Drôle de face à face entre les grévistes et l'encadrement de PSA, à l'intérieur de l'usine d'Aulnay, aujourd'hui. D'un côté les ouvriers en grève, de l'autre des bataillons de cadres, venus de plusieurs usines du groupe, pour les surveiller. De part et d'autre on s'observe en chien de faïence. A 6h45, ce matin, la chaine de production de la Citroën C3 a redémarré mais aucune voiture ou presque n’est sortie de la ligne, immédiatement bloquée par 300 grévistes. "Nous on est des ouvriers on défend notre emploi, ça nous impressionne pas" nous explique Jean Pierre Mercier, le délégué CGT qui compte 36 cadres "observateurs" cet après midi au montage.
"On ne fait rien de grave, on fait juste que défendre notre pain" explique Saïd, cariste au ferrage. Il n'est pas syndiqué. D'ailleurs pour Saïd il ne faudrait pas faire de différence entre ceux qui sont syndiqués et les autres : "C'est le moment ou jamais de se battre" insiste-t-il.
Sophie, est opératrice au montage, pas de carte de syndicat non plus. Avec Sébastien, son mari ouvrier à Aulnay, elle est en grève depuis le début. Déterminée à obtenir le maximum de PSA, avant de repartir à la recherche d'un nouvel emploi. "Au moins on l'aura fait" explique Sophie, cette grève c'est une première pour la jeune femme, après onze ans de travail à la chaîne.
Au dernier comptage, il y avait en fin d'après midi 431 grévistes déclarés à l'usine PSA d'Aulnay. Un bureau improvisé au coeur de l'atelier montage, est installé depuis ce matin pour recenser les grévistes. Les ouvriers viennent se déclarer en file indienne. Un autocollant est apposé sur chaque carte de gréviste, les bons comptes font les bons amis. Lorsqu'il faudra répartir l'argent de la caisse de grève, les choses seront plus simples. Chacun laisse son adresse sur un registre. Regroupés par commune, les grévistes d'Aulnay envisagent, en effet, de demander une aide financière à leur municipalité.