Confession

C'est peut-être ces trajets trop longs, la trace de l'habitude ou l'âge qui avance... Aucun argument ne suffit à lui seul mais, cumulés, ils finissent par peser. Je pourrais avancer les mêmes motifs pour annoncer un divorce, mais non, ce que je veux vous dire n'a pas grand chose à voir. Je ne suis plus une mauvaise mère.

Les enfants abiment certains couples, installent le désamour. Chez moi, ils ont éveillé toute une palette de sentiments. D'abord, la colère, l'insatisfaction, souvent la jalousie et parfois le regret. Je leur en ai voulu de ne plus m'autoriser à être moi et seulement moi. J'aurais pu être une excellente professionnelle sans ce fil à la patte. Une meuf incroyablement drôle et dépravée si j'avais eu le temps. Une intellectuelle exigeante sans ce dérangement incessant. À la place, j'ai fait comme les autres : des enfants.

Je leur en ai voulu de me prendre tout ce temps. En plus, ce n'est pas comme si c'était la grosse poilade en leur compagnie. Même six ans après, les bébés m'emmerdent. Je n'ai rien contre le fait de porter le mouflet d'une copine pendant une heure, et je veux bien changer une couche, mais passer la journée à garder un crapaud dont la seule interaction est de me tenir le petit doigt, ça me rend folle. Des dizaines de fois, j'ai rêvé d'être ailleurs qu'à la maison/au parc avec mon bébé.

Puis, mes enfants ont grandi et j'ai découvert d'autres sentiments. Désormais, il m'arrive de préférer passer du temps avec eux qu'avec mes copines. J'aime leur vivacité, et ils sont tellement drôles, même si c'est souvent à leur dépend. Je trouve que mon fils est le plus attachant des petits garçons de 6 ans et quand ma fille dessine deux fleurs du haut de ses 3 ans, j'ai la certitude qu'elle finira présidente de la République ET peintre. Comme tous les parents.

Mate les fleurs, comme elles sont trop réussies (j'ai colorié les pétales roses).

Peut-être que le temps des regrets est fait pour prendre fin quand commence les premiers souvenirs des enfants. Ils ne se souviendront pas qu'ils me gonflaient.

Vis-à-vis de vous, j'ai un peu honte. J'ai commencé par ouvrir une rubrique "billet doux" en catimini. Puis les lecteurs les plus assidus ne m'ont pas loupée : "pas très mauvaise mère ce post", "han, traitresse". Je me suis demandée si j'allais fermer le blog. Mais je ne vais pas me forcer à oublier mes gamins sur un parking en plein soleil pour garder mon label "Mauvaise mère". Et puis, c'est plutôt une bonne nouvelle pour toutes les mauvaises mères d'avoir la confirmation que le plaisir finit par prendre le dessus. Alors je garde mon blog encore un petit peu. J'ai encore tellement de choses à raconter.

Fête des mères 2012

Les maîtresses pensent-elles que c'est ce jour-là que les parents d'élève déterminent si elles ont mérité un cadeau de fin d'année ?

En tout cas, je suis stupéfaite d'avoir éviter depuis trois ans les cadeaux de merde. Le cru 2012 est particulièrement charmant. Trois petits mots d'amour dans un pot de confiture. J'ai surtout été bluffée que mon fils écrive en attaché. Ce n'est que plus tard que j'ai pris conscience que je pourrais même vraiment utiliser ce pot dans la vraie vie. Un cadeau qu'on ne dissimule même pas en mode "Il a disparu, mon chaton, je ne sais vraiment pas où il est passé. Tu crois qu'il y a des lutins dans la maison?" Un cadeau de fête des mères utile : toutes mes certitudes volent en éclats.