La première fois que la police a parlé de mon fils

J'habite le 9-3 alors la police, je la déteste. Pas parce que je crois qu'elle ne fait pas son travail, mais à cause de ses sirènes. Mon appart se situe à deux pâtés de maison du commissariat, et j'entends, jour et nuit, les keufs  brancher leur alarme à chaque intersection et faire les cow-boys avec leur gyrophare. Ça énerve. Surtout la nuit. Surtout quand ils ont l'air de rentrer peinards du kebab d'à-côté avec juste l'envie de passer au feu rouge.

Mais hier soir, j'ai reçu un coup de fil de la police municipale "à propos de mon fils". Une seconde mon cœur s'est emballé. J'ai repensé à ces ados dégingandés en sweat à capuche, menottes aux poings, auxquels les flics font baisser la tête pour que leurs carcasses entrent dans le véhicule. Si, si, j'ai déjà vu ça en emmenant les enfants à l'école. Et moi qui vient d'acheter un sweat à capuche à mon fils.

Puis la jeune policière m'a expliquée qu'en patrouillant près du square de l'église, ils avaient trouvé un sac à dos (sur lequel j'ai pris soin d'écrire le nom de mon garçon et mon numéro de téléphone). "Je crois qu'il y a son doudou dedans", précise-t-elle, préoccupée, alors que l'heure de dormir se rapproche dangereusement. Derrière, un collègue éclate de rire. Et moi, j'ai une soudaine vague d'amour pour la police municipale.

Ce matin, le papa d'Ulysse lui a expliqué que la police n'attrapait pas que des méchants. Mais aussi des sacs à dos.