"Tous à Paris !" - C'était le mot d'ordre des ouvriers de l'usine PSA d'Aulnay-sous-bois dont une délégation était reçue par François Hollande. Le timing était précis : à 14h, quand l'équipe du matin passe le relais à celle de l'après-midi, les navettes commençaient à transporter les grévistes au RER. Restait juste à convaincre les indécis, à persuader ceux qui hésitent encore à s'engager dans la lutte pour la survie de l'usine, dont la fermeture a été décidée au début du mois par PSA.
Il faut aller soutenir la délégation reçue à l'Elysée. À la porte n°3 - boulevard Citroën - ceux qui débrayent s'entassent dans les cars mis á leur disposition qui les conduisent á la gare du RER. Tout était prévu : d'abord Aulnay-sous-Bois, puis Gare du Nord et enfin Saint-Lazare. Tout sauf un "accident de personne" sur la ligne B. La manif est-elle compromise ? Un moment de flottement. Pendant quelques minutes les esprits s'échauffent un peu. Vite, il faut trouver d'autres moyens de transports pour rejoindre Paris. Patrice Zahn, délégué CGT, a été de toutes les luttes depuis 20 ans. L'homme n'est pas du genre à perdre son sang-froid.
Le RER B les a lâché, mais ce n'est pas le coup de la panne qui va arrêter les PSA. L'équipe a changé ses plans et les manifestants ont rejoint avec les moyens du bord la ligne 5 à Bobigny-Pablo Picasso. Ils déboulent dans le métro parisien au cri de "PSA assassin". Ils sont plusieurs centaines, déterminés á se faire entendre. C'est moins que certains ne l'auraient espéré. Pourtant, il y a pas mal de nouvelles têtes dans le cortège... Sandrine se remarque de loin, avec sa perruque rose. Elle a pris sa carte au SIA, le syndicat maison, il y a un an seulement. Avec Didier, son mari, syndiqué depuis plus longtemps, ils forment un "couple PSA". 25 ans passés à l'usine. C'était leur fierté. C'est devenu leur angoisse.