 76%. Pour Copé, la chute est plus ravageuse dans l’opinion car il perd 22 points (26%), soit le double du recul de Fillon dont la popularité demeure positive à 52%.
Si un sympathisant UMP sur deux - comme un Français sur deux - estime que les responsabilités de la crise pèsent à part égale sur les deux hommes, c’est Copé qui, relativement, est désigné comme premier fauteur de troubles : 29% parmi les sympathisants (38% dans l’opinion) contre 20% et 12% pour Fillon.
Résultat logique de ces appréciations et du résultat électoral contesté, la famille UMP est coupée en deux - là aussi - quant au souhait de voir Copé se maintenir à la tête du premier parti d’opposition : une légère majorité est pour (52%) mais une forte minorité est contre (47%). A cette fracture politique s’ajoutent la déception et l’inquiétude.
L'irruption des "seconds rôles"
Une autre enquête effectuée aux mêmes dates - Ifop pour le Journal du dimanche, auprès de 1 005 personnes - met en évidence ces deux sentiments. Si l’indifférence domine dans l’opinion, la déception l’emporte chez les sympathisants UMP (44%) devant l’inquiétude (26%), voire la colère (17%).
Selon cet institut, une majorité relative des sympathisants - il ne s’agit pas des seuls militants qui ont été appelés à voter le 18 novembre - donne raison à l’entourage de Fillon dans sa contestation du résultat donnant Copé vainqueur (44%) alors qu’ils ne sont que 12% à penser que l’entourage du maire de Meaux à raison de s’accrocher à ce résultat.
Mais au final, la majorité des sympathisants (67%) et de l’opinion (71%) estime qu’une solution - la moins mauvaise ? - serait que les militants retournent devant les urnes pour une nouvelle consultation. Mais c’est une autre hypothèse qui a la préférence des sympathisants et de l’opinion : l’implication provisoire à la tête de l’UMP… de l’arbitre, Alain Juppé.
Pour l’Ifop, cette solution est plébiscitée par l’opinion à 73% et plus encore parmi les sympathisants (88%). Aboutir à un cas de figure où le médiateur autoproclamé de ce conflit de lignes et d’egos se retrouverait « patron » d’un parti, dont il a été le premier président de 2002 à 2004, sans avoir été désigné par personne, ne serait pas le moindre des paradoxes de cette histoire sans fin.
Dimanche 25 novembre, au matin, Alain Juppé voulait encore entretenir « une petite flamme d’espérance ». Dès lors, le pessimisme dont faisait preuve le maire de Bordeaux - ancien premier ministre comme Fillon – était-il seulement un leurre pour mettre les deux protagonistes sous pression ou bien l’expression préventive d’une impossibilité à trouver une issue politique raisonnable et crédible à un imbroglio meurtrier ?
Vu l’entêtement des deux camps rivaux, la seconde des hypothèses aurait probablement eu les faveurs des bookmakers. Quelques autres prétendants l’attendent, certainement, avec une certaine avidité. Si c’est le cas, l’UMP tomberait encore un peu plus bas, en se mettant entre les mains de « seconds rôles » qui, il ne faut pas l’oublier, étaient des déboutés de la compétition faute de parrainages internes suffisants. Histoire sans fin, disait-on !