Faites le test autour de vous : « Tu connais Olympe de Gouges ? »
Le plus souvent :  « Odette de Gougère ?? Connais pas ! »
Dans le meilleur des cas : « Ah ouais, la féministe, là... »

 

L'oeuvre la plus connue d'Olympe de Gouges est incontestablement sa « Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne », destinée à être présentée à l'assemblée Nationale en octobre 1791 et finalement refusée par la Convention. Elle y écrivait notamment : « La Femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune. » Les amis de Robespierre la prirent au mot : ils lui firent couper la tête le 3 novembre 1793. Pour la postérité, elle reste la femme qui a tenté de rendre aux femmes la part d'une Révolution qui leur avait été dérobée. 

 

FEMINISTE, OUI, MAIS DEFENSEURE DE TOUTES LES EGALITES, AVANT TOUT

C'est vrai. Mais c'est réduire Olympe de Gouges à la seule figure de la primo-féministe quand elle était, en réalité, une intellectuelle avant la lettre et une incroyable femme d'action, toute entière dévouée à l'égalité. Celle des hommes et des femmes. Mais aussi celle de tous les humain-es entre eux, quelque fût la couleur de leur peau, l'ampleur de leur fortune, leur âge, leurs capacités physiques...

 

Son premier combat fut contre l'esclavage. Elle ne se fit pas que des amis. Fallait-il être une piètre économiste, voire une dangereuse activiste, pour prétendre charger le coût de la main d'oeuvre. Bientôt, elle se mêla de finances publiques, s'inquiétant de la pauvreté d'un peuple français affamé et suggérant que, pour renflouer l'Etat et redistribuer mieux les richesses, l'on taxe les grandes fortunes et les jeux. Tiens donc... Elle se préoccupa encore de droits d'auteur, désireuse d'offrir aux artistes une juste rémunération de leurs œuvres, trop souvent spoliée par les diffuseurs. Elle s'intéressa aussi au sort des mères (suggérant qu'on offre aux femmes enceintes des lieux propres et sécurisés pour accoucher... bref, des maternités!) et des enfants nés hors mariage (posant la question de la recherche en paternité et des droits patrimoniaux des « bâtards »...).

(Image : Extrait du roman graphique, Olympe de Gouges, Catel & Bocquet, Editions Casterman, 2012)

 

Visionnaire, Olympe. Incroyablement inspirante. Extrêmement pertinente surtout, qui articulait tous ses combats autour d'un seul : la justice.

 

OLYMPE EST SUR LES PLANCHES 

Pour (re)découvrir cette Olympe, il faut filer au Guichet Montparnasse voir la pièce « Olympe de Gouges, porteuse d'espoir ». Incarnée en costume d'époque par la très charismatique Juliette Stevez, elle est une figure aussi passionnée que spontanée, aussi combattive que sensible, aussi énergique que vive d'esprit.
Enthousiaste, courageuse, débordante d'idées, bouillonnante de projets, mais aussi pleine d'humour et parfois fantaisiste. Un peu comme notre meilleure amie, en somme!

(Image : Juliette Stevez, en Olympe d'époque)

 

Dans le spectacle, Olympe existe aussi en figure contemporaine, débarquée du XVIIIè siècle dans l'imaginaire d'un doctorant tourmenté (Ghislain Geiger) en pleine rédaction d'une thèse sur le féminisme. C'est la comédienne Annie Vergne, co-auteure de la pièce, qui joue l'Olympe moderne, déesse espiègle au regard bienveillant, venue faire l'état des lieux de la société actuelle sur tout ce qui lui tenait tant à cœur. Ravie que le divorce soit un droit, le vote des femmes, une réalité. Mais surprise qu'il ait fallu attendre si longtemps après elle pour que ce fût le cas. Déçue que la place des femmes en politique et dans les sphères dirigeantes soit toujours trop exiguë. Un peu triste aussi que l'on ne se souvienne pas de l'immense étendue de son apport à la réflexion sur l'égalité, sur toutes les égalités. Mais heureuse, enfin, de reprendre vie sur scène aujourd'hui comme elle est renée il y a quelques mois à travers une passionnante bande-dessinée de Catel & Bocquet.

(Image : Ghilsain Geiger en doctorant sur le féminisme et Annie Vergne en imaginaire Olympe moderne)

 

Ecoutez, lisez, allez voir Olympe de Gouges, elle a tant de choses à vous dire !

 

Marie Donzel

 

 

Olympe de Gouges, porteuse d'espoir

Une pièce d'Annie Vergne et Clarissa Palmer
Avec Ghislain Geiger, Juliette Stevez et Annie Vergne
Les jeudis et samedi à 19 heures
Jusqu'au 22 décembre 2012 au Guichet Montparnasse

15 rue du Maine
75014 Paris
01 43 27 88 61

 

Olympe de Gouges, le roman graphique

Catel & Bocquet
Editions Casterman