Tristitude...

"Dernier vendredi"... le compte à rebours est décidément lancé. Chaque jour amène son lot de "c'est le dernier... avant de... ". Et pourtant, personne ne compte, à l'image de l'enfant, le nombre de "dodos" qu'il reste. Le déménagement se profile, jour après jour. Sac poubelle après sac poubelle.. Carton après carton. Je me croirais presque dans mon appartement de célibataire, tellement c'est le bordel dans mon bureau. Ici on archive... là-bas on broie ce qui a été scanné. Ce collègue fait un carton. L'autre, à coté, continue à travailler comme si de rien n'était. Lui n'a d'ailleurs pas encore mis les pieds dans le nouveau bâtiment. Il s'y refuse... jusqu'au bout.

Oui, ça y est, notre service déménage. Une nostalgie de ce que l'on a connu, de ce que ces bureaux ont renfermé d'heures de travail, d'émotions, d'intensité. On regarde les affaires défiler, au rythme des procédures d'archive que l'on scanne avant de les broyer . On regarde les moments, bons ou mauvais. Untel travaille dans le bâtiment depuis 1991. Son voisin depuis 2016. Autant dire que l'émotion n'est pas la même.

J'ai beau accepter cette idée de déménager, malgré les inconvénients que cela représente à titre personnel. Je suis assez positiviste...  Mais je dois dire qu'à force, ça mine. Chaque jour un peu plus. Nécessairement. Plus les jours avancent, plus le spleen monte. Plus on croise de collègues du service, moins on a envie. Ces lancinantes questions lorsque l'on croise dans l'ascenseur, un autre groupe "alors vous êtes prêts", dis-je? " Pas le choix, de toutes façons", me répond-il. C'est vrai, pas le choix. Mais derrière ces mots, l'ambiance générale d'un service. Morose, c'est le moins qu'on puisse dire...

Arrive le café. En général partagé en commun, dans le groupe. Les sujets de conversation? Devinez. Le cul? Non, même pas. Ce collègue qui en connait d'autres, sur place "ah, mais ils nous disent tous, venez-pas"... Passent ensuite en revue tous les inconvénients. Les transports, notamment, gros point noir. Notamment pour celui qui arrive du sud parisien. Lui voit sa distance allongée, ainsi que la durée, nécessairement. Moi, je me rapproche, oui. Et pourtant, je mettrais près de 90mn pour aller travailler, le matin, et la même chose le soir. Le point noir, l'accès au bâtiment, du fait de tous ces travaux. Trois voies qui passent en une seule, sur un grand boulevard très fréquenté. La sortie auto du batiment qui ne peut se faire que dans un seul sens ce circulation... à titre d'exemple, il y a deux jours... en milieu d'après-midi, 25 minutes pour faire 200m... et nous sommes au mois d'Aout. Autant dire que lorsqu'il s'agira de devoir sortir rapidement du bâtiment, l'urgence sera toute relative...

Pour en rester aux véhicules, aucun stationnement auto "personnel", sur place. A la limite, dirais-je, cela n'était déjà pas le cas jusqu'à maintenant ! Les transports? Selon d'où on arrive, c'est très compliqué...

Essayons d'aménager les horaires ? Fonction des nécessités de service, bien sur ! Ah, ben non... non, surtout pas, hein ! Je ne vais même pas m'étendre sur les motifs invoqués...

Arrive ensuite le point "restauration". Bien sur, pour 1400 personnes, aucune cantine n'a été prévue sur site. Probablement pas nécessaire... pas prioritaire... ah, mais par contre, on a une cabine cyano dernier cri... oui, en effet, probablement qu'en terme de modernité, on y gagne.... Donc, des places de "cantine" ont été réservées dans le futur palais de justice, pour les policiers... oui, enfin on s'enflamme pas, hein... c'est de l'ordre de 300 ou 400. Les autres? Bah ils se démerdent... et puis, ce n'est pas comme si le palais n'arrivait qu'en Avril, à minima !"ah, mais rassurez-vous, il y a des distributeurs de repas rapides à tous les étages", ou "on a pensé faire venir un food truck"... oui, bon, ok. On va s'faire une gamelle, hein ! Ah mais non, il parait qu'on n'a pas le droit de se restaurer dans les bureaux... Strank verboten !

Les bureaux, venons-en... je ne vais pas me plaindre, à titre personnel. Nous serons quatre. Et je pense que c'est assez spacieux, lumineux... Mais pour d'autres, ce n'est ps la même musique. Certains seront six à partager la même pièce; ils étaient deux, jusque là... il va falloir apprendre à "vivre ensemble", hein! Les sanitaires... ah, les sanitaires... 4 par étages pour les hommes; autant pour les femmes. Un étage, c'est 140 personnes, environ... ok, ok... Les ascenseurs... au nombre de 4... pour 1400 personnes. Et sur les 4, il ne sont que deux à descendre dans les sous-sol. Détail après détail, anecdotes de ceux qui y sont... tout y est passe. Et franchement, pas grand chose de positif.

Allez, il est temps d'allumer l'ordi, de bosser. Première mission, lecture des mails. Le premier:

" Déménagement sur le site des Batignoles.... "

Ok, le suivant

"Stationnement au Bastion"

Ok, passons...

"Planning du déménagement"

Ok, allez, encore un... non, finalement, je crois qu'on va laisser la boite mail et faire autre chose. Mais en fait, le cœur n'y est pas.

En espérant que le temps y fasse. Il va falloir réapprendre à travailler... et, comme d'habitude dans notre administration, on s'y fera, hein, on s'adaptera! Article 22 "démerde-toi comme tu peux".

Bref... aujourd'hui... petit moral.

Vivement demain.