Par ces temps difficiles, trouver des moyens d'apporter des ressources aux finances publiques, de faire des économies budgétaires, de stimuler l'activité économique, devrait être une priorité. Mais il y a toujours des idées que l'on ne prendra même pas le temps de considérer, parce qu'elles sont considérées comme farfelues, ou inacceptables. C'est dommage : on perd ainsi des occasions d'améliorer les choses et on se limite aux options qui ne fonctionnent pas. Voici quelques exemples de ces idées que l'on n'appliquera jamais :
supprimer les pièces de un et deux centimes d'euros, comme (bientôt) les belges
On en a déjà parlé sur ce blog : supprimer les pièces de un et deux centimes d'euro serait bon pour les finances publiques, bon pour l'environnement, bon pour l'économie nationale. Les finlandais et les hollandais l'avaient déjà fait; ce sont maintenant les belges qui vont s'y mettre. 120 pièces de un et deux centimes par habitant, qui disparaissent dans des tirelires, cela coûte cher et ne sert à rien.
Il suffit de procéder de la façon suivante (imposée par la loi) : les prix des produits n'ont pas à être modifiés. En cas de paiement par chèque ou carte bancaire, le prix payé n'est pas changé. En cas de paiement en espèce, on prend le montant global à payer et on arrondit les centimes (un prix terminant par 1, 2, 6, 7 est arrondi à l'inférieur, 3, 4, 8, 9 au supérieur). Des montants de 50,83 et 50,87 seraient ainsi tous deux arrondis à 50,85€.
Vendre des permis de séjour, comme Malte
Pour attirer les investisseurs, ou les personnes qualifiées et fortunées, certains pays offrent des avantages particulier pour le séjour, voire même l'acquisition de la nationalité. En Grèce, on obtient un permis de séjour de 6 ans en achetant une propriété d'une valeur minimale de 250 000 euros. Le Portugal octroie la nationalité à toute personne achetant une résidence d'un prix de 500 000 euros et la conservant au moins 6 ans. Un étranger qui investit au minimum un million de livres dans une entreprise britannique, et qui réside dans le pays la moitié du temps pendant 5 ans, peut au bout de cinq ans devenir résident permanent.
Malte vient de casser le marché en vendant directement le passeport national à toute personne payant 650 000 euros. Après une brève enquête pour vérifier qu'il ne s'agit ni d'un terroriste, ni de blanchiment d'argent, la personne obtient directement un passeport, même si elle n'avait jamais auparavant mis un pied à Malte.
En l'absence de coordination européenne, cela risque d'entraîner une concurrence par le bas entre pays cherchant à attirer de riches russes ou chinois. Ensuite, ces personnes ont accès à tous les pays de l'Union Européenne. Cela risquerait de menacer l'idée de libre circulation en Europe. Mais une solution existe : celle qui consiste à créer des permis de séjour temporaires susceptibles d'être commercialisés, pour réguler les flux migratoires.
Légaliser le cannabis, comme l'Uruguay
Mardi soir, l'Uruguay est devenue le premier pays du monde à légaliser l'usage et la production de cannabis à fins "récréatives". L'occasion de rappeler à quel point le débat français sur le cannabis est déconnecté de la réalité. Alors que la prohibition n'empêche pas la consommation de prospérer, ni la production locale, au point que les pays européens sont pratiquement devenus autosuffisants (ce qui pourrait signifier que la France est le premier pays consommateur et producteur en Europe...) on continue de pratiquer des discours lénifiants "la drogue c'est mal" sans se préoccuper des modèles étrangers.
Or il n'y a pas besoin d'aller chercher très loin pour trouver des exemples qui, sans aller jusqu'à la légalisation à la mode Uruguayenne, ont connu des succès éclatants. La décriminalisation de la consommation de drogue au Portugal, par exemple, est un succès considérable. Meilleure prise en compte des toxicomanes, réduction des trafics, redéploiement des forces de l'ordre qui peuvent se consacrer à d'autres problèmes de sécurité, selon tous les indicateurs, cette réforme a fonctionné.
On pourrait discuter l'opportunité de chacune de ces idées, mais c'est justement ce qui est notable : la discussion n'aura probablement jamais lieu. Les vrais sujets, c'est bon pour les étrangers.