Gréviste ou non gréviste ?

Tu es gréviste ou pas ? C'est la phrase que l'on entend le plus souvent dans les couloirs de l'usine, ces jours-ci. Alors que l'usine d'Aulnay est bloquée depuis le 16 janvier. Sandrine a une boule au ventre, chaque fois qu'elle passe la grille de l'usine. Mais cela ne date pas de la grève, même si ces derniers jours n'ont rien arrangé. Avec Didier, son mari, ils sont tous les deux non grévistes. Tous les deux délégués du SIA (Syndicat Indépendant de l'Automobile), le syndicat maison qui n'appelle pas à la grève. Sandrine n'a plus le moral : "J'en peux plus, je n'ai plus envie de me battre ça dure depuis trop longtemps". Cette angoisse d'un avenir trop incertain après la fermeture de l'usine ne la lâche pas.

Dialogue social en panne

"Quelle négociation ? " s'exclame Fati, désabusée, en sortant de l'usine. Aujourd'hui se tenait une nouvelle séance de négociation entre les syndicats et la direction de PSA. Il n'en reste plus que trois d'ici le 12 février. Le volet social du PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi ), avec le départ à la retraite anticipé des séniors, les mesures d'accompagnement financier pour les salariés qui vont quitter le groupe ou seront mutés après la fermeture du site, est toujours en discussion. Les ouvriers d'Aulnay espéraient beaucoup plus que ce que la direction de PSA propose pour l'instant. Et le malaise s'accroît.

"Ils nous ont trop menti, on n'a plus confiance"

Nous avons rencontré Sandrine et Didier il y a quelques jours dans leur maison de Silly le Long (Oise). Didier redoutait un durcissement du climat à l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois dans les prochains mois : "Aulnay est une bombe à retardement" nous expliquait-t-il "les gens attendent et lorsqu'ils verront qu'il n'y a pas de solution pour eux, ils vont se réveiller et ça ira mal".

En attendant le père Noël

Il y avait du monde sur le pont vendredi, au complexe sportif Pierre Peugot de l'usine d'Aulnay, autour de Tanja Sussest, déléguée du SIA (Syndicat indépendant de l'automobile). Aujourd'hui, Tanja a mis sa casquette de secrétaire du Comité d' Entreprise de PSA-Aulnay et de main de maître elle dirige la bonne trentaine de délégués ou militants du SIA qui s'activent pour préparer la venue du Père Noël samedi. Treize palettes de jouets à réceptionner, les enfants ont déjà choisi leur cadeau. Un manège, une piste d'auto tamponneuses, des gonflables, une montagne de bonbons. Pour Noël, le comité d'établissement de PSA à Aulnay a l'habitude de mettre les petits plats dans les grands. Mais cette année la fête doit être encore plus belle. C'est probablement le dernier Noël que l'on fêtera à l'usine. Les gorges se serrent un peu, les yeux se mettent à briller, personne aujourd'hui n'a envie de parler de la fermeture annoncée.

PSA : les coulisses d'une journée de négociations

Un Comité central d'entreprise (CCE) le matin au siège de PSA puis une réunion tripartite à Bercy l'après-midi avec le gouvernement. Ce jeudi 25 octobre était un peu la journée de tous les dangers pour les PSA d'Aulnay. La CGT comme le SIA, (le Syndicat indépendant de l'automobile) ne cachaient pas que la partie serait serrée.

On ne va pas au travail pour pleurer !

Rencontre avec Tanja Sussest, déléguée du SIA à l’usine PSA d'Aulnay-sous-Bois
Tanja (prononcer « Tanya ») - un nom qui rappelle que la leadeuse du Syndicat indépendant de l’automobile d’Aulnay (SIA), vient de Serbie. C’est une femme très occupée, surtout depuis l’annonce du plan de licenciements.