En quoi les français ont-ils confiance aujourd'hui? Sondage CEVIPOF - quelques chiffres remarquables

Le 12 Mars, le CEVIPOF, Centre de Recherches politiques de l'Ecole Sciences Po, a rendu publique son rapport qui fait suite à l'enquête "En quoi les français ont-ils confiance aujourd'hui? - Le Baromètre de la confiance politique". 

Il s'agit d'une vaste étude, dont le résultat est condensé sur 134 pages de graphiques. Baromètre qui permet, outre les chiffres français, de pouvoir les comparer avec d'autres pays, tels que l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie. En France, 2105 personnes interrogées en ligne, sur le système CAWI (Computer Assisted Web Interview), c'est à dire une enquête envoyée par e-mail, et donc réalisée en ligne (les autres systèmes étant le CATI, par téléphone, ou le CAPI pour lequel l'interrogé fait face à une tablette ou un ordinateur). L'enquête a été réalisée entre les 20 et 31 janvier 2021.

Les sujets abordés y sont des plus variés. J'ai choisi d'en faire deux billets distincts. Le premier concerne 10 des 11 chapitres traités.

Le dernier, que je souhaite réaliser de façon séparée, concernant la police, et vous aurez bien compris pourquoi. 

Néanmoins, à tire d'information générale, certains chiffres de cette étude ont attiré mon attention. En même temps que je la parcourais, je me suis dit qu'ils pourraient intéresser un certain nombre de personnes.

J'insiste bien sur le fait que je ne retranscrit ici que ce qui m'apparait le plus marquant, autour de l'ensemble de ces études.

La confiance personnelle et dans la société

En ce qui concerne l'état d'esprit actuel, celui qui revient le plus est la lassitude; 41% des français (+13) utilisent ce qualificatif, au même titre que les italiens (40%); là où les allemands sont sereins (40% à -7), comme les habitants du Royaume Uni (42% à -4).

La confiance dans les institutions

Du coté des institutions, c'est le Conseil Municipal, dans lequel les sondés ont le plus confiance (64%, +4), le gouvernement arrivant en bon dernier, à 35% (+8). A noter qu'ils sont 42% à avoir confiance en l'Union Européenne (+6%). En terme de comparaison internationale, il y a ici de très grandes disparités, fonction des pays. Mais globalement les allemandes ont bien plus confiance en leurs institutions, les anglais beaucoup moins , et les italiens encore moins.

La confiance dans les acteurs politiques

En ce qui concerne les personnalités, qu'il s'agisse des allemands, anglais ou italiens, ils ont une plus grande confiance dans celui qui incarne le chef de l'Etat. En France, 37% pour le Président et 34% pour le premier ministre, là où les allemands ont confiance à 62% vis à vis de leur Chancelière, les anglais 45% pour leur Premier Ministre, et les italiens 52%. 55% des français pensent que la démocratie "ne fonctionne pas très bien", -9%. C'est 24% de moins que les allemands, 19% de moins que les anglais mais, maigre consolation, 10% de plus que les italiens. Et pourtant, seuls 49% des sondés s'interesent à la politique, plus mauvais chiffre des quatre pays interrogés.

Autre chiffre qui m'a frappé, 80% des personnes sondés pensent que les responsables politiques "ne se préoccupent pas" de ce que pensent les "gens comme vous". Là encore, à l'exceptoin de l'Italie qui fait pire (81%), les allemands sont à 51%, le Royaume-Uni à 65%. La politique du gouvernement suscite plus d'espoir dans les autres pays qu'en France.

Les attitudes générales

En ce qui concerne le positionnement politique,

  • 5% se positionnent à l'extrême gauche 0 et 1)
  • 19% à gauche (2 à 4)
  • 17% au centre (5)
  • 31% à droite (6 à 8)
  • 7% à l'extrême droite (9 et 10)

Etant précisé qu'il était ici demandé aux sondés de se positionner par un chiffre allant de zéro (à l'extrême gauche) à 10 (à l'extrême droite). Le chiffre le plus représenté étant le 5 (à 17%). 21% des sondés ne se sont pas prononcés à cette question. Pour autant, si l'on agrège certains résultats de façon quelque peu différente, en estimant que le centre peut être un peu plus large, il me semble que les deux pôles les plus attractifs sont la droite et le centre. Si je comptabilise la gauche allant de 0 à 3 (18%), le centre de 4 à 6 (32%) et la droite de 7 à 10 (29%). Je précise qu'il s'agit ici d'un regroupement personnel. Par contre, l'on remarque que la grande tendance à la hausse est bien celle des personnes se disant à droite, en augmentation constante depuis 2016.

44% des français pensent que la France devrait s'ouvrir économiquement davantage, et sur le plan migratoire, 63% pensent qu'elle devrait se ferme davantage. 41% des français (plus haut chiffre des quatre pays) pensent que le système capitaliste devrait être réformé en profondeur. 76% pensent que l'on peut continuer à développer notre économie tout en préservant l'environnement (chiffres similaires dans les autres pays).

