Si le 1er mai est le jour idéal pour une démonstration de la puissance syndicale, en 2014 il ne sera pas celui de l’union. Les syndicats marchent en ordre dispersé, le Pacte Hollande-Valls à créé la zizanie entre ceux qui le soutiennent (CFDT, CFTC, Unsa) et ceux qui s’y opposent (CGT, FO, FSU, Solidaires). La mesure de la représentativité syndicale est alors le moyen idéal –et quasi unique- de tester le pouvoir de négociation et de pression des syndicats. En la matière, les voix aux CE (comité d’entreprise) sont le seul indicateur objectif identifié, tel que cela a déjà été démontré (V. Jérôme-Speziari Thèse de Doctorat "Pour une analyse politico-économique du phénomène syndical" Paris I, 1993). Qu’en est-il aujourd’hui ?
Une représentativité mesurée à l’aide des voix aux CE sous la V°
CGT une baisse de représentativité endiguée en 1995 sous le gouvernement d’Alain Juppé
Le déclin de la CGT est continu de 1969 à 1986, avec un plus haut à 46% en 1970. Sous le gouvernement Chirac de cohabitation ( 1986-1988) la CGT retrouve un peu d’audience passant de 25% à 27%. Puis elle replonge à 19,5% à la fin du second septennat de F. Mitterrand. Elle se redressera lors des grandes grèves de 1995 et atteint en 2006 (dernière date connue) 23,5% des voix aux CE.
La CFDT autour de 20% en moyenne
A 19% en 1970 elle est à 20% en 2006. Ses principales phases de hausses –limitées néanmoins- furent au début du premier septennat de F Mitterrand, et surtout sous L. Jospin en cohabitation de 1997 à 2002.
FO décolle sous François Mitterrand
Partant de 7% en 1970, en 2006 elle a presque multiplié son score par deux à 13% des voix. Elle a véritablement « décoller » lors de la montée d’audience des syndicats dits "réformistes" (Fo, CFTC et CGC) sous le premier septennat de F Mitterrand de 1981 à 1986.
Quant aux « autres syndicats », ils partent de 5% en 1988 et représentent 9% en 2006, dépassant ainsi la CGC et la Cftc.
Les non-syndiqués : mano à mano avec la CGT
Groupe hétérogène, mais significatif de l’expression soit, d’un rejet de l’offre syndicale jugée pas assez large, soit d’une volonté d’un dialogue avec le patronat. Le poids des non-syndiqués est de 20% en 1969, et 22% en 2006.
Cette évolution longue masque le fait que de 1990 à 2000 ils furent « le premier syndicat de France » atteignant jusqu’à 30% des voix au CE en 1993 loin devant la Cfdt à 20,8% et la CGT à 19,7%.
Les statistiques ne sont plus diffusées depuis 2008, pour cause de loi sur la représentativité syndicale, car les élections sont désormais "productrices de droits". Normalement une publication étaiat prévue au printemps 2013, mais il n’en est rien. Seules les données concernant les TPE (très petites entreprises) ont publiées en 2012.
L’image du Free rider ou le paradoxe de Mancur Olson
Nous sommes dans un brouillard statistique depuis 2006, ce qui a pour conséquence plus grave encore d’interdire toute mesure objective de la réelle représentativité syndicale en France. Or, c’est un point fondamental quand on sait qu’en France l’adhésion au syndicat, n’est pas une condition indispensable pour profiter du fruit des négociations entre partenaires sociaux . C’est ce que l’on illustre en économie avec l’image du free rider (opportuniste ou "passager clandestin") c'est-à-dire celui qui profite – sans nuire- de conséquences qu’il n’a pas provoquées, un "parasite positif" ou commensal (pour les biologistes). Ce point est central pour expliquer le peu d’enthousiasme à adhérer aux syndicats en France.
Les syndicats contre pouvoir ?
On a pour habitude de penser que les syndicats sont plus forts sous un gouvernement de droite, car ils exercent un véritable contre-pouvoir politique, et ils ont, a priori, plus de "retenue" sous un gouvernement de gauche. Cela semble - être en partie seulement- encore le cas aujourd’hui, en atteste la désunion syndicale . Mais la politique sociale-libérale de Manuel Valls pourrait bien finir par favoriser une nouvelle fronde ... syndicale cette fois-ci .