On ne peut pas passer à côté de Fati Afane sans la remarquer. Nous l’avons rencontrée par hasard, avec ses copines, sur le parking de l’usine PSA à Aulnay-sous-Bois. Son énergie, sa bonne humeur sont vite communicatives.
Fati a déjà passé 35 ans de sa vie chez PSA à Aulnay. Quand elle est entrée à l’usine, en 1977, elle cousait les sièges à l’intérieur des voitures, aujourd’hui elle est « agent qualifié d’aspect ». Aulnay c’est sa famille. Son père, venu d’Algérie, a travaillé chez Citroën pendant 40 ans. C'est d’ailleurs lui qui l’a aidée à entrer à l’usine, ses deux sœurs ont pris le même chemin. Mais il n’y aura pas trois générations à PSA : sa fille est infirmière et c’est sa fierté.
Dans deux ans lorsque l’usine fermera ses portes, Fati sera proche de la retraite. Elle a commencé à travailler à 16 ans dans une petite maison de couture à Paris. En 2014, elle aura presque toutes ses annuités. Son pavillon, acheté à crédit à Villiers-le-Bel, est payé. Pour Fati la fermeture d’Aulnay, ce n’est pas si grave, elle s’en sortira. Fati se vit presque comme une privilégiée.
Mais ce qui la chagrine beaucoup, c’est de voir les plus jeunes risquer de se retrouver sans rien. Et Fati de prédire : « C’est ceux qui ont encore 15 et 20 ans à travailler qui vont souffrir le plus ». Elle les voudrait parfois plus combatifs. La fermeture d’Aulnay, c’est sa dernière bataille. Son dernier combat, elle n’a pas l’intention de le rater.