62% pensent que l'Islam représente une menace pour la République (à noter que cette question semble n'avoir été posée qu'en France), et 50% pensent que l'immigration est une source d'enrichissement (chiffre le plus faible des quatre). 53% des français pensent que la France est un ensemble de communautés qui cohabitent les unes avec les autres. Au Royaume-Uni, l'idée que se font les sondés de leur pays est la même, là où l'Allemagne et l'Italie pensent plutôt que leur nation est assez unie malgré ses différences. 45% des français n'ont pas le sentiment d'appartenir à une communauté. En Italie, ils sont 36% à penser appartenir à la communauté nationale (24% en France). Les allemands sont partagés entre le sentiment d'appartenir à une communauté, et celui d'appartenir à une communauté de personnes qui parlent la même langue qu'eux, ou qui ont les mêmes origines, les anglais se retrouvant peu ou prou de les mêmes catégories que les français.

Le rapport à l'union européenne

45% des sondés français pensent que le fait d'appartenir à l'Union Européenne est une bonne chose, plus mauvais chiffre, à l'exception des anglais (43%) là où les allemands sont 52% et les italiens 57%.

Les moyens d'expression publique

En ce qui concerne les moyens d'expression des citoyens les plus efficaces, ils sont 54% de français à penser aux élections. 21% pensent au fait de manifester (27% des allemands), 21% pour la grève (plus haut chiffre sur les quatre pays), seulement 6% parlent de militer dans un parti politique (chiffre le plus faible), aussi peu pensent au syndicat (là aussi, le chiffre est le plus faible).

La perception des systèmes politiques et de la démocratie

Lorsqu'on leur demande leur opinion sur les systèmes politiques, 84% des français jugent le système démocratique "bon"; 47% pensent que ce sont des experts qui devraient diriger un pays, et non un gouvernement. 34% que le pays devrait avoir à sa tête un homme fort qui n'a pas à se préoccuper du parlement et des élections (52% pensent que c'est une mauvaise idée). 20% pensent que l'armée devrait diriger le pays.

80% des français pensent que le fait de voter à des élections est utile pour faire évoluer les choses. 65% pensent que la démocratie fonctionnerait mieux si les organisations de la société civile était plus impliquée. 64% si les citoyens étaient impliqués de façon directe (pétitions, tirage au sort) aux grandes décisions politiques. 42% pensent qu'en démocratie rien n'avance, qu'il vaudrait mieux "moins de démocratie mais plus d'efficacité".

La perception de la crise sanitaire et de sa gestion

58% des français ont une perception négative de la gestion de la crise sanitaire. 56% la jugent efficace en Allemagne, 48% au Royaume-Uni et 52% en Italie. Concernant l'inquiétude financière du pays, les chiffres sont quasi similaires (48/49, inquiet/Pas inquiet), mais les sondés sont bien plus inquiets devant la situation économique du pays (84%). Sur le fait de savoir si les sondés pensent que le gouvernement a eu confiance en ses citoyens, 48% des français le pensent, plus mauvais chiffre des quatre pays.

53% des sondés pensent que les autres personnes se donnent suffisamment de peine pour respecter les gestes barrière (plus mauvais chiffre des quatre pays).

Du coté des idées complotistes, 36% pensent (chiffre le plus important sur les quatre pays) "probable" que le ministère de la santé est "de mèche" avec l'industrie pharmaceutique pour cacher au grand public la réalité sur la nocivité des vaccins (57% la jugent improbable), 53% pensent que la crise sanitaire fournit l'occasion au gouvernement de surveiller et contrôler les citoyens.

Le rapport à la vaccination

49% des sondés sont vaccinés ou ont l'intention de l'être. 30% ne le souhaitent pas, et 19% des personnes sont indécises. Il y a ici de très gros écarts avec les autres pays. 66% des allemands sont favorables au vaccin, 80% des sondés au Royaume Uni, et 76% en Italie.

77% pensent que c'est le seul moyen d'en finir avec la contagion et retrouver une vie normale. 49% parce que c'est le seul moyen de se protéger contre le virus. 48% pensent aux plus fragiles. 25% le font parce qu'ils le font de façon systématique contre les diverses maladies.

Pour ce qui est des raisons de ne PAS se faire vacciner, 70% pensent qu'il n'ya pas assez de recul sur la maladie et le vaccin, 53% redoutant les effets secondaires du vaccin.

15% pensent qu'il faut se méfier des vaccins "en général". 8% pensent que "le virus n'est pas si dangereux que ça" (le chiffre est ici plus important dans les autres pays, culminant à 17% chez les allemands).

57% des personnes interrogées ont confiance dans les pouvoirs publics pour gérer les effets secondaires du vaccin (chiffre le plus faible des quatre pays), là où 40% n'ont pas confiance.

77% approuvent que la priorité soit accordée aux personnes les plus vulnérables.

Le rapport du CESE (Conseil Economique, social et environnemental) et aux conventions citoyennes

34% des sondés pensent que les conventions citoyennes doivent être ponctuelles et ne concerner que de grandes questions qui concernent tous les citoyens. 28% sont favorables au fait qu'elles soient plus systématiques.

Voilà donc les chiffres qui m'apparaissent être les plus significatifs, étant précisé qu'il n'y a, dans ce que j'ai retranscrit ici, aucun jugement de valeur.