Comment ne pas réagir?

Photo Alliance 75

Comment ne pas réagir en voyant de telles images?

L'on s'indigne pour des violences illégitimes commises par des policiers, et cela parait bien normal. Et, comme j'ai déjà pu le dire, ce sera à la justice de se prononcer sur chacun des dossiers qui sera porté à sa connaissance.

Mais comment ne pas l'être, non plus, lorsque l'on voit les images qui nous sont servies ce matin.

Tout d'abord, ces affichages, lors des manifestations du jour, dont je rappelle qu'elles concernent la "loi travail" de la Ministre El Khomri.

On y lit donc "un flic une balle", ou encore, au sol, le symbole "ACAB" signifiant "All Cops Are Bastards"; je ne suis pas anglophone, mais là, ça va, j'ai compris. Ainsi, j’espère que, juste pour le principe, le Ministre de l'Intérieur déposera plainte, avec constitution de partie civile, pour l'incitation à la haine du "flic", voir plus, dont il est question (je vous laisse la terminologie juridique ad-hoc). Et j’espère également que les syndicats, tous ensemble, en feront de même.

C'est un principe; on ne peut, on ne doit pas rester indifférent face à cela. Je suis réaliste; le suites judiciaires seront nulles. Mais le discours par rapport à ces actes doit être ferme. Tout comme l'a été le Ministre de l'Intérieur à l'encontre des policiers qui commettraient des infractions à l'occasion de leur service (et même en dehors, cela va de soit).

Et, dans l'instant qui suit, cette vidéo, sur les réseaux sociaux, où l'on y voit les forces de l'ordre reculer face à un mur de manifestants (quoique ce n'est pas forcément l'expression adéquate), ces derniers jetant tout ce qui leur passe sous la main en direction des policiers. On y voit des pierres, mais aussi des objets plus importants! Et les policiers reculent... reculent.. Des images désolantes, parce que finalement, c'est l'Etat qui recule. Et nous sommes là bien loin de la manifestation dont il est question. Bien loin de la loi "Travail", quelle que soit l'idée que l'on peut en avoir. Il ne s'agit ni plus ni moins que de gens qui viennent là pour se défouler, casser du flic.

Imaginons juste celui qui est en dessous, et à qui l'on demande de reculer, de prendre, prendre encore, reculer, et ne rien faire... et il le fait, sans broncher...

Alors, me dit-on, ces agissements ont un caractère bien plus "politique que le simple fait de faire respecter la loi"! Mais je dirais juste à ceux qui prennent les décisions de venir quinze secondes sous les boucliers, et prendre tout ça.

Sauf, bien sur, à considérer que "ben, ils sont payé pour ça, hein"! Je le dis depuis quelques temps. La société se veut de plus en plus violente. Et les premiers qui sont au carton, ce sont les policiers! C'est à eux qu'on demande d'y aller. D'intervenir, d'enquêter, d’interpeller. Ils sont les premiers, et en fait les seuls, à qui l'on demande tout cela. Sans aucune considération. Parce qu'on a la mémoire courte. Et qu'il est plus simple de fustiger l'action d'un policier, de le jeter en pâture. Les images fortes, on aime ça. Et pourtant, les policiers, jour après jour, quels que soient les risques, ils y vont; même si l'on essaye toujours de minimiser ces risques, ils sont réels. Des milliers d'interventions, chaque jour, qui se passent le plus normalement possible. Parce que oui, il faut le rappeler, il est rare que l'on ai à faire à la police dans le cadre d'une distribution de bonbons! C'est à chaque fois parce qu'il y a un problème. Plus ou moins grave.

Alors oui; comme le dit @simoneduchmole, on en est arrivé à "un stade où on légitime la violence illégale et où on fustige la violence légitimée des Forces de l'ordre". Deux poids deux mesures. 

Pour une fois, j'aimerai juste qu'on regarde, et que l'on se rende compte ce que prennent, chaque année, ces unités, que sont les CRS ou les gendarmes mobiles. Et la discipline et le sang-froid dont ils font preuve, sous les coups. Alors oui, il y a parfois des débordements. On va me parler, rapidement de "Sivens" et de la tragédie qui entoure Remy Fraisse, probablement d'autres faits. Mais se demande-t-on comment l'on peut laisser la violence monter comme une cocotte! Pourquoi ne pas intervenir avant? Pourquoi laisser, toujours, ces casseurs, non seulement commettre leur forfait, mais, finalement, monopoliser l'image contre le fond de ce que souhaitent les manifestants! Ne peut-on pas (et j'avoue, je n'y connais rien en maintien de l'ordre), empêcher ces groupes de se constituer?

Parce qu'au final, tout le monde est perdant. Quoique... je me demande...

Demandons-nous d'où vient le "malaise des policiers" dont on parle chaque année! Eh bien c'est un exemple très concret. Un parmi tant d'autres.