Littéralement, « child free » veut dire « libre d’enfant » en anglais. Cette expression est utilisée dans les pays anglo-saxons pour désigner les personnes qui revendiquent leur souhait de ne pas être parent. En France, on utilise surtout l’appellation « No Kid », popularisée notamment grâce au livre « No Kid, où les 40 raisons de ne pas avoir d’enfants » de Corinne Maier, paru en 2007.
Dans son dernier bulletin d’information, l’institut national d’études démographiques (INED) révèle qu’en France le nombre de personnes à vouloir rester sans enfants est minoritaire et n’a d'ailleurs pas augmenté depuis 20 ans. Ce sont surtout les personnes qui ne sont pas en couple qui déclarent ne pas vouloir d’enfant : 6,3% des hommes et 4,3% des femmes, parmi lesquelles ce sont les plus diplômées qui déclarent le plus souvent vouloir rester sans enfants. "Elles sont plus que les autres inscrites dans des parcours de vie sortant des schémas traditionnels de socialisation assignés aux femmes ", analysent Charlotte Debest et Magali Mazuy, les auteurs de l'étude. Les raisons les plus fréquemment avancées pour justifier cette infécondité volontaire sont la liberté et l’épanouissement personnel.
Alors qu’aux Etats-Unis ce mode de vie est plutôt bien accepté socialement, en France ceux qui ne veulent pas d’enfants ont encore du mal à ne pas se justifier ou à ne pas inventer d’excuses. Toujours selon les auteurs de l’étude de l’INED, « L'arrivée d'un premier enfant fait encore partie du parcours conjugal attendu, l'absence d'enfant pouvant renvoyer à un dysfonctionnement ». La famille est en effet une valeur très importante en France, et ceux qui ne veulent pas être parent s’exposent à une certaine pression sociale :
« Alors c'est pour quand ? », « Ça va venir, tu verras », « Tu as peut-être juste besoin de mûrir encore un peu pour pouvoir assumer une maternité avec bonheur », « Tu le regretteras plus tard », « Tu ne te sentiras pas une femme épanouie », « Tu devrais avoir honte de ne pas donner cette chance à un petit être », etc.
C’est surtout les couples qui sont montrés du doigt et qui suscitent l’incompréhension. Les femmes en souffrent d’autant plus qu’elle restent fortement associées aux tâches maternelles, alors qu’elles ont pourtant largement investi le monde du travail. Selon l’auteur du livre « No Kid », « on subit un discours dominant sur les joies de la maternité. (…). Si on ne le tient pas, on est nihiliste, monstrueux. Ses réticences, on ne peut pas les dire. Déclarer qu'on aurait une vie plus agréable sans enfants, ça choque beaucoup ».
Alors pour mieux se faire entendre, les « No Kid » revendiquent parfois sur la défensive leur désir d’infécondité :
- « Je n'aime pas les enfants, et je ne trouve pas les bébés mignons, même que je trouve ça laid ».
- « On n’est pas que des animaux programmés pour perpétuer l'espèce ».
- « Se reproduire est à la portée du premier crétin venu, en revanche, donner une bonne éducation à ses enfants n'est pas à la portée de tout le monde »
- « Certains font des enfants pour eux-mêmes, de façon très égoïste. »
- « Dormir une nuit complète, faire la grasse matinée, improviser une soirée entre potes, visiter une expo ou un musée, voyager ailleurs que vers des destinations stupides où il y a mer et clubs pour enfants, … autant de plaisirs auxquels l’arrivée d’un bébé vous fait renoncer pour un bon moment ! ».
- « J’admets qu’avoir un mioche doit sans doute procurer quelques satisfactions. Si par malheur je devais avoir un fils, je lui tondrais les cheveux et le nourrirais un jour sur deux. Je pourrais alors certainement tirer de son apparence de cancéreux tous les avantages sociaux que procure une bonne pitié ».
Mais tous ceux qui ne souhaitent pas avoir d’enfants ne tiennent pas des propos aussi radicaux. Le site Childfree.fr, s’est d’ailleurs donné pour objectif de mieux faire accepter les « No Kid » dans la société. Car « la non-parentalité n'est pas l'expression d'une névrose ou d'une immaturité ; au contraire, il s'agit d'une décision complexe dont les avantages sont sensés dépasser le coût de la non-conformité sociale » (Corinne Maier).