Emma Watson, Beyoncé, Lena Dunham… Oui, c'est glamour d'être féministe!

Whaooooowwww ! Je ne sais pas vous, mais moi j'ai des frissons en écoutant (et réécoutant) le discours que l'actrice Emma Watson a prononcé samedi au siège de l'ONU pour le lancement de la campagne mondiale HeforShe destinée à impliquer les hommes dans le combat pour l'égalité entre les genres.

L'intervention d'Emma Watson dure à peine 12 minutes. 12 minutes et tout y est. 12 minutes d'indispensables vérités sur les inégalités, 12 minutes pour témoigner sans fard de tout ce que le sexisme impacte dans nos vies à toutes et tous, quand il hypersexualise des adolescentes et les prive d'une large part d'enfance, quand il brandit des interdits culturels qui freinent nos élans, quand il gâche nos relations de séduction et fausse la sincérité de nos amours. 12 minutes pour mettre en échec des préjugés tenaces sur un féminisme encore trop souvent "perçu comme une haine des hommes" quand il n'est que l'expression de "la conviction que les hommes et les femmes doivent avoir les mêmes droits et chances" et la volonté d'agir pour en faire une réalité politique, économique et sociale, partout dans le monde. 12 minutes pour affirmer, sans ambages, un "Je suis féministe" et fière de l'être.

 

(Pour une retranscription traduite du discours, rendez-vous sur les Nouvelles News)

 

Au-delà du contenu de ce discours remarquable d'intelligence, de concision et de clarté, il y a dans cette fierté affirmée d'être féministe un signe fort adressé au monde entier, quand c'est une jeune actrice adulée, faisant incessamment la couverture de magazines vendeurs de rêve, qui l'envoie. Quand ce qui est dit, à travers sa prise de parole, c'est que le féminisme fait partie du rêve, que non seulement il ne ternit pas l'image ni ne fait échouer le désir, mais encore et surtout qu'il est un levier de ce désir, un motif même de l'admiration, une raison supplémentaire pour les fans d'adorer leur star.

2014 MTV Video Music Awards - Fixed ShowOui, le féminisme est en train de devenir glamour. Il l'est quand Emma Watson prononce ce discours. Il l'est quand l'irrésistible Lena Dunham, créatrice de la déjantée série Girls au physique "normal" (comprenez : ne taille pas du 36) et assumé (comprenez : se montre nue à l'écran, dans des scènes de sexe, avec de la cellulite sur les cuisses) fait la une de Vogue, quand Beyoncé, qui prête son image à la campagne Ban Bossy, fait éclairer la scène de son mégalo-show d'un "Feminist" en capitales glitter qui met un mot bien plus politique sur l'ambition des femmes que le gentiment guilleret "girl power"...

On peut débattre, au besoin, de ce que certaines de ces stars mettent dans le féminisme et des éventuelles contradictions, parfois, entre leur discours et leurs actes (la polémique sur les photos retouchées de Lena Dunham ou les vifs échanges, il y a un an, entre Miley Cyrus et Sinead O'Connor en témoignent), mais on ne peut que se réjouir de voir ces vedettes sortir le féminisme des seules bibliothèques universitaires et du seul monde associatif. Pas pour substituer à la réflexion intellectuelle poussée et à l'action de terrain un "marketing du féminisme" ou un "féminisme de papier glacé", mais pour participer aussi au féminisme... Et contribuer à en faire ce qu'il doit être : une nécessité, oui, parce que les inégalités femmes-hommes sont encore si criantes qu'elles justifient bien sûr qu'on les dénonce et les combatte, mais aussi un espace de débat de société à part entière et pas seulement une "niche" intellectuelle ou militante à la fin de la file d'attente des sujets d'actualité traités par les médias... Mais enfin et surtout pour faire du féminisme une envie excitante, un puissant désir porteur pour toutes et tous, celui, comme le dit si bien Emma Watson dans son discours, qu'"hommes et femmes puissent se sentir libres d'être sensibles et libres d'être forts."