Les catastrophes naturelles sont redoutées par tous y compris par les viticulteurs. La dernière subie par ceux-ci en France a été le gel exceptionnel qui a touché l'ensemble des vignobles français et sa production.
Il y a moins de deux mois, ce fut au tour des États-Unis de connaître la sienne, inédite et sans précédent. Il s'agit, en effet, des incendies qui ont ravagé la Californie et qui n'ont pas épargné les vignobles. C'est l'incendie le plus meurtrier depuis celui de Los Angeles en 1933. Baptisé « Tubbs Fire » il a touché plusieurs Comtés de l’État dont ceux de Napa et Sonoma où se trouvent les vignobles les plus réputés du pays pour leurs crus.
C'est un coup dur porté à la Californie qui produit 85% des vins américains et rappelons que sa viticulture génère 46 000 emplois locaux et 13 milliards de dollars de revenus dans le seul Comté de Napa.
Les dégâts sont considérables, des vignobles renommés comme comme ceux de Signorello Estate et William Hill Estate à Napa il ne reste que des gravats fumants et des bouteilles noircies. La célèbre propriété Stag's Leap Cellars, dont la renommé mondiale date de 1976 lorsqu'elle a surclassé des grands crus français dans un concours appelé « jugement de Paris », a du être évacuée. D'autres exploitations comme celle de vins biologiques Frey ont été totalement ou partiellement détruites.
Au-delà des grands groupes comme E & J Gallo, Constellation, Wine Group ou Jackson, de nombreux investisseurs, notamment français, ont misé sur ces terroirs de qualité. Citons Opus One, un des plus prestigieux domaines de la Napa, qui est né d'une association entre Robert Mondavi et le groupe Baron Philippe de Rotschild. Citons également Bernard Magrez et les maisons champenoises Taittinger, Roederer, le groupe Moët Hennessy avec Newton qui se sont implantés il y a quelques années.
Dans leur malheur, les exploitants ont eu un peu de chance : la forte vague de chaleur qui est en partie la cause des incendies a par ailleurs poussé les viticulteurs à avancer et à accélérer la cueillette des raisins pour éviter la sur-maturation. Selon l'association des vignerons de la Napa (Napa Valley Vintners Association) les ouvriers agricoles avaient presque terminé les vendanges au début des incendies. Seuls les cépages Cabernet et Merlot, qui donnent les vins les plus réputés et les plus chers, sont récoltés tardivement et ne l'étaient à ce moment là qu'à 50%.
L'ampleur de la catastrophe est résumée par les mots de Christian Butzke, professeur d’œnologie à l'école agricole de Purdue : « je travaille dans la région depuis 25 ans, mais je n'ai jamais rien vu de la sorte ». Il dit également qu'il va falloir de nombreuses années pour replanter les arpents détruits.
Toute la profession et en particulier l'Union des Œnologues de France par le biais de son président, Cyril Payon, est solidaire et de tout cœur avec les vignerons de Californie.