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La clope et moi (et mon poids)

C'est comme un amour de jeunesse avec lequel on recouche régulièrement. Parce qu'on aime la légèreté, qu'il n'y a rien de plus grisant que de faire une bêtise et qu'on emmerde la morale. Parce qu'on a terriblement envie de croire qu'on est encore jeune et rebelle.

Depuis mes 13 ans, je fume cinq ans et j'arrête cinq ans. Ce n'est pas un plan initial mais la façon dont les choses se passent. Et pendant ma deuxième grossesse, j'ai acquis la ferme intention de recommencer. Cette existence tournée vers le bien-être et le self-control total me dégoûtait à m'en faire vomir. Bien manger, bien dormir, faire du sport et avoir le poil brillant, beurk... J'avais envie d'être ivre, de puer la clope et de faire n'importe quoi. Ce que j'ai très bien fait par la suite.

J'ai adoré fumer. Pendant mes années d'abstinence, je continuais de rêver que je tirais sur une clope. Et l'hiver dernier, quand il faisait -15°, j'en fumais deux d'affilée quand je faisais une pause. Fumer, c'est un peu dire merde aux autres. C'est mauvais pour la santé et on pue de la gueule ? On s'en braaaanle, on est rock'n roll. La vie chronométrée, pleine d'obligations, de 5 fruits et légumes par jour, de factures et de rendez-vous de parents d'élèves ? On l'emmeeeerde. Bref, le monde manque d'espaces de liberté et d'absurdité et ç'en est un.

Pourtant fumer, c'est quand même débile. On sait bien au fond que, non, ça n'aide pas à se concentrer, ça n'aide pas à se détendre, ça n'aide pas à se donner un coup de fouet. C'est quand la même la seule drogue qui ne défonce pas. L'arnaque. Aucun service rendu, à part aux cigarettiers, capitalistes sans scrupules qui s'enrichissent sur mon cancer.

En février, j'ai donc arrêté de fumer pour la troisième fois. Sans patch, sans pétard, sans aide. Mais en prenant 3 kilos. Et puis merci les 3 kilos hein. Intégralement situés entre les cuisses et le nombril. Y'en a pas un peu qui aurait monter jusqu'aux seins, c'était trop demander ?

Et là, la maman qui fait partie de moi est vénère. Je n'ai pas perdu sept kilos et l'intégralité de ma masse musculaire après mes deux grossesses pour me retrouver avec une bouée à la place de mes abdos au moment du sevrage de nicotine. No way. Donc je vais me battre. Déjà ne pas recommencer à fumer, parce que, sinon, j'aurais juste gagné... trois kilos. Et puis les reperdre. Parce que la clope, c'est comme un amour de jeunesse. Quand on se revoit, on a besoin de lui prouver que, même sans lui, on est toujours aussi canon, voire mieux.

La lose du lundi

Quand je commence la semaine par envoyer à la babysitter un SMS pareil, je me dis que ça va être costaud.

Pour ma défense, Telemarket n'a pas livré mes courses et je ne vais jamais chercher ma fille le soir, donc je ne peux pas prendre les fringues sales. Je ne vais tout de même pas emmener ses culottes pleines de pipi au boulot.

 

 

La guerre des poux

On ne dit pas : “Ma fille a des poux” mais “Ma fille est revenue du parc avec des poux”. Parce que, vous comprenez, c’est déjà assez pénible de devoir avouer la chose. Donc c’est tout à fait important de souligner que l’innocente n’est que la victime de la vermine : les petits parasites intelligents er pervers ont sauté dans sa tête pour poursuivre leur noir dessein de conquête du monde.

Le problème après, c’est que, quand je regarde dans la tête de ma fille, je découvre que ça danse la salsa de partout, ce qui laisse présager que les poux n’étaient peut-être pas en embuscade dans le parc mais dans la tête de ma fille depuis un certain temps.

Le problème, c’est aussi d’avouer publiquement que ma fille a des poux. Vous crevez d’envie d'ajouter : “Mais moi, je n’en ai pas”, sauf que vous avez déjà un doute. Que la seule évocation des petites bêtes vous donnent une furieuse envie de vous gratter la tête. Et que de toute façon, toutes les personnes qui vous ont entendues ont déjà fait un pas en arrière.

Le problème, c’est de plaquer la gamine au sol pour lui mettre le Parapoux, vu que la gueuse, non contente d’être un nid à parasites, trouve que ça sent mauvais, le pschiit, et qu’il est hors de question qu’on lui colle ça dans la tête.

Je me console en me disant que ça m’arrive en été, ce qui m’évite de laver les bonnets, les manteaux, les écharpes et les pulls. Je n’ai qu’à changer les draps et les pyjamas. Mais je sens que ce n'est que partir remise. Le début d’une longue histoire passionnelle entre eux et nous, si je me fie à mon expérience personnelle.