Popularité des Présidents sous la Ve République : quelques enseignements de la courbe des satisfaits

crédits photo: Eric Feferberg/ AFP - francetvinfo.

 

1/ Près de 3 français sur 4 satisfaits de Charles de Gaulle

En février, puis à nouveau en mai 1960 74% des français interrogés se disent satisfaits de Charles de Gaulle, et seuls 17% resp. 18% sont mécontents. Depuis lors plus aucun Président ne sera capable d’établir un tel record et de dépasser les 70%.

 

2/ De 1958 à 1984 : lent déclin de la popularité, l’amplitude est de 46% !

La courbe va durablement s’orienter à la baisse de 1958 à décembre 1984, pour atteindre un des points bas avec 28% de satisfaits de François Mitterrand. C’est la fin de l’union de la gauche, les communistes ne sont plus au gouvernement, les municipales de 1983 furent un échec, comme le seront les Européennes de 1984 et les cantonales de 1985.

 

3/ Une popularité instable marquée par une courbe en W

Suivra une courbe en W comme disent les chartistes de mi-1986 à 1998. Elle atteste du caractère instable de la popularité. C’est une période particulière, marquée par la première cohabitation– Jacques Chirac est nommé le 20 mars 1986-. En mars 1991, on observera une brève remontée de 47% à 56% mais dès le mois d’avril la popularité présidentielle retombera à 47%. Puis viendra la seconde cohabitation pour François Mitterrand, qui nomme Edouard Balladur, Premier ministre à l’issue de la sanglante défaite socialiste aux législatives de mars 1993.

Paradoxalement, c’est plutôt au sein même de la majorité présidentielle que naîtront les conflits. C’est aussi l’annonce d’une autre cohabitation.

4/ L’ère Chirac : une cohabitation qui ne semble pas affecter la popularité présidentielle

Partant de 59% en mai 1995, l’état de grâce fait long feu, en août le Président a déjà perdu 20 points. A partir de juillet 1998, la courbe des satisfaits de Jacques Chirac repasse durablement au-dessus des 50% (on parlera d'effet Coupe du Monde, mais cela reste réducteur), et cela durera jusqu’à janvier 2004. Seules petites exceptions, à 49% lors de la présidentielle de mai 2002, puis en octobre et novembre 2003.

5/ La décennie 2004-2014, une nouvelle courbe en W avant l’amorce d’un « plongeon »

La crise financière internationale de 2008 en affaiblissant l’économie française et en soulignant les limites de l’efficacité des mesures de politique économique va impacter la popularité de Nicolas Sarkozy. La courbe passera sous la barre des 50% puis, sous le seuil de long terme 43,8% (correspond à "l'ère des crises" 1974-2014). Le sortant perd la présidentielle de 2012. Mais pour François Hollande l’état de grâce sera très court, partant de 61% de satisfaits en mai 2012 il ne sera plus qu’à 43% en septembre 2012.

6/ Seulement 2 français sur 10 satisfaits du Président

Depuis c’est une lente « descente aux enfers ». On croyait le record atteint en novembre 2013 et février 2014, lorsque le Président ne récoltait plus que 20% de satisfaits. Le remaniement gouvernemental et le changement de Premier ministre, n’ont pas suffit à effacer les traces du vote sanction des dernières municipales. Avril 2014, François Hollande vient de battre son propre record avec 18% de satisfaits.

Alors, finalement Manuel Valls sera-t-il le « pompier » de la popularité de François Hollande ?

Pour l’heure, rien n’est moins sûr. Il faudrait que le Premier ministre soit populaire dans la durée. Or, pour cela il n’y a qu’un seul « remède » la crédibilité et la cohérence temporelle de la politique économique comme disent les économistes. Ce qui signifie qu’il ne suffit pas de promettre, encore faut-il pouvoir tenir. C’est-à-dire être en mesure d’afficher  résultats économiques rapides et visibles, conformes aux annonces.

Données Ifop. Graphique et seuils par ElectionScope

Données Ifop. Graphique et seuils par ElectionScope

 

N’entretiens pas l’espoir de ce qui ne peut être espéré ! (Pythagore).

Les français ne se satisferont pas d’effets d’annonce, d’une communication politique –certes bien huilée - mais qui ne saurait suffire. Pire, elle pourrait même être « contre productive ». A faire de très  belles promesses, qu’on sait difficiles à atteindre, le risque est grand de générer une déception plus forte encore. La séquence sur l'inversion de la courbe du chômage en atteste.

En ce qui concerne le déficit public, tous les français sont d’accord sur le principe de le voir baisser, restent les modalités... Un déficit public sous les 3% en 2015 promettent Michel Sapin et Manuel Valls, mais quels sont les résultats passés qui pourraient rendre cette annonce crédible ? N'est-ce pas plus de 100 milliards d'euros qu'il faut trouver au lieu des 50 milliards annoncés?