Le déficit public a dérapé! il faut d'urgence économiser 8 milliards d'euros! Puisque le nouveau ministre de l'économie cherche des idées d'économies dans tous les secteurs, réalisables rapidement et facilement, voici quelques suggestions immédiates.
1Renoncer à la candidature aux jeux olympiques 2024
C'est ce qui devrait être le plus évident. Les Jeux Olympiques sont une ruine pour tous les pays qui décident de les héberger. En matière de grands projets publics, ce sont ceux qui génèrent le plus de surcoûts par rapport au budget prévisionnel : 156% en moyenne. Leurs bénéfices, quant à eux, sont systématiquement surévalués (une règle de base en la matière est de diviser les bénéfices prévus par les organisateurs par trois pour avoir une idée réaliste). Bref c'est un gaspillage invraisemblable d'argent public à un moment où il faut faire des économies. Continuer de vouloir organiser les JO tout en prétendant faire des économies, c'est se comporter comme un alcoolique dont le caddie de supermarché est rempli d'alcool mais qui déclare "demain, j'arrête". Ce n'est pas crédible.
Un petit calcul rapide : le budget prévisionnel des JO est d'environ 6 milliards d'euros. Si l'on applique le taux habituel de surcoût (156%) cela nous amène aux environs de 15 milliards d'euros de dépense probable (ne croyons pas que nous serons bien meilleurs que les japonais, qui avaient prévu un budget de 7 milliards de dollars et en sont déjà à 12 pour les JO 2020). Il faut évidemment appliquer cette dépense sur les 7 prochaines années, d'ici 2024 : on se retrouve pas loin de 2 milliards d'économies par an. Voilà un bon début!
2Légaliser le cannabis
Autre source de financement public : la légalisation du cannabis. Le chiffre d'affaires du trafic est de l'ordre de 2 milliards d'euros par an en France. La pénalisation ne fonctionne pas, et consomme des ressources publiques considérables, de l'ordre de 500 millions d'euros par an (justice, police, prisons, etc). Le tout pour une efficacité ridicule : la France est l'un des pays européens détenant les records de consommation de cannabis, en particulier chez les jeunes, tout en étant l'un des pays les plus restrictifs d'Europe.
Légaliser le cannabis permettrait à l'Etat de récupérer, sous forme de recettes fiscales, l'essentiel du gain actuellement capté par les trafiquants. Entre cela et les économies réalisées sur la répression c'est environ 1,5 milliards d'euros par an qui pourraient entrer dans les caisses de l'Etat. Ajoutons qu'au moment ou l'on annonce la hausse du prix des cigarettes, ce qui risque de rendre la vie des buralistes difficile, la vente de cannabis légal permettrait de maintenir l'activité de ces commerces de proximité. Et voici 1,5 milliards d'euros supplémentaires.
3Mettre fin à l'opération Sentinelle
Depuis les attentats de 1995, le plan Vigipirate puis l'opération Sentinelle, consistant à déployer des militaires dans les rues et les lieux publics, a coûté 700 millions d'euros. Ce coût est même monté à un million d'euros par jour avec les déploiements qui ont suivi l'attentat de Charlie Hebdo. Encore maintenant il est d'environ 170 millions d'euros par an.
Pour quelle efficacité? Il y a de bonnes raisons de penser que les militaires servent plus de cibles pour les terroristes que de protection pour les citoyens. L'opération Sentinelle use les armées, empêche les militaires de se former, ou de mener leurs autres missions. Elle est devenue un piège dont on ne sort pas, au même titre que l'Etat d'urgence permanent. Le courage politique, dans ces conditions, serait d'expliquer aux citoyens que cette opération est coûteuse, nuisible et inutile : et d'y mettre fin.
4Vendre des plaques d'immatriculation personnalisées
Encore une source d'argent facile : les plaques d'immatriculation personnalisées. Tout le monde n'a pas forcément envie d'avoir une voiture immatriculée BOGOSSDU69 ou autre idée de bon goût, mais c'est une offre de niche qui a ses adeptes. En Belgique, de telles plaques personnalisées vendues 1000 € l'unité ont rapporté quelques 22 millions d'euros, avant la malencontreuse idée du gouvernement d'en doubler le prix. Cela montre qu'il y a là un potentiel de gain pour les finances publiques qui sans être mirobolant, est à la fois facile à obtenir et pourrait faire plaisir aux français.
5Supprimer les pièces de un et deux centimes d'euros
On peut rapidement revenir sur cette idée déjà exposée ici. Supprimer ces pièces serait bénéfique pour l'environnement qui n'a pas besoin de ces tonnes de cuivre dispersées dans la nature, dont le coût est élevé, pour un bénéfice nul. Il suffit d'appliquer quand on paie en liquide un arrondi légal aux 5 centimes les plus proches pour que personne ne soit perdant et éviter les arrondis systématiques vers le haut de la part des commerçants. De nombreux pays européens ont déjà renoncé à ces petites pièces, dont l'Irlande il y a deux ans. Là aussi, les gains potentiels sont proches de la dizaine de millions d'euros annuels pour les finances publiques.
6Ne rêvons pas...
Toutes ces mesures ont deux points communs. Le premier, c'est leur grande facilité d'exécution. Pas besoin de plan complexe, de processus douloureux, pour les mettre en place. Il n'y a qu'à décider de les mettre en place, il est même probable qu'aucune d'entre elles n'entrainerait de grande opposition de la population. Mais l'autre point commun, c'est qu'il est probable qu'aucune d'entre elles ne sera entreprise au cours des cinq prochaines années. Pourquoi? parce qu'elles ne sont pas dans la "fenêtre d'Overton", elles sont considérées comme en dehors du débat politique "sérieux". Résultat, le gouvernement se retrouve à renoncer à appliquer le programme sur lequel le président a été élu. Les mauvaises langues diront que tout cela était cousu de fil blanc dès le départ, qu'on ne cherchait qu'une raison pour cet abandon.
Mais cela rappelle une règle universelle du discours de politique économique : tout le monde se fiche de la dette publique. Le premier ministre peut nous infliger le pensum habituel sur la dette qui ruine nos enfants et anéantit notre souveraineté : la dette ne sera que le prétexte pour appliquer des politiques déjà décidées préalablement. La ficelle est grosse, mais plus c'est gros, plus ça passe.