On avait été frappé lors de son discours sur l’éducation le 28 février du peu de cas fait par Nicolas Sarkozy de l’école primaire. Rien ou presque sur le sujet, alors que tout le monde s’accorde à dire que c’est là qu’il faut porter ses efforts, ce qui paraît relever de la plus élémentaire logique : si on veut que la plante pousse, on arrose les racines, il ne suffit pas de lustrer ses feuilles.
L’impasse sur le primaire a été telle que le Président a même oublié (c’était pourtant écrit dans son discours) d'annoncer qu’il gelait les suppressions de poste à l’école maternelle et en élémentaire (hum, les dernières indiscrétions font état du contraire) !
En l’écoutant ce 1er mars à la matinale de France Inter, on a eu la confirmation que pour Nicolas Sarkozy, l’école primaire et ses enseignants constituent la 5ème roue du carrosse. De primaire il ne fut question que deux fois en 40 minutes. Une fois grâce à un auditeur :
AUDITEUR : « Je suis parent d’élève et je viens de vous entendre parler des élèves en difficulté. Il y eu depuis 2007 des suppressions de postes dans les RASED [les Réseaux d’Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté, œuvrant dans les murs de l’école primaire en petits groupes d'élèves], qui proposaient cette aide aux enfants en difficulté, or ces postes sont supprimés, ça n’existe plus, le filet est complètement déchiré. Que proposez-vous en remplacement des RASED ? »
SARKOZY : Je vais vous donner juste un chiffre, Laurent, pour que vous soyez parfaitement informé. L’éducation nationale comptait à la rentrée 2011, 550 000 élèves de moins qu’en 1990. Et pourtant l’éducation nationale comportait 35 000 enseignants en plus. Ce sont les chiffres ».
Vous avez entendu comme moi : quand on lui demande ce qu’il compte faire pour les élèves en difficulté à l'école primaire, Sarkozy répond qu’il y a trop de profs.
Mais le plus étonnant est à venir. Vantant une fois de plus sa mesure phare : « S’agissant du 1 sur 2 [non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite] nous allons le continuer au collège et au lycée, et nous compenserons en proposant aux enseignants de faire 8 heures de plus par semaine, comme leurs collègues du primaire et de la maternelle. En échange de quoi nous les augmenterons de 25% ». (Pour le coût, salé, de cette mesure, voir ici).
Ça n’a choqué que moi ?... Ai-je bien entendu Nicolas Sarkozy proposer aux profs de collège la même obligation de service que les instits pour 25% de salaire en plus ?
Voilà donc comment Sarkozy, non content d’ignorer l’école primaire à longueur de discours et de programme, vient d’établir devant 3 millions d’auditeurs qu’il est normal qu’un instit fasse le même travail qu’un prof de collège en touchant 25% de moins, sans de surcroit avoir accès aux heures supplémentaires défiscalisées.
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