C'est une info de L'Opinion : Cécilia Attias, ex-Sarkozy, sort mi-octobre chez Flammarion une autobiographie, dont les bonnes pages seront publiées dans Le Point.
Joli coup pour la maison d'édition de Teresa Cremisi, qui truste la plupart des grosses sorties politiques de la rentrée (le livre d'Arnaud Montebourg sur le "Made in France", celui de Pierre Moscovici, annoncé par sa compagne pour mi-octobre, enfin celui de Jean-Luc Mélenchon s'il rend sa copie attendue). Pourquoi la sortie du livre de Cécilia s'annonce-t-elle à priori porteuse en termes de vente ?
1 Parce qu'elle a côtoyé le pouvoir
Petit rappel : qui est Cécilia, née Ciganer, 56 ans le 12 novembre ? Un ancien "mannequin cabine" de Schiaparelli qui a épousé successivement, en 1984, l'animateur Jacques Martin, puis, en 1996, le maire de Neuilly Nicolas Sarkozy (qui l'avait marié à Jacques Martin), puis, en 2008, Richard Attias (qui avait organisé au Bourget en 2004 le congrès portant Nicolas Sarkozy à la présidence de l'UMP).
Mariés à trois noms emblématiques de la télé triomphante, du pouvoir politique hexagonal et de la communication événementielle mondiale, Cécilia Attias a beaucoup à dire sur les coulisses du pouvoir audiovisuel, politique et publicitaire (dans cet ordre-là).
Si son "autobiographie" aborde franchement ces univers, elle tiendra une partie de sa promesse au lectorat.
2 Parce qu'elle répondra à ceux qui l'accusent d'avoir fait perdre Nicolas Sarkozy
C'est évidemment sur la période du début de quinquennat de Nicolas Sarkozy que l'ouvrage est le plus attendu. D'autant que l'ex-première dame (même si l'appellation est peu protocolaire) a sûrement quelques comptes à régler.
Souvenez-vous du livre de Catherine Nay, L'impétueux, paru en 2012 et dont L'Express avait publié les bonnes feuilles. La journaliste d'Europe 1 expliquait que le 6 mai 2007, jour de l'élection présidentielle, avait été "le jour le plus triste" de la vie de Nicolas Sarkozy puisque sa femme s'apprêtait à le quitter.
Pour ses thuriféraires, l'image bling-bling de Président des riches qui a collé à la peau de Nicolas Sarkozy pendant tout le septennat doit beaucoup à Cécilia.
La soirée du Fouquet's avec le gratin du CAC 40 ? C'était elle qui l'avait voulue (ce qu'a démenti Richard Attias dans un entretien au Parisien). Le séjour en Méditerranée sur le somptueux yacht de Vincent Bolloré ? Choisi pour éblouir l'épouse infidèle, selon l'entourage de l'ancien chef de l'Etat. Les vacances américaines à Wolfeboro, si décriées ? Encore et toujours pour regagner son coeur.
Cécilia Sarkozy devrait livrer une version différente. La suite a montré, en tout cas, qu'elle était déterminée à quitter les ors de l'Elysée, leur préférant désormais les quartiers et soirées chics de New York.
3 Parce qu'elle va peut-être éclaircir quelques mystères
Va-t-elle révéler des secrets d'Etat ? Probablement non, mais "elle est très attendue, écrivent dans L'Opinion les journalistes Ludovic Vigogne et Raphael Legendre, sur "sa version de la libération rocambolesque des infirmières bulgares retenues par Kadhafi."
Retour en arrière : en juillet 2007, "Sarkozy s’active pour persuader Kadhafi de libérer les infirmières. Il a impliqué son épouse Cécilia, qui multiplie les voyages à Tripoli pour amadouer le Libyen", rappelle Les Inrocks.
Cécilia Attias fera-t-elle un récit inédit de ces tractations ? Celles-ci marquent le rapprochement entre les deux dirigeants, dont l'apothéose fut la venue à Paris de Mouammar Kadhafi, avec tentes plantées à son intention dans le parc de l'hôtel Marigny.
Signalons au passage que les relations entre Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi, closes par la guerre en Libye et l'exécution du chef de l'Etat libyen, sont scrutées à la loupe dans un ouvrage signé Catherine Graciet (Sarkozy- Kadhafi, Histoire d'une trahison, Seuil). La journaliste y développe la thèse d'un financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par Kadhafi, explique ici Sud-Ouest.
4 Parce les "femmes de" font souvent un carton en librairie
Allez savoir à quel sentiment douteux ça s'accroche, mais le côté "femmes de " (ou "compagne de ") fait souvent un carton en librairie. L'automne dernier, les ouvrages consacrés à Valérie Trierweiler (La Frondeuse, Entre deux feux...) avaient été des best-sellers.
D'autant que, signés par des journalistes, ils avaient été pimentés de révélations (plus ou moins étayées). Cécilia Sarkozy peut-elle se permettre de publier une autobiographie réellement sulfureuse alors qu'un lien fort -Louis, seize ans - la relie encore à son ex-époux ? Il est permis d'en douter, mais dans le cas contraire, on s'en fera l'écho ici même.
En termes de communication, la sortie de l'ouvrage est des plus cadrées. Elle n'a pas été confiée au service de presse de Flammarion, mais à Influences, une agence qui travaille -tiens donc- avec Richard Attias. Proche de l'auteur, et grand expert en pub.