18 semaines de manifestation.
18ème suicide de policier en 2019 (sans compter deux hommes, policiers de fonction, ayant violé ou assassiné leurs femmes, que je ne veux dénombrer dans cette problématique du suicide, même si le suivi psychologique est un sujet).
Que l’actualité est lourde, ces jours-ci, ces semaines, autour des forces de l’ordre.
C’est la société dans son ensemble, qui vit cette tension.
D’abord, ceux qui subissent, depuis des semaines, les manifestations. Les commerces, qui perdent sur leur chiffre d’affaires. Des employés, mis au chômage partiel. D’autres, un cran au-dessus, qui voient leur outil de travail détruit. Aux cris d’une idéologie extrémiste, antisystème, qui n’a pour seul mot d’ordre, justement que le désordre. Puis tous les riverains des rues/avenues où passent les manifestations, sans trop savoir quel est leur degré de violence. Et tous ces gens qui depuis, donc, 18 semaines, ne vont plus dans la capitale, s'en détournent, pour ne pas être pris au milieu des mouvements et violences.
18 semaines que policiers et gendarmes arpentent le bitume des grandes agglomérations françaises, sans trop savoir de quoi sera faite la journée, si elle sera plus ou moins calme. Ou à l’image de samedi dernier, des plus violentes.
De ce qu’a pu en dire le Ministre de l’Intérieur, il s’agit de la journée ayant fait le plus de blessés chez les forces de l’ordre. Ce qui est certain, c'est que, dans les rangs policiers, une fois la crise passée (mais quand?) cela laissera des traces qui ne pourront être mesurées que sur plusieurs mois années, tant les familles sont exposées. Combien exploseront ? Pourtant, on trouvera toujours quelqu'un pour dire que ce sont des situations personnelles.
Une problématique sociale
A coté de cela, je me dois d’avouer que j’ai de plus en plus de mal à regarder Eric Drouet ou "Fly rider", pseudo leaders et/ou porte-parole du mouvement. Le niveau de leur bêtise a eu raison de moi. Comme j’ai déjà pu le dire, j’en ai, par ailleurs, assez qu’on leur tende des micros, ce qui a pour fonction, aussi, de propager leur parole.
Pourtant, je dois bien reconnaître que leur audience, notamment sur Facebook dit quelque chose. Ou, pour le moins, pose question. Ceux qui les suivent n’ont :
- Plus confiance en la politique
- Plus confiance dans les médias
- Plus confiance dans les instances syndicales
Que chacun, de fait, se pose les bonnes questions, à la place qui est la sienne. Probablement qu’il pourrait y avoir de la remise en cause à tous les niveaux.
Mais j’y vois surtout une dégradation du dialogue social. Politiques et syndicats qui n’arrivent plus à négocier sereinement. Systématiquement, l’on va à la manifestation. Et cela fait plusieurs années, voir décennies que cela dure.
Et, depuis quelques temps maintenant, les manifestations sociales sont l’occasion, pour les groupes extrémistes, de se frotter aux forces de l’ordre. C’est-à-dire à l’Etat. Et de provoquer de la casse, des blessés, n'ayant que faire des risques qu'ils font encourir aux forces de l'ordre, bien au contraire. Cela devient une forme de "terrorisme social". Dans sa définition selon laquelle on cherche la terreur pour arriver à un but politique. Ne nous méprenons pas, je ne fais aucun parallèle avec le terrorisme auquel nous faisons face par ailleurs, devant l’extrémisme religieux ou suprémaciste, qui provoque des dizaines, des centaines, voir des milliers de morts. Mais j'y vois une volonté de faire craindre, désormais, les mouvements sociaux, infiltrés par la violence, pour combattre le capitalisme et la société de consommation, dans le but d'arriver à une révolution. Et l'on ne peut que constater que le ton monte, d'année en année, désormais de semaine en semaine.
Les gilets jaunes, ne sont aujourd’hui qu’une excuse, un moyen, pour ces groupes, d’aller au contact, et de faire le plus de dégâts possible. Ajoutez à cela des leaders qui encouragent à tout cela, et l’on obtient ce qu’il s’est passé samedi dernier avec, de surcroît, une frange du mouvement qui se radicalise au contact des Black bloc.
Au fond, on a oublié qu’à l’origine du mouvement, il y avait un malaise social, un cri contre les inégalités sociales et fiscales.
Le gouvernement a fait quelques gestes, que l’on pourrait qualifier "de premier secours". A tenté le dialogue avec un mouvement qui l'a refusé, menaçant physiquement ceux qui ont tenté d'y aller. Au final, l'on a à faire à un mouvement qui, semaine après semaine, se durcit.
Aujourd’hui, il y a autant de demandes qu’il y a de Gilets Jaunes. C’est un fait.
