19 Oct

Près de Brest, MéGO ! collecte les mégots pour en faire du mobilier urbain

Une salariée de l’usine MeGo ! de Bourg-Blanc trie les mégots de cigarette des autres déchets.

Installée à Bourg-Blanc, près de Brest, MéGO ! est une petite entreprise qui s’est lancée dans la chasse aux mégots. Après la mise en place d’un réseau de collecte auprès des entreprises et collectivités locales, elle vient d’inaugurer sa première ligne de transformation. Un procédé unique en France qui recycle les mégots de cigarette en mobilier urbain.

Chaque fumeur connaît aujourd’hui les risques qu’il prend en allumant une cigarette. Le message est suffisamment clair, imprimé sur chaque paquet vendu. Mais réalise-t-il réellement que fumer, nuit aussi gravement à l’environnement ?

Chaque minute, 8 millions de mégots de cigarettes seraient jetés au sol dans le monde.

En France, 30 milliards de mégots sont jetés chaque année à même le sol où ils mettront quinze ans à se dégrader. Composés de plus de 4 000 substances chimiques dont au moins 250 sont nocives (arsenic, plomb, goudron, et autres métaux lourds…), ils participent insidieusement à la contamination des sols et de l’eau. À Bourg-Blanc, près de Brest, Bastien Lucas, fondateur d’Eco Action +, une petite société spécialisée dans la collecte de déchets de bureau, a fait depuis plusieurs années, de cette pollution son cheval de bataille.

« Si vous mélangez quelques mégots de cigarette avec des vers, explique-t-il, dès 25 % de mélange avec la terre, vous avez un taux de mortalité de 100 %, ainsi qu’un taux d’évitement de 100 %, c’est-à-dire qu’à aucun moment des vers iront vers un mélange terre-mégots de cigarette. Pour la flore, c’est la même chose, le taux de progression des algues est moindre au contact avec le tabac ».

L’sine MéGO  à Bourg Blanc.

En 2017, Bastien Lucas créé MéGO ! Après le papier, les gobelets, les canettes, il se lance dans la collecte de mégots. Jusque-là, les seuls débouchés quand ils sont ramassés sont la poubelle ou l’incinération. Lui met au point une unité de traitement, la première en France.

Dans un premier temps, les mégots sont dépollués selon un procédé que Bastien Lucas n’hésite pas à qualifier de révolutionnaire. « On sait que le mégot pollue l’eau énormément. Nous, depuis le début de notre activité, nous utilisons 2 m3 d’eau. Elle est là la révolution, d’utiliser l’eau comme solvant naturel pour dépolluer le filtre, et d’utiliser toujours la même eau, en circuit fermé. » Puis une fois libérés de leurs substances toxiques, les mégots sont broyés, pour être transformés en plaques de plastique.

Les filtres de cigarettes sont transformés en plaque de plastique .

Ce matériau, MéGO ! s’en servira d’abord pour fabriquer des pots de crayons, des objets publicitaires, du mobilier, des cendriers qu’elle revend aux entreprises et collectivités auprès de qui elle collecte les mégots. Après plusieurs mois consacrés à améliorer le procédé, l’entreprise se lance dans une phase plus industrielle. « Avant, on faisait à la demande. Maintenant, on n’a plus qu’une seule ligne de production, qui répond aux normes françaises en rigueur, de bancs assis-debout « , explique le fondateur de MéGO !. 

De grandes entreprises ont d’ores et déjà passé commande parmi lesquelles les sièges sociaux de Décathlon à Lille, celui de la RATP, plusieurs collectivités et communes. Les premiers bancs devraient être livrés fin 2018, début 2019.

À ce jour, 200 à 400 kilos de mégots de cigarette sont collectés et recyclés chaque mois par la petite unité de transformation finistérienne. Des chiffres qui ont doublé en un an, mais qui sont encore bien loin des 350 tonnes que la petite entreprise dit pouvoir traiter. C’est même une goutte d’eau, quand on les compare aux 75 000 tonnes de mégots de cigarette jetés chaque année en France.