C'est vrai que le travail de certains professionnels de la santé est réputé difficile. Et notamment celui du psychologue qu'on pense souvent être un métier "moralement éprouvant", car "écouter tous les jours les difficultés des autres, ben ça doit pas être facile" (sic).
Bon, il faut d'abord savoir que les psychologues ne font pas tous la même chose. Sur les 40 000 psychologues en exercice sur le territoire, environ 80% travaillent en équipe :
- 50% dans les hôpitaux, pour l’Education Nationale, dans la fonction publique territoriale, le domaine judiciaire, la police ou l'armée,
- et environ 30% sont salariés du secteur associatif conventionné (dont le secteur du handicap).
Les 20% restant se divisent entre des psychologues ayant une activité dans le secteur privé des entreprises, et ceux ayant un statut professionnel libéral exerçant de façon indépendante dans un cabinet. Cette dernière partie de l'activité est donc très minoritaire (environ 10%) et pourtant c'est l'image populaire de la profession (l'exercice en libéral est d'ailleurs assez difficile, c'est peut-être aussi pour cela que peu de professionnels se lancent dans l'aventure). Source SFP 2005
Lorsque le psychologue est en poste dans une institution et qu'il travaille en équipe, il doit en plus gérer ce fonctionnement institutionnel : le rapport avec la direction et les collègues deviennent souvent plus compliqués à appréhender que la relation avec les patients ou les usagers eux-mêmes.
Dans mon cas personnel, j'interviens beaucoup auprès de personnes atteintes de troubles du développement, comme l'autisme. J'ai des confrères pour qui ce type d'accompagnement est beaucoup trop difficile, alors que pour moi, c'est une bonne source d'épanouissement.
Mais j'ai également une autre activité. J'interviens dans un service d'aide à des victimes d'infractions pénales (agressions, viols, accidents de la route, etc.) ou à des personnes confrontées au suicide de proches.
Nous sommes 6 psychologues à travailler dans ce service, épaulés par des juristes et des assistantes sociales. Nous intervenons uniquement dans un département d'Ile-de-France.
Entre le 1er et le 15 septembre 2015, nous avons été sollicités pour intervenir auprès de 8 victimes de violences conjugales dont une avec persécution, 2 victimes de vol avec violence, 7 victimes d'agressions physiques, 3 victimes de viol, 1 victime de vol à main armée, 5 victimes d'agressions sexuelles dont une sur mineur, et une dont l'auteur est...un professionnel de santé, 5 victimes d'accidents de la voie publiques dont un mortel.
Au cours de ces 15 premiers jours de rentrée, nous sommes également intervenus auprès de 3 familles suite à un meurtre, une tentative d'homicide et un suicide.
Voilà une pratique qui pour moi est éprouvante.