Episode 2 - Les 10 meilleurs coups de com' politique de l'année 2014 !

En ces temps de marrons glacés et de thés brûlants face à la cheminée, l'heure du bilan a sonné. Pas la peine de tergiverser, vous ne couperez pas -ici non plus- à la sacro-sainte rétrospective de l'année 2014. Haters gonna hate, pas de classement. Juste 10 coups de com' politique qui vous ont exaspérés ou amusés. Vous trouverez les 5 premiers dans le papier précédent. A vous les 5 derniers maintenant !

6Le retour d'Alain Juppé sous les feux des projecteurs médiatiques

Personnalité politique préférée des Français avec 56% de bonnes opinions en décembre et un gain de six points en 12 mois, Alain Juppé a occupé la tête du classement politique toute l’année, à l’exception du mois de février (devancé d’un point par
Ségolène Royal), comme le rappelle la très intéressante étude CSA d'Yves-Marie Cann. Si l'ancien premier ministre termine l'année quasi-stable auprès des sympathisants UMP, il gagne 4 points auprès des sympathisants FN et 7 points auprès des sympathisants de gauche. On le sait sensible aux sondages depuis sa petite larme de joie sur le plateau de l'émission "Des Paroles et Des Actes". Gageons que là, il exulte de bonheur. Pour Alain, c'est un peu Noël avant l'heure.

7Le "kit #repasdefamille" du gouvernement pour les fêtes de fin d'année

"Quand l'actualité nationale arrive sur la table, ne restez pas sans réponse. A chaque fois qu'un sujet est abordé, cliquez sur la case correspondante de notre bingo #RepasDeFamille. Vous accéderez à des informations simples et concises pour casser les idées reçues". Le ton est donné sur le site "Gouvernement.fr". Dans le jargon des communicants, on appelle cela un "kit dîner en ville". Souvent destiné aux salariés dont la profession est décriée, sa recette est toujours la même. Que vous travailliez dans une banque, pour le crédit à la consommation ou -dans ce cas très précis- que vous souteniez le gouvernement contre l'avis de votre Tonton Lulu, vous disposez d'une "base argumentaire" pour "casser les idées reçues". Toujours illustré, parfois même façon BD, le kit permet ainsi de prêcher la bonne parole et de défendre la "maison". Enfin, euh... le "château" !

Capture d’écran - Copyright gouvernement.fr

Capture d’écran - Copyright Gouvernement.fr

8Nicolas Sarkozy et sa stratégie de "co-Président".

Hommage à l'immense Jacques Chancel dans le JT de 20 heures sur France 2, ce 23 décembre. Les témoignages et interventions se succèdent. Dont celle de François Hollande, aussitôt suivie de ... Nicolas Sarkozy ! Lors de sa prise de fonction, il s'était déjà assuré que les médias puissent le filmer raccompagnant ses opposants politiques d'hier sur le perron de l'UMP. Unité, j'écris ton nom. C'est qui le patron ? Sans compter que ces images sont ancrées dans notre mémoire collective : elles évoquent celles des Présidents successifs raccompagnant leurs invités au pied des marches de l'Elysée. Pour Nicolas, ce 24 décembre ne déroge pas à la stratégie mise en place depuis quelques mois. Aujourd'hui, c'est sur sa page Facebook qu'il s'adresse aux Français pour leur souhaiter un "Joyeux Noël". Et demain, une allocution télévisée pour la bonne année ?

9Le courrier envoyé par Manuel Valls aux députés PS la veille du vote sur le programme de stabilité

Effarés d'avoir dû allumer la télévision afin de suivre en direct l'intervention de Manuel Valls détaillant le plan d'économies sans communication préalable, les députés de la majorité ne décoléraient toujours pas fin avril 2014. Pour ne pas avoir à subir les foudres de la majorité exaspérée, le Premier ministre a donc décidé de changer de tactique en leur envoyant un courrier présentant ses "mesures fortes", la veille du vote sur le programme de stabilité. L'objectif était triple : 

1- Faire une opération de com' à destination des députés pour leur donner l'impression qu'ils ont été entendus. Dans les faits, ce "traitement de faveur" est relatif : le service de presse de Manuel Valls ayant transmis cette missive à l'ensemble des médias, les députés sont traités comme les journalistes.

2- Faire de ce courrier une centrale argumentaire. En communication, ce qui importe est toujours écrit car, par définition, "ce qui est écrit reste". C'est donc une manière de s'assurer ainsi que vos éléments de langage soient repris en boucle, sans être déformés, sur les chaînes d'information. Là où une présentation orale aurait pu donner lieu à des fuites.

3- Prendre un temps d'avance sur le débat pour anticiper les critiques. Vos mesures "phares" dévoilées, il ne vous reste plus qu'à attendre qu'elles soient commentées par les commentateurs de tous bords : cela vous donne un temps d'avance pour prendre le pouls de l'opinion, savoir comment elle réagit aux mesures et préparer en amont votre plate-forme argumentaire.

SIOUX, on vous dit.

10L'expression "sans-dents", figure archétypale de la tyrannie des "mots totem" en communication politique

"Rendre publique une expression, délivrée dans un contexte privé, montre à quel point les mots en politique exercent une forme de tyrannie. Ce qui est présenté comme une plaisanterie formulée dans un cadre privé est aujourd'hui interprété comme un énoncé idéologique et publique", rappelle Julien Longhi, maître de conférence à l'Université de Cergy. De l'argumentation logique, nous sommes passés à l'imposition de mots "totem". Or cela n'est pas sans conséquence sur le lien élus-citoyens : "Finie la bataille des idées, aujourd'hui, ce sont les mots qui l'ont emporté. Parfois même, dans une sorte d'anticipation citationnelle, les politiques se servent de ces mots prononcés en discours comme des hastags sur Twitter. Avant les petites phrases étaient citées à partir des discours, aujourd'hui on en arriverait presque à ce qu'un discours soit une somme de petites phrases." Hashtag #SociétéDeCommunication ou la guerre des mots en politique. 

Anne-Claire Ruel

Coup de cœur, coup de gueule, coup de poing, n’hésitez plus : venez débattre et tweeter. Cette page est aussi la vôtre vous vous en doutez. Pour "Fais pas com’ Papa", un seul hashtag : #FPCP et une seule page Facebook : Fais pas com' papa.