Premiers bobos

Je devais avoir un peu moins de 5 ans, ce jour où ma mère est venue me chercher chez la nounou. Elles discutaient ensemble devant la maison quand j'ai trouvé malin de sauter par la fenêtre du rez-de-chaussée. Je voulais atterrir dans les bras de ma maman. Sauf qu'elle ne m'a pas vue et que je me suis vautrée comme une crêpe dans les graviers de la cour. Bilan : quelques points de suture au menton.

Mon fils a un peu moins de 5 ans et je n'étais pas au centre de loisirs quand il s'est vautré et ouvert la narine. Bon positif: je n'avais pas la tête tournée du mauvais côté quand il s'est fait mal. Point négatif: je n'étais pas dispo pour l'accompagner à l'hôpital. J'ai sué mon angoisse au taf en imaginant le visage déformé et affolé d'Ulysse.

Puis, je me suis rappelée à quel point j'étais fière, plus âgée, de ma balafre au menton. "Comme Indiana Jones", disait mon petit frère. Finalement, de mes passages à l'hôpital, je me souviens surtout des cadeaux que j'y ai reçus. Ce collier de fleurs en plastique violet et orange (vous trouvez ça hideux? C'était mon jeu fétiche) ou ce carnet de coloriages offert avec une barquette de fraises (important les fraises quand on mange à l'hôpital plusieurs jours). Et s'il n'en gardait qu'un bon souvenir?

Finalement, mon loulou n'a eu qu'un point de suture. A l'heure qu'il est, il regarde Shrek avec son papa et sait qu'il aura une glace au goûter. Petit joueur.

 

Et vous, vous vous souvenez des gamelles les plus flippantes ou les plus drôles de vos enfants?

 

La première fois que la police a parlé de mon fils

J'habite le 9-3 alors la police, je la déteste. Pas parce que je crois qu'elle ne fait pas son travail, mais à cause de ses sirènes. Mon appart se situe à deux pâtés de maison du commissariat, et j'entends, jour et nuit, les keufs  brancher leur alarme à chaque intersection et faire les cow-boys avec leur gyrophare. Ça énerve. Surtout la nuit. Surtout quand ils ont l'air de rentrer peinards du kebab d'à-côté avec juste l'envie de passer au feu rouge.

Mais hier soir, j'ai reçu un coup de fil de la police municipale "à propos de mon fils". Une seconde mon cœur s'est emballé. J'ai repensé à ces ados dégingandés en sweat à capuche, menottes aux poings, auxquels les flics font baisser la tête pour que leurs carcasses entrent dans le véhicule. Si, si, j'ai déjà vu ça en emmenant les enfants à l'école. Et moi qui vient d'acheter un sweat à capuche à mon fils.

Puis la jeune policière m'a expliquée qu'en patrouillant près du square de l'église, ils avaient trouvé un sac à dos (sur lequel j'ai pris soin d'écrire le nom de mon garçon et mon numéro de téléphone). "Je crois qu'il y a son doudou dedans", précise-t-elle, préoccupée, alors que l'heure de dormir se rapproche dangereusement. Derrière, un collègue éclate de rire. Et moi, j'ai une soudaine vague d'amour pour la police municipale.

Ce matin, le papa d'Ulysse lui a expliqué que la police n'attrapait pas que des méchants. Mais aussi des sacs à dos.

Mon petit soulier

(Attention, post mièvre)

J’ai 4 ans et c’est l’hiver. J’émerge lentement du sommeil sous ma couette quand je réalise: c’est Noël ! Mes yeux s’ouvrent tout de suite bien grands, je saute à pieds joints en dehors de mon lit et je cours jusqu’au sapin pour déchirer tous les papiers cadeaux des paquets qui sont censés m’appartenir.

Deux ans plus tard, mon frère m’annonçait que le père Noël n’existait pas (il s’en est mordu les doigts si je puis dire, puisque je lui en planté mes canines dans le torse jusqu’à se qu’il saigne). Depuis, Noël n’a plus vraiment la même saveur. Certes, il y a encore eu de nombreuses années de cadeaux, mais quand même, la magie avait un peu disparu.
IMG_9137.JPGCa doit être pour ça que j’achète le sapin dès les premiers jours de décembre (j'avoue, fin novembre certaines années), que je le décore avec passion, que je fais des biscuits de Noël et que je vais me mettre en quête de fausse neige cette année pour faire des pochoirs sur les fenêtres.
C’est pour ça aussi que je mens effrontément à mes enfants en leur faisant croire au Père Noël. Déjà, ça fait toujours un marchandage possible en cas de caprice: "Si tu n’es pas sage, le Père Noël ne va pas t’apporter beaucoup de cadeaux." Pour les familles qui ne croient pas en Dieu, il est bon remplaçant.  Mais surtout, c’était tellement cool d’y croire. J’ai poussé le vice jusqu’à faire une lettre au Père Noël avec mon grand. En plus, c’est pratique pour la liste de cadeaux. (Pour la petite, c’est plus simple, elle se balade avec le catalogue de jouets invariablement bloqué à la même page. Et dès que le catalogue se referme, elle répète "bébé, bébé", jusqu’à ce que je retrouve la page des poupées.)
La gourmandise du regard de mon loulou me ravit quand il me parle de l« énoorme » hotte du Père Noël. Toutes mes résolutions cartésiennes s’évanouissent à l’esquisse de son sourire. Et je sais bien qu’au fond de moi, lui faire croire au Père Noël me fait encore plus plaisir qu’à lui.

Dimanche, quand il protestait en répétant "Mais j’ai même pas eu le temps de jouerrrrr" après un après-midi de Playmobil, son père s’est retourné vers moi en lâchant: "J’ai envie d’avoir 4 ans." C’est exactement ça. Ne penser ni à la dette européenne, ni à Brice Hortefeux par exemple. Me réveiller au chaud sous ma couette et de réaliser d’un coup: "C’est Noël!"