L'école de Sarkozy creuse les inégalités

 

Ceux que l’éducation intéresse encore dans cette campagne (oui bon d’accord, on a été naïf en pensant que c’en serait un sujet majeur) seront sûrement intéressés par le rapport de la Cour des Comptes que s’est procuré Le Monde et qui plombe encore plus le bilan éducatif du quinquennat.

« L’état donne plus à ceux qui ont déjà plus et moins à ceux qui cumulent tous les risques de réussir moins bien. Un favoritisme qui s’est aggravé ces dernières années », écrit le quotidien.

Inégalité financière : en 2010, l’état a par exemple dépensé 47 % de plus pour un lycéen parisien que pour un banlieusard, 50 % de plus que pour un niçois…

Inégalité humaine : 1000 élèves de plus dans l’académie de Paris et 20 postes sont créés, 3836 élèves de plus dans celle de Créteil et 426 postes sont supprimés…

Inégalité pour l’éducation prioritaire : à Marseille, le nombre d’élèves par prof en ZEP est 4,3 % supérieur à la moyenne académique.

Inégalité de scolarisation : les enfants de moins de 3 ans sont 0,9 % à aller à l’école en Seine Saint-Denis contre 13,4 % en moyenne en France (49 % en Lozère).

Etc…

Le camp Sarkozy a beau jeu de dénoncer à longueur d’intervention « l’égalitarisme » du camp socialiste, usant d’un détournement sémantique visant à décrédibiliser l’idée même d’égalité des chances, pourtant fixée par le Code de l’Education : au vu du rapport de la Cour des Comptes, c’est plutôt d’inégalitarisme avéré de la politique d’éducation actuelle qu’il faut parler.

Sans compter que, si calcul il y a (malheureusement le rapport laisse aussi entrevoir l’inorganisation et le manque cruel de vue d’ensemble et prospective de l’appareil d’état), le calcul est très certainement mauvais : en voulant favoriser les meilleurs, la doxa sarkozyste est persuadée qu’elle va favoriser l’excellence et par ricochet la compétitivité internationale. Or l’OCDE, comparant les résultats et les systèmes scolaires à travers les évaluations PISA (57 pays), a clairement montré que la réduction des inégalités débouche sur des résultats meilleurs pour tous, quand le renforcement des inégalités entraîne tout le système vers le bas. La même OCDE a par ailleurs pointé la France comme l’un des pays où les inégalités se creusent le plus durant la scolarité. CQFD.

Bref, ce rapport (dont les auteurs insistent sur le fait qu’ils ont eu du mal à obtenir les données auprès du Ministère…) tombe mal pour le candidat Sarkozy et vient balayer ses timides tentatives de communication sur le terrain de l’éducation, un domaine où son bilan est déjà très contesté.

Le candidat est une fois de plus discrédité, condamné par l’action du Président.


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