Un rapide calcul fait sur l’indicateur économique phare qu'est le chômage nous donne une première idée. Certes il ne s’agit que d’un éclairage mais il trace déjà des évolutions nées directement de cette nouvelle organisation « possible » des régions.
Pour 7 régions ce sera le statu quo
Lorsque l’on agrège sur les nouvelles régions les données en termes de chômage mesuré par l’INSEE au quatrième trimestre 2013 on note quelques évolutions. Certes pour sept régions cela ne changera rien puisque l’Aquitaine, la Bretagne les Pays de la Loire, la Corse, l’Ile de France, le Nord Pas de Calais et la Provence Alpes Côte d’Azur restent seules.
Pour les 7 autres régions qui gagnera, qui perdra ?
Pour les 7 autres régions restantes, certaines vont pouvoir tirer profit d’une image meilleure en termes de « nouveau chômage régional ». Il en va ainsi de la Lorraine qui va pouvoir afficher un taux 9,78% contre 10,4% au détriment de l’Alsace qui seule, était à seulement 9%.
La situation va aussi profiter à la Picardie (11,16% contre 11,7% seule) mais pas à la Champagne-Ardenne qui était déjà « plombée » par un taux de 10,4%.
Pour la Franche Comté l’avantage de l’union sera limité (9,02% contre 9,2%) comme le sera le « coût » pour la Bourgogne (8,9% à 9,02%).
Dans la nouvelle grande région Normande, c’est la Haute Normandie qui tire son épingle du jeu (10,11% contre 11%) tandis que la basse Normandie y perd avec un taux qui « s’accroît » d’un peu plus d’un point.
Pour le Languedoc-Roussillon l’opération permet de limiter un peu l’affichage d’un chômage important frôlant les 14%, il est désormais de moins de 12%, ce qui pénalise la région Midi-Pyrénées qui partait de 10%.
Enfin restent deux nouvelles régions pour lesquelles rien ne change : le Centre-Poitou Charentes- Limousin à 9,22% de taux de chômage désormais, contre 9,3% à 9% précédemment. Quant à Rhône-Alpes- Auvergne, elles affichaient déjà des taux identiques à 8,6%.
Modification des chiffres affichés du chômage régional, quel impact électoral ?
Reste une grande question à laquelle nous allons devoir réfléchir : quel sera l’impact électoral de ces évolutions sachant que – pour ElectionScope- le taux de chômage régional est un facteur important et pertinent des modèles d’analyse et de prévision des élections. Elections nationales ou locales, la structure de nos modèles est régionale, car c’est la strate la plus efficace et la plus riche en informations.
Découpage pour des régions plus attractives ?
Les régions vertueuses en termes de chômage sauront-elles faire profiter leurs nouvelles partenaires de leur efficacité en les tirant vers le haut? Ou, au contraire des externalités négatives –des effets de débordements- vont-ils s’exercer au détriment de toutes ? Pourra-t-on éviter « le vote avec les pieds » de la part d’entreprises attirées par un environnement proche et plus attrayant. Ce serait dramatiquement contreproductif car cela viderait d’une partie de leurs forces vives, des régions déjà handicapées par un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale.
Enfin, on a souvent observé –comme pour la réunification allemande toutes proportions gardées- que cela prend du temps de « digérer » la fusion. Mais, le gouvernement l’a bien compris, il y a urgence. En effet, les régions vont devoir être de plus en plus attractives dans le contexte de plus en plus compétitif d’Europe des régions.
Un découpage territorial ne fait pas une réforme structurelle
Reste un problème que ne résout pas a priori le nouveau découpage régional. 22 ou 14 régions, qu’importe, pour l’heure, leur poids budgétaire ne dépasse pas 1,5% du PIB national. Nous sommes donc toujours très loin des Länder Allemands ou des régions autonomes Espagnoles. Enfin, si la solution est un accroissement des compétences, il devra s’accompagner d’une refonte totale du maillage territorial et de la fiscalité, mais cela aura nécessairement un coût électoral pour ceux qui oseront lancer ce Big Bang.