Comment faire bonne impression lors d'un entretien de recrutement ? Comment faire la différence avec les autres candidats ? Tous ceux qui ont été en recherche d'emploi se sont posés ces questions.
L'une des principales difficultés est de s'abstraire de sa situation actuelle (recherche d'emploi déjà longue, refus précédents, difficultés financières, …) afin de se montrer au recruteur sous un jour à la fois volontaire et serein : pas question de se poser en victime ni de se montrer instable et inquiet.
En recevant Michelle, 51 ans et en recherche d'emploi depuis plus d'un an, je m'aperçois immédiatement que cela n'est pas son jour : les yeux rougis, les épaules basses, les traits tirés … A peine installée, elle se met à pleurer en me racontant qu'elle avait eu un entretien d'embauche la veille qui s'est avéré catastrophique : "j'ai perdu tous mes moyens, l'entretien n'avait pas encore débuté que j'étais envahie par un stress incontrôlable… Vous vous rendez compte, je serai bientôt en fin de droit et je passe complètement à côté du seul poste pour lequel j'ai un entretien".
Face aux émotions et au discours de Michelle, j'essaye de contrôler mes propres émotions. Je ne peux rester insensible face à sa détresse. Rapidement je me concentre sur l'objectif de cette entrevue qui n'est nullement de me mettre à pleurer avec Michelle et/ou de la laisser dans cet état d'émotions négatives. Mon souhait est certes de lui apporter mon soutien mais surtout une aide personnalisée et des outils dans sa recherche d'emploi.
Sans minimiser sa déception ni son stress, je lui propose de me raconter une autre histoire la concernant : "rappelez-vous de la dernière fois où vous avez été particulièrement fière de vous au cours de l'année écoulée". Michelle prend le temps de réfléchir. Je l'observe avec attention. Elle s'arrête de pleurer et son visage commence à s'illuminer tout doucement. J'attends. "Oui, je me souviens bien, c'est l'année dernière quand j'ai fait la marathon de Prague". A mon tour d'être très surprise par ce que j'entends et d'être impressionnée : je ne pouvais soupçonner (je l'avoue) que cette femme assise en face de moi en train de pleurer et abattue par de nombreux problèmes personnels était capable de terminer un marathon…. Encore un cas où nos propres préjugés peuvent nous aveugler…
Michelle poursuit et me décrit son exploit sportif. Je l'encourage à me raconter ce marathon dans les moindres détails. Le but étant qu'elle oublie - en tout cas momentanément - sa mauvaise expérience de la veille et qu'elle se nourrisse des émotions positives emmagasinées le jour de ce marathon. Son visage se détend, la couleur de sa peau change, au fur et à mesure de son récit elle se redresse, ses gestes son plus amples et plus souples, elle sourit, elle rayonne. Je commence à ressentir ses émotions positives. Michelle est heureuse : ça se voit et s'entend.
Petit à petit, je lui demande d'identifier les émotions qu'elle ressent actuellement tout en y associant également les souvenirs de son exploit. Les deux doivent se lier. Pour accroître ses ressources, je lui demande à quel moment a-t-elle été le plus fier lors de ce marathon : "quand j'ai passé la ligne d'arrivée". Je l'invite à revivre cette scène et pour qu'elle puisse s'y associer dans le futur, je lui demande de réaliser en même temps un ancrage, en fermant son poing par exemple. Un ancrage qu'elle pourra reproduire dans d'autres circonstances pour réaliser un autre challenge.
Je laisse Michelle savourer ce moment de joie et de sérénité. Je suis moi-même heureuse pour elle. Puis je lui explique que l'objectif de cet exercice est qu'elle prenne conscience de toutes les ressources sur lesquelles elle peux compter pour affronter une situation délicate et qu'elle reprenne confiance en ses capacités. Concrètement, la prochaine fois qu'elle passera un entretien d'embauche, elle pourra réaliser son ancrage tout en visualisant son passage sur la ligne d'arrivée. Il y a fort à parier que son interlocuteur sera impressionné par le rayonnement et l'enthousiasme de cette femme qui est en train de lui serrer la main.
Michelle reprend ses esprits et me remercie : "maintenant je souhaite travailler sur les objections qui me sont faites à cause de mon âge, je suis senior : trop vieille ! trop chère ! …"
…Vous retrouverez ce nouveau travail dans notre prochain billet …