Un article scientifique publié en juillet 2012 dans la revue Journal of Sensory Studies révèle que la perception du goût d’un chocolat chaud est améliorée si celui-ci est servi dans une tasse de couleur orange. Cette recherche vient enrichir des résultats plus anciens allant dans le même sens : les attributs physiques d’un contenant alimentaire influencent notre perception du goût et des odeurs.
Les auteurs n’expliquent pas pourquoi ils observent cet effet de la couleur sur la perception. Le processus explicatif est pourtant bien connu en psychologie : les différents éléments sensoriels d’un événement ne peuvent être isolés de façon indépendante et sont au contraire intégrés simultanément par l’individu. Par exemple, si l’on vous frappe régulièrement avec un bâton rouge vif, il y a de fortes chances que, par association, cette couleur finisse à elle seule par provoquer chez vous une réaction émotionnelle désagréable (la force de cette association étant différente selon chaque personne). La perception des cinq sens, et en particulier du goût et de l’odorat est donc grandement déterminée par le vécu de la personne. Ainsi, la connotation émotionnelle d’une couleur est donc prise en compte dans l’évaluation gustative de l’aliment associé.
Les auteurs de cette étude ne proposent donc pas d’explication théorique à leurs résultats, et se contentent d’évoquer des applications pratiques dans le domaine de la gastronomie : leur étude pourrait ainsi motiver les restaurateurs et industriels à mieux prendre en considération la couleur des emballages de leurs produits et leurs effets sur la perception du goût des plats qu’ils vendent au consommateur.
Les agences publicitaires n’ont bien sûr pas attendu la publication de ces travaux pour considérer l’importance du packaging. Ils évaluent depuis longtemps le « potentiel attractif » de leur produit en fonction du contenant.
Ce processus psychologique a néanmoins ses limites : l’odeur d’un excrément canin suscitera à peu près autant de dégoût quelle que soit la couleur de son contenant. Donc même si les emballages alimentaires ont un impact sur nos comportements, les industriels devront toujours faire un effort sur la qualité du contenu, même si, parfois, nous avons quand même l’impression qu'ils nous font « manger de la merde ».