[Ecrit pour vous] La PJ est-elle morte? Dans les coulisses du casse du siècle

Voilà. C'est fait.

Autant ne pas se cacher, ça faisait longtemps que j'attendais cet instant. Longtemps que cette idée d'écrire, au-delà de ce blog, était celle d'en faire un volume plus conséquent: un livre.

Les rencontres que la vie permet de faire aidant, j'ai pu croiser la route des Editions Enrick B. Merci Mika.

Alors, dis-nous, père Castor, de quoi ça parle?

Tout d'abord, tout au long du livre il s'agit de raconter l'enquête de l'affaire qui m'est, à moi, la plus emblématique. Selon mes critères personnels.

Cette enquête est particulière, tout d'abord parce que la première affaire d'ampleur du groupe "Enquêtes Générales" lorsque j'y suis arrivé. Ampleur médiatique, ampleur de par son préjudice considérable, et ampleur par l'investissement qu'il a fallu y mettre, et d'autres choses que je vous laisse découvrir. Et puis, enfin, et ça me tient à cœur, par le niveau de complémentarité que nous avions, dans ce groupe, dans cette équipe.

Et c'est là que je veux en venir. Il ne s'agit pas de "mon" enquête. J'ai été un parmi d'autres. Chanceux d'y avoir été associé. Parce que plus qu'une enquête, c'est bien une affaire de groupe. D'équipe. J'ai pour habitude de dire que en PJ, seul, on n'est rien. Les grands policiers, solitaires, à qui l'on doit tout, que l'on voit trop souvent dans les médias, ça n'existe pas. Oui, il y a des bons enquêteurs. Des très bons enquêteurs. Certains sont même exceptionnels, puisqu'ils savent "tout faire". Mais ils sont rares. Et pourtant, aussi bon soient-ils, seuls, ils n'iraient pas bien loin. Oui, untel peut, un instant, être à l'origine d'une avancée particulière dans un dossier. Mais si, derrière, l'équipe ne suit pas, "n'embraye" pas... il ne se passera pas grand chose.

Ainsi, c'est une partie de l'ambition de cet ouvrage. Même en lumière le travail d'équipe. Même si, évidemment, il m'est donné de parler de ce que j'ai pu faire, personnellement, chacun de mes collègues d'équipe est en capacité de dire, d'expliquer quel a été son apport prépondérant. Tous autant que nous sommes. Moi, pas plus qu'un autre.

j'espère que, si l'un d'eux lit un jour se livre, il n'aura pas l'impression d'un travail "solo". Se livrer, c'est aussi se soumettre à la critique, et l'accepter. Et pourtant, celle de ces hommes et femmes, que j'ai croisés, m'est très chère. Parce que, ensemble, nous avons vécu tellement de choses. Des belles. Très belles. D'autres plus dures... Et tout ça, quelque part, vous lie à vie. Malgré les divergences que l'on peut avoir.

Et, j'en profite par ces quelques lignes, pour le dire. Ce service, même si je l'ai quitté, je l'ai dans la peau. Là encore, une phrase me vient. BRB un jour... BRB toujours. J'ai aimé ces hommes, ces femmes. Je les ai parfois détesté. Mais au fond... c'est ancré. A jamais. Telle une histoire d'amour.

Détail qui n'en est pas un: Il n' y a pas de grands noms, pas de gros voyous. Ne figurent que les prénoms et l'initiale du nom des protagonistes, tous de la même manière; qu'il s'agisse des suspects, des victimes, ou des enquêteurs. Il ne s'agit pas d'être, pour moi, racoleur. Avec personne.

Et puis, il m'apparaissait aussi important de parler un peu au présent. J'ai fait ce choix... de ne pas faire de choix entre le fait de parler une affaire, et parler de la PJ

Quel est ce microcosme dans lequel vivent ces enquêteurs? Comment vit-il? Avec qui? Les victimes, les magistrats, les avocats. Et puis, la place de la famille. Des questions graves, comme la place du doute, dans l'enquête; l'aveu ou encore la preuve ADN... J'ai essayé de parler de plusieurs sujets, et d'en livrer l'idée qui en est la mienne.

