Comme chaque année nous voici arrivés dans la période où le raisin mûr doit être cueilli. A part quelques rares exceptions comme 2016, force est de constater que depuis plusieurs années cette période se situe de plus en plus tôt dans la saison. Tout ceci nous ramène au réchauffement climatique, seule explication valable à ce phénomène qui est bien réel. En effet, comme j'ai déjà eu l'occasion de l'écrire, j'ai bien connu la période des vendanges dans ma jeunesse en Alsace, vignoble dans lequel je suis né, entre la fin des années 50 et le début des années 70 et à cette époque là elles se situaient toujours entre le 10 et le 20 octobre en moyenne.
Que dire de cette récolte 2017 ? On peut parler justement des dates de début de vendanges dans les différentes régions mais aussi des prévisions de volume de production lié beaucoup aux aléas climatiques de l'année.
Pour ce qui est des volumes on peut se baser sur les estimations de l'Agreste qui est le service statistique du Ministère de l'Agriculture. Ces estimations, parues le 21 août dernier, établissent la récolte de vin à venir à 37,2 millions d'hectolitres. Ce volume est en baisse de 18% par rapport à celui de 2016 et de 17% par rapport à celui des cinq dernières années.
Ces chiffres représentent bien entendu une moyenne, certaines régions constatant une baisse plus importante et d'autres moins.
Cette baisse est particulièrement due aux gelées de printemps qui ont fortement affecté la production du sud-ouest, surtout le Bordelais, des Charentes, du Jura et de l'Alsace. C'est ensuite la sécheresse et la grêle qui ont surtout fait baisser les volumes dans le sud-est, le Languedoc ; la Corse et le Beaujolais.
La récolte 2017 est dores et déjà jugée historiquement basse, même inférieur à celle de 1991 qui avait déjà subi des gelées sévères.
La bonne nouvelle, cependant, pour les viticulteurs c'est que la plupart des vignobles sont cette année sans maladies grâce à des conditions climatiques chaudes et sèches.
Venons-en aux dates de vendange. Toujours d'après l'Agreste, l'avance du cycle de la vigne se maintient à 10 et 15 jours. D'ailleurs les premières vendanges ont commencé précocement en zone méditerranéenne.
Qu'en est-il dans les régions principales ?
En Champagne : Peu de maladies dans les vignes. Les vendanges ont débuté le 26 août avec une avance de 10 jours par rapport à la moyenne des 10 dernières années. 2017 sera parmi les 5 vendanges les plus précoces de l'histoire de l'appellation. De plus, les gelées de printemps moins destructrices qu'en 2016 et des orages de grêle localisés sur l'Aisne font prévoir une production en hausse de 8% par rapport à 2016.
En Beaujolais : Début des vendanges prévu pour le 28 août. Une production en baisse à cause de la sécheresse et de la grêle.
En Alsace : Les pluies de début août ont fait revoir les prévisions à la hausse mais elle reste inférieure de 27% par rapport à 2016 à cause des gelées de printemps. Début des vendanges le 24 août pour le Crémant d'Alsace et 30 août pour les autres appellations.
Dans le Jura : Avec le Bordelais, c'est la région qui a le plus souffert des gelées de fin avril qui ont détruit 50% de la production.
En Val de Loire : La récolte s'annonce précoce avec 15 jours d'avance. En Anjou-Saumur les pertes dues au gel d'avril seraient moins importantes que prévues. Le vignoble est sain et la production est annoncée en hausse de 8% par rapport à 2016.
En Charentes : Les fortes gelées de fin avril sont la cause d'une production estimée en baisse de 30% par rapport à 2016. De plus le climat plus frais et humide de début août a fait apparaître les maladies.
Dans le Bordelais : La végétation est en avance de deux semaines. La production globale a été fortement impactée par le gel de fin avril provoquant une baisse de volume de 50% par rapport à 2016 et de 41% par rapport à la moyenne des cinq dernières années.
En Languedoc-Roussillon : Le climat chaud et sec a accentué la sécheresse, d'où une révision à la baisse du volume de production. Les vendanges ont débuté avec une avance de 10 à 15 jours. L'Aude et l'Hérault ont en plus souffert des gelées de printemps.
Dans le sud-est : Les vendanges ont débuté avec deux semaines d'avance. La sécheresse, la canicule et le vent ont fait baisser les volumes de production déjà impactés par le gel d'avril. Cette baisse devrait se situer autour de 14%.
En ce qui concerne les volumes, nous n'avons pour l'instant qu'une estimation, il faudra attendre la fin des récoltes pour connaître les chiffres exacts. Jérôme Despey, viticulteur et président du Conseil spécialisé des vins de France Agri-Mer est plus pessimiste et craint que la production sera inférieure à 37 millions d'hectolitres. Il évoque une récolte la plus petite depuis 1945 mais du fait de la bonne maturité et du bon état sanitaire des raisins il dit que « 2017 va se démarquer par sa qualité ».