Une des questions posées est de savoir pour quelle raison l’exécutif ne tente-t-il pas de régler le volet social du mouvement ? Pourquoi ne pas prendre l’initiative d’un grand dialogue avec les syndicats ?
Le gouvernement a opté pour "le grand débat national"; une façon d'associer un maximum de personnes. Pourquoi pas? Même si je me demande pourquoi la "Commission spécialisée dans le débat public" n'a pas été mise à contribution ! J'en ai lu quelques articles de presse, qui donnent un peu une idée. Mais tout de même... Nous avons là une instance qui existe, avec une hiérarchie, des gens qui sont payés pour un travail... Mais qui ne sont pas associés au "Grand Débat National"! J'avoue qu'il y a là quelque chose qui m'échappe complètement. Soit on se sert de cette instance, soit on estime qu'elle n'est pas bonne, ou pas utile, auquel cas, on la dissout ! Bref...
Pour autant, il demeure quelque chose qui me gêne, si le gouvernement devait annoncer, demain, de nouvelles orientations sociales; ce qui, en tant que tel serait une bonne chose... mais pas là, maintenant. Cela reviendrait, en quelque sorte, à légitimer la violence et la casse. L’idée par laquelle plus on casse, plus on est visible, et plus on a des chances d’obtenir de choses. Et je ne suis pas sur que ça soit une bonne chose pour l'avenir.
La presse n’est pas en reste non plus, il me semble, dans l’idée de se remettre en question. Quels temps d’antenne (ou de lignes pour la presse écrite) ont été consacrés aux marches pour le climat des enfants/ado de vendredi, et de la marche du siècle de samedi ? Comparons à la place prise par les débordements de Samedi. Ne soyons pas naifs, ces mouvements jouent aussi sur le fait que plus ils casseront, plus ils seront visibles; ils utilisent donc, à son corps défendant, la presse. Qui, pour partie, marche au sensationnel.
Ajoutez-y un élu pyromane qui vous explique que par la marche pour le climat ne sert à rien…
Les policiers, toujours présents; à quel prix?
Et en face, semaine après semaine, les policiers. Ils sont là. Toujours. Utilisés au gré des ordres émanant de la Préfecture de Police. Qui varient. Au gré des manifestations, de leur violence. Mais aussi, en tout état de cause, ce samedi, au gré de la pression d’une partie de l’opinion (il y a probablement beaucoup à dire sur l'impact que doit/devrait avoir l'opinion, sur la part qu'elle doit prendre sur les décisions prises).
De ce qu’on peut comprendre du Ministre de l’Intérieur, des ordres auraient été donné, allant à l’encontre de ceux du ministre, pour « la plus grande fermeté ». Résultat : un Préfet débarqué, son Directeur de cabinet, et le Directeur de la Sécurité Publique parisienne également.
Quelles seront les nouvelles directives ? Nous le verrons dans les prochaines semaines. On peut pourtant lire entre les lignes, une volonté de fermeté. Plus de compagnies de maintien de l'ordre assignées à cette tâche, plutôt qu'à la garde de batiments officiels, des DAR qui seront chargés d'aller au contact des éléments les plus violents... Peut-être le fait d’aller au contact, d'une manière générale, sera-t-il plus préconisé. En espérant que cela ne fasse pas trop de « dégâts ». D’un coté ou de l’autre. Qui ne ferait qu’attiser encore un peu plus l’incendie.
Ce qui est certain, c’est que la violence appelle la violence. Et qu’elle monte. Des deux cotés. On ne peut pas non plus nier que certains policiers ont parfois perdu leur discernement, lorsque l’on voit certaines images. C’est un fait. Aussi. Mais comment réagirait-on, chacun, soumis à la même pression, semaine après semaine, à une telle violence ? Pas de méprise ; il ne s’agit pas d’excuser. Mais de comprendre. Depuis 18 semaines, la police est prise en étau. Mais elle est toujours là.
Le problème est que, à ce jour, l'on ne voit pas trop arriver de solution, et encore moins la fin du mouvement. Et il va pourtant falloir amorcer quelque chose. La seule confrontation aux ultras n'est pas, je crois, de nature, à elle seule, à mettre fin au mouvement!
Et à coté de cela, c’est un 18ème suicide de policier, que l’on dénombre aujourd’hui. Cet homme faisait partie de la Compagnie de Sécurisation de Paris; l’un des services systématiquement utilisé depuis quatre mois maintenant.
Et, du coté de Ministère de l’Intérieur, toujours aucune proposition concrète. Nous tendons, malheureusement, vers des chiffres records. Pour rappel, ils ont été 56 policiers à se donner la mort en 2018. Sans oublier les gendarmes qui ont, eux aussi, payé un lourd tribut.
En conclusion:
19 Mars 2019 : la police s’enlise. Aucune solution. Nulle part.