Hier soir, l'émission "Des Paroles et des Actes" était intégralement consacrée à l'après conférence de presse de François Hollande. On a parlé économie, "Pacte de responsabilité", compétitivité, engagements pour l'emploi et indemnisation des chômeurs, on a débattu sur le distinguo sociale-démocratie/libérale-démocratie, reparlé de Léonarda et des roms, évoqué le "style" présidentiel... Et immanquablement, le sujet des aventures privées du chef de l'Etat, révélées par Closer.
Pour clôturer le débat, David Pujadas a sondé ses invité-es sur l'éventuel coût de cette affaire pour Hollande en termes électoraux, s'il devait se représenter en 2017. Alors, Christophe Barbier a expliqué, enfin plutôt déclaré, et avec une certaine insistance, que c'est "l'électorat féminin" qui pourrait le sanctionner.
Mais que sous-entend le directeur de la rédaction de L'Express? Les femmes, dit-il, se souviendront de la "violence qu'il a fait subir plus ou moins involontairement à Valérie Trierweiler". Est-ce à dire qu'il faut que nous, femmes, nous identifions nécessairement à la femme trompée ; que les hommes ne se sentent pas ou moins atteints par cela? Que les femmes seraient plus critiques, par naturelle (?) pudibonderie, à l'égard de l'extra-conjugalité? Que les femmes votent après avoir lu Closer, quand les hommes font le choix d'un-e candidat-e après avoir lu Le Monde ou Les Echos? Qu'elles sont plus préoccupées de vie sentimentale que d'économie, de logement, d'emploi, de diplomatie? Que les femmes élisent leur Président avec tant d'affects qu'elles ont besoin de l'imaginer en "bon conjoint" pour le concevoir en bon Président, qu'elles l'élisent comme elles se choisiraient un "mari"?
Quelle curieuse (et biaisée) vision de l'électorat féminin nous propose là le patron du mag qui titrait en octobre 2012 "Ces femmes qui lui gâchent la vie". Les femmes, décidément, qu'elles se crêpent le chignon autour de lui au lieu de bosser, qu'elles le détournent des vraies affaires et le déconcentrent dans ses fonctions en exerçant leurs charmes ensorcelants sur lui ou bien qu'elles votent avec sentimentalisme, sont décidément un "problème" pour François Hollande, si l'on en croit Barbier...