Par moments, je me dis que sans émissions de télévision d’une certaine qualité, je ne pourrais parler sur ce blog que de terrorisme et de burkini… Après la culotte manquante en plateau d’Afida Turner, le fait marquant du jour concerne l’émission-marathon présentée par Cyril Hanouna. Pas l’émission "Touche pas à mon poste" en elle-même, non, mais un incident particulier survenu au cours de ce direct de 35 heures qui voit l’animateur organiser divers jeux destinés à passer de façon spirituelle ce temps téléthoniennement long.
L’une des activités proposées a donc vu M. Hanouna demander à M. Jean-Michel Maire, chroniqueur habituel de l’émission, d’embrasser sur la bouche de façon appuyée une jeune femme supposée figurer Kim Kardashian dans le cadre de la reconstitution du vol aggravé subi à Paris par l’intéressée, la semaine dernière. La figurante ayant détourné la tête, le chroniqueur s’est penché et a embrassé son sein droit.
Cette attitude a immédiatement entraîné de nombreuses réactions d’internautes, certaines dénonçant une agression sexuelle, d’autres affirmant notamment qu’au vu du décolleté qu’elle arborait, la jeune femme l’avait bien cherché.
L’agression sexuelle est prévue par l’article 222-27 du code pénal et n’est définie que par opposition au crime de viol, les actes de pénétration sexuelle étant ainsi opposés aux « autres » agressions sexuelles.
La jurisprudence retient qu’une agression sexuelle est constituée dès lors que sont établis des attouchements ou des caresses de parties du corps de la victime ayant une connotation sexuelle, des frottements d’un sexe sur une partie du corps d’une victime, ou des baisers sur le corps.
En l’occurrence, il s’agit d’un baiser déposé sur le sein d’une femme, directement sur la peau. Il ne fait aucun doute que cet agissement est constitutif de l’élément matériel de l’agression sexuelle.
Par ailleurs, une agression sexuelle ne peut se trouver constituée dans l’hypothèse du consentement de la victime à l’acte concerné. Sur ce point, nous pouvons nous rapprocher d’une partie de la définition du viol qui précise que l’infraction n’est constituée que lorsqu’il y a « violence, menace, contrainte ou surprise ».
Dans le cas qui nous occupe, le chroniqueur s’est tout d’abord approché dans l’intention d’embrasser la jeune femme, prénommée Soraya, sur la bouche, conformément à l’injonction formulée par le maître de cérémonie. Celle-ci avait verbalisé à au moins deux reprises son refus du baiser « un peu long », acceptant éventuellement d’être embrassée sur la joue et détournant la tête dans ce but à l’approche de M. Maire. Celui-ci a alors rapidement baissé la tête et embrassé son sein sans que celle-ci ne puisse réagir. Visiblement, l’élément de surprise prévue par la loi et la jurisprudence est présent. M. Hanouna a alors sommé son chroniqueur de présenter ses excuses à Soraya, qui a pu quitter le plateau où son anatomie avait suscité de nombreuses appréciations d’une finesse comparable à celle d’une andouillette farcie à la crème au beurre et nappée de saindoux.
Il est évident que sa tenue, son décolleté ou ses éventuelles interventions de chirurgie esthétique (j’ai lu ça parmi les commentaires) ne constituent en aucun cas une autorisation pour quiconque à se permettre quelque acte de nature sexuelle que ce soit à son encontre : quand bien même cette jeune femme se fût présentée nue sur le plateau, personne n’aurait pu s’arroger le droit de l’embrasser sur la poitrine sans son consentement.
L’acte qu’elle a subi peut ainsi parfaitement être qualifié d’agression sexuelle, délit sanctionné d’une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. Ce qui fait un peu cher du rire gras.