C'est le citoyen français qui s'exprime, ce jour, et non le policier en lui.
Il me vient, ce matin, comme un vent ou plutôt, une envie de fraîcheur. Ce vent qui efface les relents nauséabonds d'une campagne dure comme jamais. Une campagne pourrie, faut-il le rappeler, par bien d'autres choses que le fond des sujets qui préoccupent le peuple français.
J'ai envie de voir, partout, beaucoup de signes, de part et d'autre de cette élection. Certains sont probablement le fruit de mon imagination, j'en ai pleine conscience. Peut-être simplement le fait que j'ai envie d'y croire. J'ai envie de penser que nous sommes dans une nouvelle ère, que ce défaitisme ambiant, coutumier, bien français, s'éloigne, pour laisser place, tels les nuages au soleil, à un vent de fraîcheur, de liberté, mais surtout de renouveau.
J'ai envie de vivre, voir, participer à des choses tellement différentes de ce que j'ai pu voir ces dernières années. Je vais être très injuste mais, sans même parler de fond politique, j'ai une image de ce quinquennat qui est celle des attentats; un peu comme si ce qu'on appellera "le quinquennat Hollande" était, de facto, réduit à celui des attentats.
"Charlie", "13 novembre", Nice, Magnanville... toutes ces images... et j'en oublie. Le Président Hollande n'a-t-il pas dit lui-même "la mort m'a hanté l'intégralité de mon quinquennat". C'est le peuple de France, qui est marqué dans ses entrailles, au plus profond de ce qu'il est. Comme je le suis, de ces moments que j'ai pu vivre, à l'Interieur... de ceux que l'on n'oublie pas.
Alors oui, j'ai envie de passer à autre chose. Point de naïveté chez moi; je le sais bien, nous vivrons encore des moments terribles, les vents tournent, toujours. Et pas toujours dans le même sens. Qu'ils soient bons ou mauvais.
Mais voilà; j'ai envie de voir un renouveau. Un chef d'Etat que l'on ne connaissait pas voilà deux ans. Jeune. Comme bon nombre de français, c'est la première fois, pour moi, que le Président élu le sera plus que moi!
Jeune, disais-je. La symbolique Kennedy n'est pas loin. Oui, je m'enflamme, et alors? Est-ce si mal que de croire, espérer? Jeune, comme l'est son mouvement qui a cassé la bipolarité droite/gauche comme beaucoup en ont eu un jour envie, sans trop l’espérer. Combien est-on, à s'être dit, un jour "ne peut-on pas prendre des bonnes idées de droite et des bonnes idées de gauche", rassembler? Combien est-on à avoir espéré un renouveau de la classe politique? C'est ce qu'il nous promet. Et, avec le culot de son jeune âge en politique, il a déjà franchi ce premier pallier.
Les premiers mots de "Président", empreints de beaucoup de gravité, de solennité, s'adressant aux français qu'il souhaite rassemblés. Le Louvre. Ces premières images d'un président élu, cette scénographie qu'on sait importante en terme d'image...celle qu'on donne au monde, mais également au pays. Le sérieux, la stature de l'homme d'Etat. La dimension historique, dans un cadre fort. Ces pas de l'homme seul, ce qu'il sera effectivement, enfermé dans la hauteur de sa fonction, cinq années durant.
Bien sur qu'il n'y a pas eu de vote d'adhésion d'une majorité de français. Oui, mille fois oui. Il n'y a qu'à voir les images d'hier soir, où il n'y a bien qu'à Paris, qu'il y a eu, sans ferveur, un rassemblement populaire. Mais celui qui était, encore hier, candidat, a convaincu ceux qui se sont déplacés; pour des tas de raisons, parfois plutôt en réaction à la peur de l’extrême. Cela ne veut pas dire, d'ailleurs, qu'il ne faut pas regarder ailleurs. Il y a des messages partout, et surtout dans ce vote extrême mais aussi dans l'abstention et/ou le vote blanc et nul. Emmanuel Macron est désormais le Président de la République française. Président de tous les français. Il lui appartiendra désormais de faire en sorte que chacun se reconnaisse dans ce qu'il va se passer durant les cinq prochaines années. La marche est haute, l'objectif fort. Démontrer à tous qu'il y a autre chose à faire, à voir, dans ce beau pays qu'est la France. Qu'on peut y voir l'espoir, l'envie, la vie, plutôt que la haine ou la peur. L'objectif a été annoncé. Espérons que le Président Macron ait toute conscience des attentes placées en lui aujourd'hui. Les lendemains ne sont pas toujours chantants.
Aussi jeune soit-il, rien ne sera pardonné au président nouvellement élu. Et, de son propre aveu, il n'aura probablement pas d'état de grâce, devant rapidement s’atteler à la composition d'un gouvernement qui défendra sa vision aux élections législatives, à la recherche d'une majorité parlementaire. Et s'il ne l'obtient pas, nul doute que son quinquennat sera encore plus difficile qu'il ne peut l'imaginer à ce jour. Avec le risque que 2022 soit le pendant de la désillusion, face à ce 2017 plein d'espoir.
Pour finir, le policier que je suis a également beaucoup d'attentes. J'ose espérer que l'entourage du nouvel élu, ceux qui sont ou seront ses conseils en sécurité seront à la hauteur des besoins de notre administration, et des réformes qui lui sont nécessaires pour être efficace dans sa mission régalienne.
"Nous avons besoin d'hommes qui sachent rêver à des choses inédites"