Un peu de ciel bleu

On ne sait pas encore ce que sera dimanche soir. Un jour de fête, ou un jour de tristesse. Alors, autant prendre un peu d'avance, et profiter de ces instants de liesse populaire.

Qu'elles font plaisir à voir, ces images de victoire, à l'orée de ce match France-Allemagne. Paris, Marseille... des centaines de milliers de français en joie. On a envie de dire "enfin", et pousser un grand "ouf" de soulagement. Un peu comme si l'on posait un bagage qu'on traine depuis longtemps.

On a tellement pris l'habitude de n'avoir, pour seules informations, que des mauvaises nouvelles; et encore, c'est un euphémisme. Des morts qui en chassent d'autres. Des scène de guerre, partout. Et si ce n'est la guerre, c'est la haine. Et si ce n'est la haine, ce sont les difficultés économiques et sociales. Terrorisme, Etat d'Urgence, loi travail et ses cortèges de manifestants, de violence, de haine..;  chômage, crise économique... Toutes ces informations se relayent toute l'année et font notre quotidien. A nous, français, que l'on dit toujours plus moroses. Ce serait même l'une de nos caractéristiques, à force.  Il n'y a qu'à voir, les colombiens, nigérians et indiens sont parmi les plus heureux. Alors, regardons d'un peu plus près la manière que nous avons de vivre...

Alors oui, quoi qu'il arrive, dans huit semaines, nous serons tous à nouveau dans notre quotidien. La rentrée, des nouvelles sociales pas forcément bonnes, probablement des attentas qui auront été commis en Irak, peut-être en Europe... des réfugiés qui arriveront sur les cotes européennes par dizaines de milliers... peut-être un peu de tout ça. Et peut-être bien plus encore, ou, différemment, mais des nouvelles toutes aussi tristes pour le genre humain.

Mais en attendant, si l'on peut faire une pause, un peu, et se servir du sport comme vecteur d'un peu de joie; s'il n'a qu'une seule fonction, pour nous spectateurs, que celle de nous rappeler que la vie est "aussi" belle. Et puis, regardons un peu par la fenêtre. Le soleil est là, les vacances scolaires démarrent... ce sont des moments à passer en famille. Finalement, ce qui fonde nos raisons de vivre, ce pourquoi, finalement, on travaille toute l'année.

Quelques notions de valeurs

Les dernières fois où l'on a vu la France à peu près unie (oui, tout le monde n'était, et n'est pas "Charlie", il faut le dire), c'était au lendemain des attentats; La marche qui avait réunie les français au lendemain de Charlie Hebdo, les rassemblements place de la République. Tous ces gens, réunis, pour dire non au terrorisme. Pour dire oui à la vie.

N'est-ce pas aussi ça, la vie, que de se retrouver et juste rire, être heureux; sans avoir à disserter sur les malheurs du monde et où se déclenchera la prochaine guerre mondiale, avec quel Président impopulaire qui fera je ne sais quelle erreur stratégique?

On a eu, cette fois-ci, des gens réunis, en liesse, autour d'un évènement positif. Encore une fois, ça fait du bien.

Ce n'est certes que du sport, oui c'est vrai. Mais voir des gamins de 20 ans heureux, face aux milliers de spectateurs du Vélodrome, pour un "clapping", c'est une belle image aussi. Alors, nous dit-on "ils ne sont pas imaginatifs", pour n'avoir repris que ce que faisaient les islandais. Mais on s'en moque, on ne leur demande pas d'écrire un livre. Qu'ils fassent leur job et, parallèlement, donnent un peu de joie de vivre à ceux qui regardent. Oh, c'est sûr, un match de foot, ou une compétition, ne rendra personne plus intelligent à la fin. Et nos problèmes à tous seront encore là dès la fin du match. Et alors? On a tellement l'habitude de décrier les footeux, parce que ne montrant pas l'exemple, parce que tantôt "branleurs", parce que parfois mêlés à des histoires extra sportives, parce que parfois ne donnant pas l'impression de donner le meilleur, alors même qu'ils sont payé à millions, pour certains. Cette fois-ci, ils ont tout bon, alors il faut le dire aussi. Dans le comportement sur le terrain, et en dehors. Alors, profitons-en. Ils ont joué collectif; ils nous rappellent que lorsque l'on fait l'effort, il paye. Et lorsqu'on le fait ensemble, on est meilleurs. Et c'est quelque chose de valable partout. Dans nos métiers, autour des carrières judiciaires et/ou juridiques, il en est de même. Lorsqu'on leur parle de leurs performances individuelles, ils répondent par le collectif. Et n'oublient pas qu'il leur reste une dernière marche, peut-être la plus compliquée, pour que la fête soit totale. Mais en attendant, ils sont en communion avec ceux qui les adorent et, bien plus largement, le peuple de France.

Sans rentrer dans la sphère politique, je dois l'avouer, j'étais même heureux de voir un Président de la République bousculer Noel Le Graet, Président de la Fédération Française de Football, presque naturellement. Satisfait également de le voir au milieu de la foule, s'autoriser à quelques selfies avec les spectateurs. Nous faisant, l'espace de quelques minutes, oublier l'attentat du mois de Novembre dont une partie s'est déroulée dans l'ombre, justement, d'un match de foot international qu'il avait dû quitter en catastrophe, directement exposé aux terroristes.

Alors qu'il se termine dans un peu plus de quarante huit heures, espérons que nous pourrons retenir de cet euro, avant tout une victoire de notre équipe nationale. Mais d'ores et déjà, de belles images resteront; Les irlandais, et leurs chants en hommage à la police française, les valeureux islandais, des allemands fair-play.

Et, à l'heure, où l'on parle beaucoup de brexit, notons que cette compétition verra une équipe européenne triomphante (oui, bon, elle est facile, je l'admet). Et quelle plus belle finale que notre équipe, face à l'équipe nationale portugaise, lorsque l'on sait qu'il s'agit d'une communauté très représentée en France. De quoi faire, quoi qu'il arrive, une belle fête dimanche soir; Nul doute que les klaxons retentiront, quel que soit le vainqueur.

Allez les bleus.