Si les français doivent attendre « du sang et des larmes » (Winston Churchill) des réformes à venir et si, comme vient de le rappeler fort opportunément François Hollande, les réformes ne sont jamais indolores, force est de constater que leurs conséquences, souvent traitées en France ces derniers temps avec une négligence passive (Benign Neglect) pourraient conduire à des déficits sans pleurs.
Too big to fail … l’Europe ne pourra pas laisser la France sombrer dans ses déficits
Explication : La France qui compte pour environ 20% du PIB de la zone Euro (19,7% du PIB de la zone euro UE17 en 2012) est en position de « too big to fail ». Situation finalement enviable de celui qui est « trop important pour disparaître », ou dont la chute serait fatale à beaucoup d’autres après lui. Cette seule perspective suffit généralement à déclencher une solidarité spontanée et correctrice. Envisageant une telle hypothèse, la France pourrait fort bien se sentir « un peu moins responsable » de ses déficits publics. Elle imiterait ainsi – par analogie- l’attitude des Etats-Unis.
Comme disent les américains : « le dollar c’est notre monnaie, mais c’est votre problème ».
Ces derniers ont pu laisser filer les déficits de leurs balances des paiements grâce à l’hégémonie du dollar (monnaie internationale durant les changes fixes nés des accords de Bretton Woods, puis monnaie véhiculaire internationale). On se souvient de cette phrase teintée tout à la fois d’ironie et de réalisme : « le dollar c’est notre monnaie, mais c’est votre problème ». On ne sait à qui l’attribuer tant elle a été répétée : John Bowden Connally (secrétaire du Trésor sous Richard Nixon) ou Paul Volker (à la tête de la FED de 1979 à 1987)?
Réformes et réduction des déficits publics : la France entre promesses et négligence passive
En ne parvenant pas à corriger ses déficits, la France, vue d’Europe donne l’impression d’un pays qui fait beaucoup de promesses, prend beaucoup d’engagements de réformes, qui pour l’heure, n’ont pas encore produit leurs effets, soit parce qu’elles sont revues, corrigées, amendées, voire abandonnées, soit parce qu’elles ne sont pas assez cohérentes et crédibles dans le temps (une politique de l’offre sans réduire la dépense n’est pas une politique de l’offre).
Ses voisins –certains plus petits- montrent plus d’empressement à réformer et d’autres, comme l’Allemagne, seront bientôt à l’équilibre budgétaire.
Et si les déficits français …devenaient le problème de l’Europe ?
En annonçant que son déficit public restera supérieur à 3% jusqu’en 2017, la France semble ne plus croire en sa capacité à honorer ses engagements européens et à respecter la barre imposée des 3%. Engagée dans la voie des déficits sans pleurs les français semblent dire à l’Europe « nos déficits pourraient devenir votre problème … »
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