En attendant le père Noël

La vie continue

Il y avait du monde sur le pont vendredi, au complexe sportif Pierre Peugot de l'usine d'Aulnay, autour de Tanja Sussest, déléguée du SIA (Syndicat indépendant de l'automobile). Aujourd'hui, Tanja a mis sa casquette de secrétaire du Comité d' Entreprise de PSA-Aulnay et de main de maître elle dirige la bonne trentaine de délégués ou militants du SIA qui s'activent pour préparer la venue du Père Noël samedi.

Treize palettes de jouets à réceptionner, les enfants ont déjà choisi leur cadeau. Un manège, une piste d'auto tamponneuses, des gonflables, une montagne de bonbons. Pour Noël, le comité d'établissement de PSA à Aulnay a l'habitude de mettre les petits plats dans les grands. Mais cette année la fête doit être encore plus belle. C'est probablement le dernier Noël que l'on fêtera à l'usine. Les gorges se serrent un peu, les yeux se mettent à briller, personne aujourd'hui n'a envie de parler de la fermeture annoncée.

Tanja Sussest en fait un point d'honneur, elle sait qu'on va la critiquer mais peu importe. L'usine va fermer mais  "la vie continue et les enfants ont droit cette année aussi à leur fête de Noël", se plaît elle à répéter.

 

Le chômage, "ils en ont rien à faire"

Entre deux arrivages de jouets on passe le temps, une cigarette, un café et inévitablement on reprend cette même conversation qui tourne en boucle depuis des mois : "pourquoi fermer cette usine, c'est une belle usine lorsqu'il y avait deux lignes de montage on réussissait à sortir 2500 voitures par jour ! ". Tous les sujets sont passés en revue, la parole des politiques en laquelle on ne croit plus renvoyant dos à dos la droite et la gauche, les patrons en qui on a plus confiance : " ils ont trop de liberté nous on est serré par des lois eux non". Et puis les dures lois de la mondialisation. Pourquoi les usines automobiles doivent-elles fermer les unes après les autres au profit des pays à faibles salaires ?

Parfois les discussions s'enflamment mais en attendant le père Noël, ils sont au moins tous d'accord sur un point : "après nous il n'y aura plus d'ouvriers en France".