J'insiste encore une fois; il ne s'agit nullement de ce que disent ou pensent "les policiers", mais bel et bien de la seule réflexion qui est la mienne. Ce livre n'a pas prétention de généraliser quelque idée qui soit. Aussi, si d'aucun devaient être amené à penser que j'ai pu écrire des bêtises, ce sont les miennes. Que j'assume.

Et puis, il faut en revenir au titre, évidemment. Une question: La PJ est-elle morte? J'explique le pourquoi de cette question dans les toutes premières pages du livre. Mais, pour résumer, elle fait écho à ce que j'appelle, la "crise de vocation" que connaît la Police Judiciaire, et plus largement l'investigation.

Aussi, j'essaye, au travers ces quelques pages, d'analyser la vision qui est la mienne de ces problématiques. Pour finir par, peut-être, quelques idées, toujours personnelles, de ces réformes qu'il me semble, devraient être entreprises, pour, à la fois, redonner le goût à ceux qui font de l'investigation, mais aussi attirer les meilleurs des policiers.

Enfin, difficile de ne pas parler des gens qui m'ont accompagné dans cet ouvrage.

Tout d'abord celui qui m'a fait l'honneur d'accepter, tout de suite, de dessiner la couverture de l'ouvrage. Titwane. Dessinateur dont je suis fan absolu depuis que je l'ai croisé dans "Enquêtes Générales". Depuis lors, je n'ai eu de cesse de vouloir que lui soit à l'origine de la couverture.

Et puis, je suis très fier aussi de la personne qui a accepté, là aussi tout de suite, de faire la préface de l'ouvrage. Madame Corinne Goetzmann. A l'époque Juge d'instruction chargée de diriger cette enquête... Une grande magistrate. J'utilise ici ce terme que je réfute aux policiers. Précisément parce que le juge d'instruction est, avec son binôme, greffier, chargé de l'enquête, a un travail un peu plus solitaire. Même si, évidemment, le parquet a son rôle également. Cette enquête, dirigée par Mme Goetzmann s'est déroulée de façon tout à fait "normale". Chacun étant à sa place, dans son rôle, efficace. Et, de ce que j'ai pu en vivre, c'était très appréciable, de sentir, à la fois cette confiance du magistrat, ce qui n'a pas exclu le contrôle, évidemment.

Et puis, un ami m'a également rejoint.

Bien qu'il soit un ami, c'est aussi sa vision, son ouverture, sa lucidité qui m'ont convaincus de le faire nous rejoindre dans cette aventure. Et surtout, cette notion d'équilibre, qui m'est chere. Cet homme, c'est @maitreMo. Avocat, blogueur. Mais, là encore, un grand homme.

Vous l'aurez compris. Je suis très fier de cette équipe. Et, très humble également. Surtout. Devant ces personnes que j'admire, chacune dans ce qu'elle fait, qui elle est.

Aussi, encore une fois, je vous remercie, vous trois, de participer à ce qui était encore, il y a quelques temps, un rêve un peu vain, un peu intouchable.

Evidemment, je me dois également de remercier ceux qui ont travaillé plus dans l'ombre. Ils ne sont pas sur la couverture, et pourtant, il ont travaillé aussi. Beaucoup. Je pense à Enrick et Julia, pour la maison d'édition. Je ne suis probablement pas un "client" facile. Et puis, une autre amie, aussi, Sandra. Qui a fait la correction du manuscrit; et à qui vous devez les fautes qui resteraient (lol).

Maintenant, ce livre vous appartient, vous, lecteurs. Lisez. Faites-vous une idée. Votre idée. Peut-être apprendrez-vous certaines choses. D'autres, plus proches du milieu de la police et de la justice, un peu moins.

Mais, au sein de l'ouvrage, il y en a justement pour tout le monde. Qu'on soit déjà dans cet univers ou pas.

Et puis, surtout, n'hésitez pas à revenir vers moi. Si vous avez des questions. Des coups de gueule, des désaccords. Ou si vous avez aimé. Je ferais de mon mieux pour, au besoin, vous répondre. Ou juste, si c'est le cas, prendre un peu de ce que vous avez aimé.

Et d'avance. Merci à tous. Chacun. Ou qu'il soit, de prendre ce temps. Pour ce qui est finalement un échange. Ce bout de moi que je vous ai donné.