Même si les critiques à l’égard de la théorie psychanalytique ont toujours existé, on observe plus particulièrement depuis une vingtaine d’années un acharnement médiatique sur l’histoire de Freud et de la psychanalyse. Exemples :
- Le livre noir de la psychanalyse, dir. Catherine Meyer ;
- Freud sous coke, David Cohen ;
- Le crépuscule d’une idole, Michel Onfray ;
- La psychanalyse, cette imposture, Pierre debray-Ritzen ;
- Sigmund est fou et Freud à tout faux, René Pommier ;
- ou encore, le désaveu récent de la psychanalyse par la Haute autorité de santé dans le traitement de l’autisme.
Le récent livre de Goce Smilevski, « La liste de Freud » n’échappe pas à cette tendance. En juin 1938, Freud quitte l’Autriche pour l’Angleterre afin d’échapper aux Nazis. Il est autorisé à emmener seize personnes avec lui. Il choisira entre autres son médecin, ses domestiques, son chien, mais pas ses sœurs qui seront déportées. Voilà de quoi alimenter les polémiques. Pour annoncer la sortie du bouquin, Le Huffington Post titre même : « comment Sigmund Freud a sacrifié ses soeurs aux Nazis ». La parution du livre surfe donc sur la tendance « Freud est un salaud », de quoi garantir un franc succès.
En réalité, les circonstances du départ de Freud pour Londres et de l’adieu à ses sœurs restent inconnues. Et cette scène de départ n’apparaît que dans les premières pages du livre qui se focalise ensuite principalement sur Adolphine, l’une des sœurs de Freud. La question des motivations de Freud à fuir Viennes sans ses sœurs reste donc ouverte et n’est pas le sujet du livre.
Alors oui, vouloir la peau de Freud et de la psychanalyse est vendeur. Pourtant, la France reste l’un des seuls pays au monde où les établissements de santé mentale accordent encore une place majoritaire et prestigieuse aux théories freudiennes. On peut déplorer que la littérature offrant un regard critique sur la théorie freudienne soit encore si éloignée des pratiques thérapeutiques en France. Gardons espoir, les thérapies psychanalytiques finiront bien par laisser une place à d’autres pratiques moins arrogantes et surtout plus utiles aux personnes en souffrance.