Le maire d'Aulnay a "les moyens de discuter" avec PSA

"Nous n'avons pas forcément confiance ni en la capacité ni en l’honnêteté complète de PSA en matière  de réindustrialiser du site d’Aulnay." C’est dit. Gérard Ségura, le maire d’Aulnay-sous-Bois, n’y va jamais pas par quatre chemins.

Jeudi, il est associé, avec le maire de Rennes et les élus concernés, à la réunion tripartite sur la suppression de 8 000 emplois dans le groupe PSA. Autour de la même table, les représentants des syndicats de PSA, les ministres Arnaud Montebourg et Michel Sapin et les dirigeants de PSA.

Bien sûr, la discussion portera surtout sur le périmètre du PSE (Plan de sauvegarde de l'emploi) : "Ce sera le travail des syndicats de négocier le plan social, ils seront en première ligne", remarque Gérard Ségura. Ils  ont le soutien inconditionnel de la municipalité d’Aulnay. Bien sûr, comme les représentant de l'intersyndicale de PSA-Aulnay, Gérard Ségura préférerait que la production de la C3 prévu jusqu’en 2016 s’achève à Aulnay et ne soit pas déplacée à l’usine de Poissy. Bien sûr, il sera très attentif à la manière dont les salariés de PSA Aulnay seront traités, lui comme tous les maires des villes alentours : Sevran, Tremblay ou  Gonesse.

Mairie D'Aulnay-sous-Bois

 

Mais c'est sur la suite que le maire d’Aulnay attend PSA au tournant. Sur ce que l’on appelle "la revitalisation du site d’Aulnay". Là encore Gérard Ségura parle sans détour : "J’ai bien peur que PSA ne soit capable d’apporter que quelques ravaudages qui ne remplaceront pas les emplois industriels qu'ils vont supprimer. Nous avons notre mot à dire, on veut un droit de regard."

Et le maire d’Aulnay s'est donné les moyens de l'avoir. Il est en situation de refuser tout permis de construire pendant les deux ans qui viennent sur les 160 hectares du site PSA. A l’unanimité, le conseil municipal lui en a donné le pouvoir le 16 septembre.

Une emplacement en or

En effet, le groupe automobile n’occupe que 70 des 160 hectares du site. Et les 90 hectares restants deviennent l’énorme enjeu de la fermeture de l’usine d’Aulnay. Que vont devenir ces hectares situés sur une des zones les plus en vue de la région parisienne ? Deux RER, bientôt l’arrivée du métro du Grand Paris qui mettra l’aéroport de Roissy à 3 minutes et celui d’Orly à 25.

"Et vous croyez que ces 100 hectares, ou presque, nous allons les laisser à la disposition du groupe quand il nous supprime 3 000 emplois et crée une situation catastrophique pour la ville", s'insurge le maire d'Aulnay. 300 familles d’Aulnay vont en effet se retrouver précarisées par la fermeture de l'usine. Mais le départ de PSA d'Aulnay, c'est aussi 5 millions et demi d’euros en moins sur le budget de la commune. Le prix de deux crèches.

Négociations

Pour le maire d'Aulnay, le plus difficile à supporter : "C'est que tout est à recommencer. Il va falloir remettre l’ouvrage sur le métier pour aller chercher des emplois industriels. Les investisseurs commençaient à regarder sérieusement vers la ville et sa volonté d’attirer les emplois, tout cela commençait à porter ses fruits, désormais les milieux économiques y regardent à deux fois."

Mais pas question de baisser les bras pour autant : "La puissance publique a beaucoup investi sur ce territoire, capacité d'accueil, logistique, transports mais aussi  300 000 millions d’euros de rénovation urbaine. Il n’est pas question que PSA agisse seul." Et Gérard Ségura d'ajouter : "Si ce que PSA nous propose en matière d’installation d’entreprises correspond à ce que les élus veulent pour le développement de ce territoire, nous donnerons les autorisations. Si c’est non et bien c’est non, nous avons les moyens de discuter."

On dit de Gérard Ségura qu'il est un homme passionné et déterminé. Les dirigeants de PSA pourraient bientôt le vérifier.