L'homme fait du vin depuis des millénaires et l'a toujours conditionné dans un contenant qui a évolué et changé au fil du temps. C'est ainsi que les grecs et les romains ont utilisé des amphores, les celtes, eux, préféraient mettre le vin en tonneau. Le tonneau servira au stockage et au transport du vin dans nos vignobles jusqu'au début du 18ème siècle, époque où apparut la bouteille fabriquée par les verriers anglais.
Un édit royal de 1728 va autoriser le transport du vin en bouteilles interdit jusque-là. Cette disposition marquera le début de la production de champagne qui ne pouvait pas se faire en tonneau mais la mise en bouteilles dans les autres régions ne se fera que progressivement dans le temps. Le premier domaine a mettre toute sa récolte en bouteilles sera le Château Mouton Rothschild en 1914.
La tendance actuelle ?
A la fin des années 70 apparaît aux Etats-Unis un nouveau contenant appelé « Bag-in-box » ou plus communément « Bib ». Petit rappel, le Bib est une poche en plastique souple placée dans une enveloppe en carton. Avant son remplissage la machine fait le vide d'air dans la poche pour protéger le vin contre l'oxydation et au fur et à mesure où l'on tire le vin la poche se rétracte, il n'y a aucune entrée d'air.
Il y a quelques temps, dans un texte à ce sujet, je pronostiquais que le Bib n'était pas près de remplacer la bouteille. Il semblerait qu'aujourd'hui cela soit moins sûr. En effet, il ne cesse de se développer, entre 2006 et 2016 la part de marché du Bib, en volume, est passée de 14% à 38%.
Florence Decok, responsable marketing de Smurfit Kappa, leader mondial de l'emballage à base de papier et fournisseur de cartons pour Bib, estime que d'ici quelques années la moitié du vin vendu en GD (Grande Distribution) devrait l'être dans un Bib en constatant que les grands metteurs en marché investissent dans de nouvelles lignes de conditionnement. Le cabinet d'études international Euromonitor va même plus loin en estimant que cet objectif sera atteint dans cinq ans.
D'après les données communiquées par FranceAgrimer, le Bib occupe un segment milieu de gamme en GD. Les IGP (Indication Géographique Protégée) de cépages occupent 37% des ventes, les AOP (Appellation d'Origine Protégée) 24%, les IGP standards 19%, les vins sans IGP (France + UE) 15% et les pays tiers 5%. Les vins rouges prédominent en Bib avec 49% devant les vins rosés à 41% et les vins blancs à 10%. Bruno Peyre, responsable des ventes France chez Jeanjean affirme que que la moitié des volumes de vins rosés est vendue en Bib. FranceAgrimer souligne que le Bib reste la locomotive du marché national avec un nombre croissant de ménages qui achètent en Bib.
La réussite s'explique par le coté pratique, les longs délais de conservation et un coût de production qui permet de vendre le vin 15 à 20% moins cher qu'en bouteille.
Par ailleurs le Bib devient de plus en plus présentable, il ne reste plus caché dans la cuisine, les metteurs en marché investissent aussi dans le packaging. L'emballage est parfois réalisé par des artistes et des designers. Pour voir la couleur du vin comme au travers du verre d'une bouteille, la maison Skalli a lancé un format 4 litres doté d'une ouverture de chaque côté.
Côté cavistes
Bibovino, une enseigne de caviste qui ne diffuse que du vin en Bib, milite pour lui donner ses lettres de noblesse. Frantz Roesch, le promoteur de l'enseigne, a lancé un Côte-Rotie après avoir déjà proposé un Saint-Emilion en 3 litres.
Les formats
Les 3 et 5 litres représentent près de 90% du marché en volume. Mais les Bib de 2,25 litres (équivalent de 3 bouteilles) ont été les plus dynamiques en 2015 avec une progression de 51% en volume. Il est moins cher, plus compact, donc plus facile à caser dans le réfrigérateur.
Pour conclure sur cette percée du Bib, citons un sondage d'OpinionWay selon lequel, en 2016, 53% des français seraient ravis qu'un convive apporte un Bib à l'occasion d'un repas ou d'une soirée.