La bataille du made in France d'Arnaud Montebourg sort mercredi en librairie à 30.000 exemplaires, dans un format quasi-poche et au prix très compétitif de 5 euros. Le ministre du Redressement productif s'y livre à un plaidoyer pour la restauration en France du tissu industriel, à une défense de son bilan et à un véritable réquisitoire contre les ennemis du "fabriqué en France".
Accusés, levez-vous ! Extraits, par ordre d'entrée en scène :
La direction du Trésor (du ministère des Finances)
"Bercy ? Un lieu peuplé de gens dévoués et honnêtes, à l'esprit supérieur, qui souffrent indéniablement d'avoir trop de pouvoir. La Direction générale du trésor et l'Inspection générale des finances appartiennent à ces lieux où se cultivent ...l'arrogance, cette maladie sociologique des grands corps de l'Etat qui reproduit un esprit aristocratique remontant du fond des âges."
Conséquence de cet entre-soi coupé des réalités populaires, selon l'élu de Saône-et-Loire ? "La pensée distillée au fil des notes, expertises et recommandations par la Direction du Trésor est toujours la même depuis vingt-cinq ans, à savoir indécrottablement libérale et profinancière".
Et de porter l'estocade : "(Ses) préférences" (de la Direction du trésor) ont "entraîné des choix politiques qui font, aujourd'hui, que notre base productive et industrielle se voit réduite à 11,2% de la richesse nationale, quand les Anglais (que nous n'avons jamais cessé de présenter comme les contre-exemples de la désindustrialisation) sont à 12,9%, les Italiens (bénéficiaires d'une force manufacturière très résistante) atteignent 16,4%, et les Allemands restent au niveau très élevé de 23,3%." (chiffres extraits du rapport Louis Gallois, "Pacte pour la compétitivité de l'industrie française".).
L'OMC
Autre adversaire exécuté en quelques phrases : l'OMC. Pourquoi ? Parce que "la mondialisation marchande, l'oeuvre -condamnée- de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC), a besoin du secret de l'origine pour mener à bien son dessein contestable : mettre en concurrence tous contre tous"
"L'inclination patriotique est donc, pour l'OMC, à proscrire. Le langage utilisé le prouve puisqu'on parle alors de "distorsion de concurrence." La preuve ? "La rédaction choisie par l'institution qu'est l'OMC ne souffre d'aucune ambiguïté : "Le marquage d'un produit ne peut pas avoir d'effet de restriction, de distorsion ou de désorganisation du commerce mondial".
L'Union européenne
Le fin politique joue sur la fibre souverainiste pour dénoncer l'Union européenne qui "prohibe jusqu'ici" "toute réglementation nationale imposant le marquage obligatoire de l'origine d'un produit. Ainsi, si le gouvernement français prenait l'initiative d'imposer un marquage made in France à ce qui est fabriqué sur son sol, cette législation serait rejetée par la Commission européenne et la loi devrait être abrogée !".
Et de déplorer que l'Union européenne ne prenne pas davantage exemple sur les Etats-Unis, "pays où le patriotisme économique et l'économie de marché vivent heureux tel un vieux couple, et où la société et l'Etat font cause commune". Il cite à l'appui "l'acte fondateur de la politique des marchés publics américain", "oeuvre du président Roosevelt" : le "Buy American Act". "Une loi qui permet d'imposer aux administrations de l'Etat fédéral ainsi qu'aux Etats fédérés d'acheter uniquement des productions localisées Made in America."... Et de préciser : "Plus tard est arrivé le "Small Business Act", qui réserve une part des marchés publics aux PME américaines."
A l'inverse, estime-t-il, "en Europe, les vannes sont totalement ouvertes. Nos concurrents ont trouvé dans nos marchés publics un potentiel de taille : 312 milliards d'euros annuels" ," face à "des continents concurrents qui "n'appliquent pas la même règle du jeu".
Du côté des alliés inattendus, Michel Sardou ...
L'auteur annexe aussi des alliés inattendus. Comme le député UDI de Seine-et-Marne Yves Jégo, auteur de "propositions pertinentes" sur la question du marquage. Ou comme -surprise- le chanteur Michel Sardou, dont quelques paroles de la chanson J'habite en France sont placées en exergue du troisième chapitre ("Mais la France c'est aussi un pays/Où il y a quand même pas cinquante millions d'abrutis"...). Et comme -enfin- les patrons de plusieurs enseignes de grandes distribution -Leclerc, Intermarché, Casino ...- prêts à appliquer "l'étiquetage patriotique".
Qu'on se le dise, affirme son inlassable promoteur, le Made in France est en marche, d'autant qu'on assisterait à "un rétrécissement de la mondialisation" car les lieux de production se rapprocheraient désormais des lieux de consommation. Le livre se conclut par la liste des "34 plans industriels de la nouvelle France" et par un vibrant appel à "se retrousser les manches" et servir les intérêts de tous "par préférence au sien". Après Roosevelt, des accents à la Kennedy.
-> La bataille du Made in France, Arnaud Montebourg, Flammarion (5 euros. En format numérique, 2,99 euros).