Le 5 février c'est la sainte Agathe. Aujourd'hui, Agathe Martin ne pouvait pas oublier que c'était sa fête. Il y a 17 ans, le 5 février elle était embauchée à l'usine PSA d'Aulnay et cet après midi, 5 février 2013, elle était reçue par la direction de l'usine, pour un entretien préalable à licenciement comme cinq de ses camarades. Agathe est accusée d'incitation à la violence envers un huissier dans les premiers jours de la grève.
Agathe c'est une militante, une vraie. Élue au CHSCT (comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail). Elle a toujours été syndiquée à la CGT. À l'usine, tout le monde la connaît pour son sourire et son vélo. Elle parle beaucoup et tout le temps. Face aux accusations de la direction, Agathe s'insurge : "Oui j'incite les gars à se mettre en grève, oui j'incite les gars à s'organiser mais je ne savais pas que c'était répréhensible de se mettre en grève en France" plaide la jeune femme.
Déterminée et tenace, Agathe. "Je ne baisse jamais la tête, d'ailleurs je ne sais pas qui pourrait me faire baisser la tête ?" s'interroge-t-elle dans un grand éclat de rire. Le secret de sa perpétuelle bonne humeur : "On sait qu'on a le droit, la morale, la raison pour nous et c'est ce qui nous fait nous tenir droit et nous rend fier et quand on est fier on sourit " explique Agathe.
L'avenir elle y pense bien sûr. Le sien et surtout celui de ses deux filles. "J'ai la pêche, mais quel patron voudra embaucher une tête de mule de 46 ans, comme moi avec deux enfants, ce sera pas facile je le sais" nous confie Agathe.
Cet après-midi devant l'usine, Marie George Buffet a voulu "faire la fête à Agathe". La député de la Seine-Saint-Denis lui a offert un gros bouquet de fleurs. En effet à la mi-journée, la CGT avait invité les "politiques" à venir dire leur solidarité aux grévistes d'Aulnay. Un meeting de soutien devant les grilles fermées de l'usine, gardées par un bataillon de vigiles. Et Agathe était la reine de la fête.
Sa croisade, désormais, c'est de faire rentrer de l'argent dans la caisse des grévistes. Déjà 80 000 euros, aux dernières nouvelles, grâce à l'aide des municipalités environnantes.
Dans l'atelier montage, les grévistes organisent leur vie, jour après jour. Entre petits rituels quotidiens et scènes de vie parfois plus inattendues.Toujours surveillés de près par plusieurs dizaines de cadres. Agathe, elle, a pris en main l'opération de collecte de fonds auprès des mairies : "Dans la bataille de l'emploi, les élus doivent faire leur boulot" lance-t-elle avant de repartir sur son vélo.