La cueillette du raisin bat son plein. Les vendanges ont démarré depuis un bon mois, comme traditionnellement, dans le sud de la France avec les muscats dans le Roussillon et le Languedoc.
La vigne est une plante qui produit un fruit, le raisin, qui, comme tous les fruits, se cueille à maturité. Pour en arriver là voyons quelles sont les principales étapes qui se répètent chaque année.
Cela commence au début du printemps par le débourrement , lorsque les températures augmentent. A ce stade les écailles protectrices du bourgeon tombent, les premières feuilles apparaissent et le rameau, avec ses raisins déjà formés, commence à pousser. Le stade suivant (généralement entre fin mai et courant juin) est la floraison. La baie de raisin est en effet issue d'une fleur qui doit être fécondée. Plus tard c'est la véraison qui marque le début de l'évolution des baies qui vont grossir, se colorer et devenir translucides. De la véraison à la maturité les sucres vont s'accumuler dans les baies et l'acidité, qui jusque là avait petit à petit augmenté, va progressivement diminuer. Ces évolutions se réalisent grâce aux échanges entre la plante et son fruit. Lorsque ce dernier est mûr la plante arrête ces échanges . Ainsi, pour repérer le stade de maturité, le viticulteur va périodiquement analyser les taux de sucre et d'acidité dans le raisin. On considère que ce dernier est mûr lorsque ces paramètres n'évoluent plus. Autrefois, sans ces moyens d'analyse, on évaluait la maturité en dégustant le raisin et en observant les pépins qui brunissent.
Le raisin, qui est à présent mûr, peut être cueilli. Aujourd'hui cette cueillette peut se faire de deux manières différentes, à la main comme cela s'est toujours fait ou à la machine à vendanger comme cela se pratique depuis une trentaine d'années.
Comment et pourquoi est arrivée la machine ?
De tous temps on cherche à mécaniser les tâches manuelles dans tous les domaines et les travaux de la vigne et de vinification n'y échappent pas. Le tracteur a remplacé le cheval, le pressoir horizontal automatique a remplacé le pressoir vertical actionné à la main, etc........La machine à vendanger est apparue il y a un peu plus de 30 ans à l'époque où les candidats vendangeurs cherchaient un travail rémunéré, souvent pour cause de chômage. Prenez une exploitation de 30 hectares ou plus, il faut 50 à 80 vendangeurs pour une cueillette manuelle alors qu'avec la machine 3 personnes suffisent. L'économie conséquente de charges salariales permet l'investissement dans une machine et assure un amortissement rapide. Ceci explique pourquoi, dans les premiers temps, la machine à vendanger était achetée par les grandes exploitations.
Vaut-il mieux vendanger à la main ou à la machine ?
Vaste débat. Pour vous aider à forger votre opinion, voyons quels sont les avantages et les inconvénients des deux procédés.
Vendange manuelle :
- Avantages : la vendange manuelle permet le respect de l'intégrité des grappes. Elle permet de faire le tri sur souche, à savoir, éliminer de suite les parties altérées du raisin si nécessaire. Elle permet la récolte dans des parcelles difficiles d'accès.
- Inconvénients : la cueillette est lente, il faut une main d’œuvre nombreuse qui demande un encadrement car il y a des règles à respecter comme éviter les feuilles et les débris de bois. Une irrégularité de la présence et/ou de la disponibilité des vendangeurs. Le coût est élevé, il représente 800 à 1000 € par hectare.
Vendange à la machine :
- Avantages : l'intervention est rapide. Elle permet une souplesse dans le calendrier de récolte, comme la possibilité d'interruption un jour de pluie ou, dans les vignobles à plusieurs cépages, ces derniers n'arrivant pas à maturité en même temps, elle permet d'attendre la bonne maturation de chaque cépage. Dans les régions chaudes comme la Provence, par exemple, la machine permet la récolte de nuit afin que la température des raisins ne soit pas trop élevée ce qui risquerait de perturber les fermentations à venir. La technologie des machines progresse et une machine bien réglée respecte la qualité de la vendange. Le coût est raisonnable, il représente 200 à 400 € par hectare.
- Inconvénients : on n'est pas à l'abri d'une défaillance mécanique. Le vignoble doit être préalablement préparé et adapté à la mécanisation pour permettre l'accessibilité à la machine. La machine n'élimine pas les grappes pourries, il faut donc prévoir une table de tri à la réception des raisins. Il est parfois nécessaire de prévoir une protection contre l'oxydation du raisin. L'utilisateur de la machine a besoin d'une formation à la conduite et à l'entretien. Tous les cépages n'ont pas la même aptitude à la récolte mécanique, selon la variété les baies et les sarments sont plus ou moins fragiles, les grappes sont plus petites ou plus longues. Si les cépages cabernet, mourvèdre ou riesling s'adaptent très bien, il n'en est pas de même pour le pinot noir ou l'ugni blanc, par exemple. Enfin, le décret de certaines appellations comme Beaujolais, Champagne ou Crémant ne permet pas l'utilisation de la machine car il impose la cueillette des grappes entières or la machine procède par secouage du pied de vigne et ne recueille ainsi que les baies, les rafles restent accrochées à la vigne.
Vendange manuelle ou mécanique ? Je sais que les avis sont partagés. Il faut savoir qu'en 2000, 60% du vignoble français était récolté à la machine. De plus, avec les avancées technologiques, les machines modernes sont devenues performantes en terme de qualité de récolte et les études comparatives récentes ne révèlent pas de différences qualitatives significatives. Maintenant il est des endroits où la machine n'est pas prête d'opérer comme par exemple dans le Grand Cru « Rangen » en Alsace où le pourcentage de pente oblige parfois les vendangeurs à cueillir en rappel. De même il n'y aura pas de machine dans le vignoble de Lusciano, commune de la région de Campanie en Italie, où les vignes poussent le long des peupliers et pour cueillir les raisins les vendangeurs montent sur des échelles à 20 mètres de hauteur.