Votre psychothérapeute pourrait-il être un imposteur ?

Confidences trop intimes, P. Leconte (2003)

Au Luxembourg, une loi devrait prochainement être votée afin de mieux réglementer la pratique de la psychothérapie. L’occasion de faire un point sur l’usage actuel du titre de psychothérapeute au Luxembourg, mais surtout en France.

La situation actuelle en France

En France, ce n'est que depuis 2012 que l’usage du titre de psychothérapeute est protégé. Auparavant, aucun diplôme ni formation ou expérience n'étaient exigés, et n’importe qui pouvait exercer légalement en tant que psychothérapeute. Il existe désormais un registre professionnel des psychothérapeutes agréés qui permet donc aux patients de mieux s’y retrouver.

Actuellement, les psychologues et les psychiatres peuvent, de part leur formation initiale, bénéficier du tire de psychothérapeute sur simple demande auprès de l'agence régionale de santé (Décret n° 2012-695 du 7 mai 2012). Concernant les psychanalystes, il doivent justifier d'une formation supplémentaire pour utiliser le titre de psychothérapeute, sauf bien sûr s'ils sont également psychologues ou médecins psychiatres (200 heures de formation exigée en psychopathologie clinique ainsi que 2 mois de stage).
Rappelons qu'en France, le titre de psychanalyste ne bénéficie d'aucun encadrement légal, contrairement à toutes les autres professions en santé mentale (en comparaison, le titre de psychologue est reconnu et protégé par l'Etat depuis 1985). Cela signifie qu'en France, n'importe qui peut légalement exercer en tant que psychanalyste sans diplôme, ni formation, ni expériences spécifiques. Les patients peuvent néanmoins trouver un professionnel dont le nom est enregistré dans les annuaires des associations de psychanalystes.

Psychothérapie et législation au Luxembourg

Encore aujourd’hui au Luxembourg, n’importe qui peut exercer en tant que psychothérapeute, quelle que soit sa formation ou son expérience. Légalement, aucune diplôme particulier n'est exigé. Comme en France avant 2012, l'éthique professionnelle de chaque psychothérapeute n’a donc pour seule légitimité que sa bonne foi. Avec la diversité des thérapies existantes, autant dire que le patient n’est pas toujours assuré de bénéficier d’une prise en charge de qualité.

Le cas particulier de la psychanalyse

Par rapport à la législation française actuelle, la loi qui devrait être prochainement votée au Luxembourg risque d'être plus contraignante pour les psychanalystes. La loi dit en effet que seuls les médecins et les psychologues pourront avoir accès aux trois années de formation nécessaires pour obtenir le titre de psychothérapeute. Cela veut dire que les psychanalystes ne pourront plus être considérés comme des psychothérapeutes, sans une formation universitaire de psychologue ou de médecin.

L'évaluation des psychothérapies

La législation ne règle pas tout. On compte en effet plus d’une centaine de types de psychothérapies différentes, la majorité d'entre elles ne bénéficient d’aucune preuve de leur efficacité, et elles continuent pourtant à être pratiquées allègrement. Peut-être qu'un jour la réglementation sur les pratiques en psychothérapie prendra en compte également l'évaluation de leur efficacité, de la même façon que sont évalués les traitements médicaux. Qui d’entre vous serait en effet prêt à prendre un médicament dont l’efficacité n’aurait été soumise à aucune évaluation ?
L'évaluation des psychothérapies est loin d'être aisée. Néanmoins, en 2004, l'INSERM a rendu un rapport allant dans ce sens en proposant une évaluation de trois approches thérapeutiques différentes (psychanalytiques, cognitivo-comportementale, et familiale et de couple).