© Emma Defaud

Ce que les enfants m'ont apporté

Okay, j'ai daubé en début de semaine en racontant à quel point être parent entraîne des sacrifices. Quelques malins m'ont demandé pourquoi en avoir fait (parce que je ne savais pas, et parce que, c'est comme Sega, c'est plus fort que toi) et d'autres m'ont dit qu'elles hésitaient encore plus à passer à l'acte. Plusieurs ont crié au scandale, sans comprendre que lister ce que je sacrifie ne signifie pas que je le reproche à mes enfants, ni même que je prétends me sacrifier.

Mais il ne serait pas complètement juste de ne pas faire un deuxième post à propos de toutes les choses que mes enfants m'ont apportées.

De la sérénité (eh oui...)

Quand je rentrais du taf avant, je pouvais avoir une insomnie à cause d'une faute laissée dans un titre (je suis journaliste). Aujourd'hui, ça m'angoisse, mais quand je suis à la maison, j'ai vraiment d'autres chats à fouetter. Bref, on relativise (un peu).

Des connaissances

Non, je ne parle pas de l'usage du mouche-bébé ou de l'anatomie de mon appareil reproductif. Vraiment, j'apprends plein de choses. Au travail, je suis la plus forte sur les dinosaures, et j'en connais un rayon sur les volcans, les animaux de la banquise ou l'espace.

Retourner en enfance

Je peux faire des constructions en Lego en toute impunité. Je regarde plein de dessins animés et de films pour enfants, et quand on est triste parce que Beethoven va se faire piquer, on se serre les uns contre les autres. On fait des grands coloriages, comme ceux du très chouette magazine Bonbek. On fait semblant de se battre sur le futon et on doit se délivrer de l'emprise de l'autre. Des fois, je fais même du toboggan.

© Emma Defaud

© Emma Defaud

De l'estime de soi

Certes, je suis arrivée au boulot avec de la morve sur l'épaule, mais quel bonheur d'être la plus forte parce qu'on a ouvert un bocal de confiture. Quel plaisir de s'apercevoir qu'on a fait des progrès en dessin depuis notre maternelle à nous. Savoir lire, ça paraît d'autant moins inné quand on a un fils qui s'arrache la bouche sur chaque syllabe. Leurs yeux plein d'émerveillement pour une simple cocotte en papier fait du bien à l'âme.

De l'amour et des rires

- Quand je pars le matin, ma fille me fonce dessus pour un dernier câlin avec tellement de force que je manque de tomber.

- Mon fils lit des histoires à sa petite sœur.

- Je fais plein de cookies, des lasagnes, des muffins le week-end.

- Je lis Harry Potter à voix haute à mon fils et je vois toutes ses émotions sur son visage.

- Quand ma fille est dans le siège bébé du vélo, elle chante Raiponce à tue-tête avec des paroles inventées et des accords approximatifs : "Et elle boiva la potion magique et mouraâââh." Tout le monde se retourne dans la rue.

- J'ai des milliers de câlins et de bisous (avec quelques coups de coude dans les cotes).

Je vous présente Doudou petit. © Emma Defaud

La caresse d'un doudou

Cette vidéo, j'ai essayé de la faire deux ou trois fois. Mais ce sont des moments qui s'épanouissent dans la pénombre, quand les volets sont baissés et les idées ralenties. Et quand je rejoue les images, je n'ai capté que du noir, mon émerveillement n'est pas sur la bande d'enregistrement.

Je voudrais pourtant graver dans ma mémoire ces moments, ne pas oublier ce petit bout de leur enfance qui est comme une signature, aussi personnel qu'une empreinte digitale. Ils sont en train de tomber dans le sommeil et touchent leur doudou. Des petits gestes qui ne leur appartiennent qu'à eux, une façon de faire des câlins, de bouger le doigt, de se caresser le visage qui définit à quel point cet instant d'ensommeillement est doux, confiant (visiblement, le mot ensommeillement n'existe pas, mais bon).

Pour ma fille, c'est un lapin. Il y a "doudou gros", un cadeau de naissance, et "doudou petit" qu'on a racheté pour en avoir deux (mais elle préfère doudou gros). Quand je tente de réveiller Dalva et qu'elle lutte pour rester dans son sommeil, elle attrape l'oreille de son lapin et elle la fait glisser lentement entre ses doigts. D'abord entre l'index et le majeur puis entre le majeur et l'annulaire... Ou elle prend le bout de l'oreille et se caresse la bordure de la lèvre avec.

Petits bouts d'eux

Pour mon fils, c'était un "finfin", aussi appelé "doudou tissu". Ces couches de l'ancien temps qui n'ont jamais servi que de compagnon de sommeil chez nous. Il faut que le doudou soit sale de plusieurs jours. Un doudou qui sort de la machine est toujours mal aimé, il doit traîner un peu partout, perdre de sa propreté, sentir un peu la nuit. Il devient alors le plus précieux des biens. Ulysse en faisait une boule, un petit nuage, quand le doudou était devenu tout doux. Et dans son sommeil, il effleurait son visage avec, par des petits allers-retours, comment de petits tamponnements. Mon fils pouvait être tout à fait endormi, avec un bras en l'air pour poursuivre la caresse du doudou sur son visage.

Ulysse a déjà passé l'âge. Le doudou déchiré sert maintenant de cape de super-héros ou de paréo à ma fille. Et moi, j'écris ces miettes de souvenirs, pour ne pas oublier ces petits bouts de ce qu'ils ont été.